Il n'est pas besoin de faire croire qu'un mystérieux cerveau électronique situé dans un big data center ferait fonctionner des algorithmes pour gérer notre « rapport au monde » à la manière d'un Big Brother reconvoqué, celui de 1984 ayant été inspiré à George Orwell par le régime de Staline (Le Monde 2013/11/02, Surveiller les algorithmes)
Il est possible en effet d'expliquer techniquement les motifs et intentions de conception de ces algorithmes dont on provoque l'application lorsqu’on retire de l'argent, fait une recherche sur Google, passe un péage d’autoroute, consulte sa banque, achète sur l' e-commerce etc.
On peut d’ailleurs à cette occasion donner de préférence plus ou moins d’informations sur ses activités. Il n'y a que la police et la sécurité sociale à qui nous sommes obligés de donner un maximum d'informations sur notre identité.
Avant les algorithmes, c’étaient des agents humains et leurs règles qui décidaient de notre rapport au monde. Ces règles sont maintenant intégrées par des programmes utilisant des algorithmes dans une perspective de plus grande ampleur et de plus grande efficacité, la logique en plus, l'affectif en moins.
Il n’empêche que ces algorithmes peuvent être implacables au point d'être bornés, si une situation nouvelle survient, ou proliférants, si on lui fournit beaucoup (trop) d'informations sur soi.
Si vous vous intéressez à un sujet sur Google, vous allez recevoir des tas de pubs pendant un certain temps sur le même sujet. Si vous achetez de la musique ou un livre, il va vous être proposé d'autres livres ou musiques qui pourraient vous intéresser. Ce qui peut-être pris aussi bien positivement que négativement.
Plus vous fréquentez un site et plus il sera tenu compte de vos caractéristiques jusqu’à mémoriser vos coordonnées. Sauf si vous cochez les cases adéquates indiquant que vous ne le souhaitez pas. Mais on dit que rien ne se perd sur le net. On dit aussi que le support est fragile au point que toute donnée serait vouée à la disparation dans la décade.
Surveiller ou se méfier des algorithmes n'est pas si différent de se méfier de la stratégie marketing du conseiller de banque ou d'assurances, de l’idéologie de qui a rédigé tel ou tel manuel ou de l'habileté du publicitaire qui cherche à vous fourguer un produit.
Désormais, il n’est pas illégitime
de faire davantage confiance aux robots plutôt qu'aux humains (trop
affectifs et inconstants) pour organiser beaucoup d’éléments
réguliers du quotidien.
Sauf à parfois devoir affronter le blocage avec un
robot en faisant intervenir un humain. Alors envoyer un mail,
téléphoner, écrire au service pour résoudre un problème ou
réclamer la fin d'une prestation.
Bien sûr, ces algorithmes sont en voie constante d'élaboration, soit en accompagnant soit en générant de nouvelles activités humaines.
Bien sûr, on attend des Etats à travers leurs agences spécialisées, comme la CNIL en France, de contrôler leur périmètre d'intervention.
Ceci posé, vivre sous le régime des algorithmes n'est pas pire qu'avoir dû vivre sous le régime de fichage de Napoléon III, et moins dramatique assurément que sous la « surveillance » de tous les régimes dictatoriaux d’aujourd’hui et de naguère.
Même largement mieux, car si l'on est attentif on peut réduire l'impact de ces algorithmes à la mesure de ce dont on a utilité. Et cependant profiter de l'immense service qu’ils nous rendent dans des quantités de démarches de la vie courante, matérielle, culturelle, éducative, de loisir et de plaisir...
4/11/2013 tous droits réservés / texte reproductible sur demande / m.à j. 12/11/2013