C'est une question qu'on peut se poser face à un récent sondage indiquant que seulement 39% des Français ont une opinion positive de l'Europe. Surtout si on retient qu'alors 61% des Français sont plus ou moins des eurosceptiques, même s'ils le sont pour des raisons différentes.
Considérons la part non négligeable d'entre eux qui exprime l'opinion qui existe de par le monde depuis tout temps, tendant à se méfier de l'étranger et, par suite, à préférer resté replié sur son pays, (quand ce n'est pas son village ou son comté) plutôt que de s'ouvrir au monde extérieur. C'est une tendance qui recrute hélas dans les couches les moins éduquées et qui normalement s'efface plus ou moins en fonction du niveau d'éducation. C'est un constat émis sans arrogance ni animosité, et avec regret.
Une autre part d'entre les
eurosceptiques reproche à l'Europe son libéralisme économique.
A
part qu'il y a en réalité peu d’endroits sur terre où le
libéralisme est plus régulé qu'ici en Europe (sauf à citer
Cuba ou la Corée du Nord), il faut mettre en avant le libéralisme
politique de l'Europe. En précisant que beaucoup de pays sont bien
plus régis par le libéralisme économique tout en l'étant bien peu par le libéralisme politique (la Chine par exemple).
En tout cas le
libéralisme politique de l’Europe est supérieur à celui de
France, pourtant patrie des droits de l'homme, dans ses lois autant
que dans les options politiques prônées par la plupart des
partis.
Ce libéralisme, c'est la défense des droits humains, des
minorités, c'est l'acquis démocratique par les élections. C'est
l'accueil des étrangers, alors même que la demande d'entrée est
considérable. C'est la possibilité pour tout condamné de recourir
in fine à la Cour européenne des droits de l’homme. C'est
l'avancée sur les moeurs que la Russie officielle par exemple voit
comme une décadence. C'est le choix du droit contre la force, de la
négociation et du compromis plutôt que du conflit et de la guerre
etc.
Du coup, l'Europe reproche à la France l'état de ses
prisons ou la lenteur de sa justice, met en cause le niveau de
pollution de ses villes...
Ce libéralisme-là construit peu à
peu un modèle européen qui au mieux est mal perçu par l’opinion
française ou hélas est rejeté par elle.
D'autant que ce modèle
continue de se développer en une sorte de préfiguration de la
mondialisation politique. Concept que les Français ne
semblent pas percevoir car ils sont à la fois obnubilés par la
critique de la mondialisation économique et entièrement occupés
par leur horizon national.
Ainsi, si l'on considère que ce modèle européen est d'une certaine façon un modèle avancé de civilisation (il y en a d'autres, portés par le Canada, le Brésil...) on peut conclure que l'Europe est trop civilisée pour les Français, sauf que ces derniers n'en ont pas la moindre conscience !
24/5/2014 tous droits réservés / texte reproductible sur demande / m.à j. 24/5/2014