Urgence de la langue
ou
Quand
on a commencé à pratiquer la nouvelle orthographe, c’est
difficile de revenir en arrière !
Notes de la présentation de 2 Romans, le 17/12/2020, à la Librairie libres champs Paris 6e
Merci d’être venus, merci Léa de m’accueillir pour la présentation de 2 livres que je publie chez Books on Demand.
Nouvelles du passé (BoD) est bien un roman, ce ne sont pas des nouvelles. Un roman qui donne des nouvelles du passé. Pas un roman au sens de romancer, je ne crois pas avoir romancé des souvenirs du passé. D’ailleurs je me sens davantage écrivain que romancier. Je mets beaucoup d’ambition dans le roman qui doit inventer un monde, et même inventer le monde
Et Osons libérer le français (BoD) que j’appelle « roman sur la langue », car ce n’est ni un essai ni un texte théorique. C’est un roman, sur le mode de « et si... », comme disent les enfants. Et si le français faisait sa révolution, si on modernisait le français. Et si on ouvrait notre langue aux logiques contemporaines. Et si on provoquait un nouvel intérêt pour le français…
Et pourquoi est-ce que je publie ces deux livres en même temp ? Outre que je les ai écrits tous les 2 dans une grande liberté, ils ont une même énergie romanesque. Le second s’est écrit sur l’élan narratif du 1er, soit avec une tendance à partir vers la fiction...
A la fin de l’autre siècle, j’ai publié dans Le Monde une tribune intitulée Libérons la langue français, c’était au retour d‘un séjour en Argentine où j’avais pu constater avec désagrément que si les générations 40/60 ans étaient plus ou moins francophones, la jeune génération n’apprenait plus le français, une langue qui n’était plus à la mode, surtout qui était trop compliquée. Ce que je comprenais comme inutilement compliquée.
L’idée développée dans cette tribune, c’était que défendre la langue dans toutes ses subtilités ne suffisait plus à la défendre. Que continuer de la défendre c’était même la couler. Qu’il fallait au contraire la défendre activement en révisant ses règles les plus compliquées. En l’occurrence je proposais d’appliquer les rectifications de l’orthographe de 1990 et rajoutais quelques propositions supplémentaires.
A la suite de cette tribune j’avais été invité à une émission télévision et le présentateur m’avait demandé si j’utilisais ces nouvelles règles dans mes romans. J’avais répondu non, que ce n’était pas possible. D’ailleurs les rectifications de l’orthographe ne sont toujours pas appliquées dans l’édition, même si elles sont selon l’éducation nationale l’orthographe de référence. Certes elles ne sont pas obligatoires mais en option comme on peut le voir dans les dictionnaires qui indiquent les deux formes.
Cette question m’est restée dans la tête et j’ai petit à petit appliqué cette nouvelle orthographe, toujours en prévenant le lecteur (l’auteur utilise la nouvelle orthographe). D’abord sur mon site web, puis dans mes romans et notamment dans le précédent L’Insatisfaction. Par exemple par stricte logique je supprimais les s au singulier. Il en est résulté que des lecteurs m’ont dit : très bien ce roman mais il manque des lettres ! Le bon vieu temp
Avouer que quand on a commencé à appliquer la nouvelle orthographe, c’est difficile de revenir en arrière, j’ai donc fait le même choix pour Nouvelles du passé d’utiliser la nouvelle orthographe, et là il m’a paru opportun d’en expliquer les raisons dans Osons…) ;
Revenir à Nouvelles du passé. Comment ça s’est passé ? J’étais sur un projet de roman qui ne me plaisait pas. Un jour j’ai retrouvé un petit fichier nommé Nouvelles du passé que j’avais extrait d’un gros fichier qui lui s’appelait Nouvelles du présent. C’était un fichier d’une page et demie, en fait des nuages de mots sur des souvenirs d’enfance. Et puis une première phrase a surgi de je ne sais où : « Elle m’avait dit qu’elle me quitterait si je faisais ce voyage ».
Ensuite l’écriture a développé le roman, ce qui reste mystérieux autant que magique. A ce moment, je ne savais pas ce que serait ce roman ni son développement ni sa structure ni sa fin.
Le « voyage », c’était un retour vers l’enfance et un voyage photographique.
Le petite histoire du livre : Lors d’une soirée le narrateur rencontre chez une amie proche la meilleure amie de celle-ci qui est photographe et qui lui propose de le photographier. Le narrateur lui suggère d’aller faire ces photos sur les lieux de son enfance.
C’est un roman qui ne traite pas d’une histoire lourde mais raconte beaucoup de petites histoires lourdes, et aussi légères. J’ai beaucoup étiré le temp. Le narrateur s‘invente une grand-mère née au 19e, parlant un patois du 18e qui meurt dans les années 1970… La question d’être natif ou native digitale traverse le livre… Bon je laisse au plaisir de lire celui de la découverte. Je peux dire qu’il a une double fin.
Je me suis lancé dans Osons au début 2019 après avoir écrit différents textes d’intervention depuis les années 2000. Une Obsession ? Plutôt un engagement militant. On ne peut pas dire qu’il y a une urgence de la langue comme on dit l’urgence climatique ou l’urgence sociale. Mais il y en a une
Le français est de plus en plus envahi par des mots anglais, ce qui ne serait pas si grave si on les intégrait vite, par exemple écrire la blockchaine avec un e à la fin.
En revanche que les nouveaux concepts se créent désormais en anglais et plus en français est embêtant. C’est la marque d’une langue morte de ne plus créer de concepts. Une explication est le refus académique du néologisme. Pourtant le français est capable d’inventer.
La grande création en français des ces dernières années c’est la féminisation des noms de fonctions qui a fini par s’imposer malgré l’actuel secrétaire perpétuel de l’académie qui refuse de se faire appeler madame la secrétaire perpétuelle (cf. Madame la présidente de la commission européenne)...
Autre danger qu’encourt le français, la baisse du niveau de l’orthographe à l’école, tout le monde fait des fautes. Selon moi la raison n’est pas une baisse du niveau général mais le fait que l’orthographe académique relève de logiques anciennes qui n’ont plus cours dans nos vies, elle ne prend pas en compte les logiques contemporaines, A l’école quelle orthographe est enseignée l’académique ou celles des rectifications ? Pas sûr que la pratique des dictées quotidiennes ne provoquera pas une mise en cause de la bonne ortho (Quelque temps)...
Une
mère: sa fille qui met des s partout. Si on lit un
texte censé avoir zéro fautes,
en réalité on peut le
voir plein de fautes,
des e au masculin, dortoir réfectoire, le s de un porte-avion, ou le
x de un sèche-cheveu(x),
ronds-points… Se sont vu.es, parlé, regardés, souri,
embrassés dans la même
phrase. Des
aberrations logiques qu’on ne peut pas imposer
aux
enfants
de Calcutta,
de
Californie,
du Cap ou des quartiers
nourris au numérique !
Je propose des règles générales, sans exception, le e et le non e, la visibilité féminine par le e, le s au pluriel et le non s, les couleurs, l’impératif...
Osons c’est oser, Oser : Le pluriel = singulier + s en fin de mot. animals, un des enjeux nationals, envoyés specials suppression du X. Et accord avec avoir Voltaire/ Marot/ Malherbe .Le casse-tête français. Règles qui disparaissent à l’oral et qui n’ont jamais été pratiquées à l’oral dans les classes défavorisées.
Propositions des Enseignants belges spectacle Arnaud Hoedt et Jérôme Piron. accord toujours avec être et jamais avec avoir. Conséquences sur verbes pronominaux, se succédées.
L’écriture inclusive, à alléger avec un point de moins, les humain.es.
Fin de la notion de faute au profit de l’erreur d’information.
La nouvelle orthographe devrait déclencher un nouvel intérêt pour le français, retour du français en Europe et faire en sorte que les africains ne se tournent pas vers l’anglais…
J’ai un point commun avec les défenseurs de la langue, c’est que je veux la défendre dans son existence de langue vivante.