1-09 // 2-08 // 1-08 // 2-07 // 1-07 // BLOG COMP'ACT 06
Ce pourrait illustrer la difficulté de prévoir mais aussi l'ampleur de l'incertitude sur ce qui se passera.
Deux figures en effet s'opposent sous-jacentes à tous discours, la
première développée par ceux qui pensent inévitable la catastrophe pour
l'humanité, et la seconde par ceux qui imaginent que dans les dix à
trente ans à venir il se passera des choses formidables!
Deux visions qui séparent radicalement ceux qui pensent que le mal est
fait, qu'il est même irréversible, et ceux qui entrevoient des
possibilités jusqu'alors inédites de vivre sur Terre.
Pour le romancier N. Fargues, «parler d'amour avec des mots justes
passe non pas par le cerveau, mais par l'estomac », ce dont
il semble être fier.
On voit mal pourtant comment cela pourrait être possible, sauf à s'en
remettre à la percussion corporelle, en vogue par les temps qui courent!
Il s'agit en l'occurrence d'une référence à une formule codée et
persistante selon quoi le cerveau c'est froid, guère humain, tandis que
l'estomac serait plus chaleureux, voire plus naturel.
Les penseurs grecs pensaient en effet que le lieu des émotions et de la
vie était le coeur, mais l'on sait bien maintenant que c'est le
cerveau, sans que cela enlève du "coeur" -qui lui est un muscle- aux
émotions plus ou moins chaudes ou froides, en tout cas neuronales.
Les anciens penseurs encore croyaient voir des canaux sur Mars en l'observant attentivement...
Regarder ces jours-ci les images de la planète rouge (sombre) envoyées
pas Phoenix provoque quelques effrois... Le sol y est désert et aride
et rocailleux, à ressembler à s'y méprendre à des coins de la Terre.
Mars inhabitée et inhospitalière, déjà nouvelle frontière pour
l'humain, deviendra-t-elle vraiment une "terre" de conquête? Sauf coup
des dieux, les singes que les russes prévoient d'y expédier en un
premier temps plutôt que des humains -voyages trop longs, trop
dangereux- ne devraient pas s'y établir durablement...
Le passé simple comme temps de narration révèle désormais une
conformité au modèle du roman formaté. C'est même lui qui donne la
couleur de ce roman standard, qui en est une sorte d'attestation.
Ceci pouvant aller jusqu'à l'obsession, en témoigne cette phrase
trouvée dans l'un d'eux : «Je pris son verre et le lui jeta à la
figure».
A la manière des enfants du primaire qui, pour rendre les histoires
plus vraies, utilisent le passé simple en conjuguant tous les verbes en
a !
Au fond ce n'est pas que ce monde ait perdu ses valeurs ou ses repères
(anciens il faut le préciser), il a surtout perdu pas mal de ses
certitudes (souvent imbéciles) à mesure que se se sont développées -et
se développent- nos connaissances autant que la prise de conscience qui
normalement va avec.
Le développement des unes et de l'autre pouvant d'ailleurs provoquer le désarroi.
Un projet de réforme de la langue préconise un changement dans
l'orthographe... Non il ne s'agit pas du français mais de la langue
portugaise, environ 2.000 mots sur les 110.000 de son
vocabulaire devraient prendre la graphie brésilienne, en réalité
il s'agit de rendre l'orthographe plus proche de la façon dont les mots
sont prononcés, en supprimant les consonnes silencieuses...
Comment un peuple entier a-t-il pu être manipulé à ce point, pour en
arriver à considérer comme normal le fait d'écrire ce qui ne se
prononce pas ?
Cette fois le propos concerne le français, c'est un lanceur de tracts
assez caustique (Louis Rougnon-Glasson, sur alfograf.net) qui m'envoie
cette réflexion.
Et que penser du fait qu'on persiste à trouver ça normal d'écrire des
lettres mortes, et qu'on continue de l'imposer à nos enfants tout
en se désolant que le niveau de l'orthographe baisse?
Une nouvelle étude dénonce une dégradation accélérée des connaissances
en orthographe, à quoi je joins ma propre découverte, sur une copie
d'élève de collège, de trois lignes d'appréciation d'un professeur -
bon et sérieux professeur- avec trois fautes de « non
accord » d'un participe passé, d'un verbe à la 3ème personne du
pluriel et d'un adjectif.
J'oppose en général à cette dégradation la pratique de logiques
contemporaines qui se trouvent bien plus sophistiquées que les
logiques, s'il y en a, qui président aux règles historiques de
l'orthographe.
Mais il faut aussi rapprocher de cette dite dégradation l'usage de plus
en plus courant des langues étrangères et notamment de l'anglais dont
les règles d'accord (rare ou inexistant) sont fort différentes de
celles du français.
Dans les deux cas, ces règles n'ont en fait aucune raison d'être considérées comme immuables.
On ne sait pourquoi le journal Le Monde s'est lancé dans l'édition de
livres sur de grands philosophes, seul le service marketing pourrait le
dire.
Néanmoins voir l'un de ces livres, le PASCAL par exemple, trônant sur
un présentoir au-dessus de la caisse enregistreuse du loto et autres
jeux français a quelque chose de vraiment estomaquant.
Mais aussi d'assez rassurant. Car finalement cela signifie que la culture se répand et arrive là où elle manque!
Le recours à la fiction pour Petit homme chéri, tant il semble
impossible désormais de se représenter précisément la réalité de ce
temps de la guerre 1914-18.
Pour Le Pont d'Algeciras, tant il est difficile de formuler le temps de
ce début du XXIe siècle, quand même on le vivrait sans résistance, le
plus souvent formulé par des mots d'un temps ancien...
Comme si je m'étais réconcilié avec l'idée du roman, Le pont
d'Algeciras, contrairement à mes autres livres, porte sur sa couverture
la mention roman.
En fait je n'ai jamais aimé l'idée du roman que le romancier romance.
Dès mes débuts d'écrivain je lui ai préféré la fiction construisant
chaque fois un monde qui d'une certaine façon n'existait pas avant elle.
Cependant, le roman désignait à l'origine ces récits qui ne s'écrivaient plus en latin mais en langue romane.
Or je n'écris plus vraiment le français classique, j'écris de plus en
plus un français inspiré par la langue vivante d'aujourdhui...
Sans doute ce qui peu à peu m'a réconcilié avec l'idée du roman qui
invente un monde, n'existant pas avant lui, écrit dans une langue qui
n'existait pas davantage avant non plus!
Ce qui marque de plus en plus le flux médiatique présent, c'est que toujours la parole conservatrice passe et se répand.
Presque jamais en effet ne s'entend la parole audacieuse, moderne, nouvelle, inventive, créative.
Qui par exemple se réjouit du dernier lancement d'un engin à
destination de la station spatiale internationale? Qui met en avant
qu'un pour cent de la richesse mondiale permettrait de faire face aux
causes humaines du changement climatique? Qui s'étonne de la constante
augmentation de l'espérance de vie? Qui pointe la précision croissante
de nos connaissances transformant notre vision au point de ne plus
être en mesure de les comparer à celles du passé?...
Sûrement pas les multiples chroniqueurs de presse ou de radio,
culturelle ou pas, qui mettent en garde, préviennent, rejettent,
récusent, annoncent mille dangers, dépeignent de façon négative et
souvent fausse, jouent de la démagogie, recherchant par là une opinion
générale toute prête à marcher.
Il y a là une forme de cynisme, souvent celui de gens bien en place qui
regrettent un supposé bonheur élitiste de leur jeunesse, ou celui de
leurs benjamins répétant ce qu'ils croient être la bonne parole, allez
savoir pourquoi!
La fiction salvatrice, au sens terrien. Ou, comment ouvrir une voie possible entre, d'une part:
l'intégrisme fondamentaliste, plus ou moins radical mais de plus en plus présent dans toutes les cultures.
Et d'autre part : la vision ravageuse de la manipulation partout, celle
paranoïaque du complot ou encore celle abusive de l'orwellisme.
Hommage à Robbe-Grillet, membre original de l'académie française qui
n'a pas voulu revêtir le curieux accoutrement de rigueur, en tout cas
de type théâtre ancien, qui a surtout refusé de porter l'épée dit des
académiciens.
Il faudrait leur dire aux académiciens, qu'ils arrivent à le
comprendre, c'est vrai qu'à une époque ça se faisait de porter l'épée
au sortir de chez soi, mais bon aujourd'hui, à part quelques uns qui
s'équipent d'une arme ou d'une autre, les gens pour aller à l'extérieur
se munissent généralement de leur téléphone, de sorte de communiquer
avec le monde...
Doux salut à Diderot alors que se construit toujours davantage, et sans
limite prévisible, l'encyclopédie wikipédia qui est en soi un hommage à
celle de Diderot. Ne serait-ce que parce qu'il avait dû batailler ferme
pour l'imposer.
Il faut dire qu'il avait le projet de «changer la façon commune de penser».
Ce pourquoi il inventera un système de renvois – avant curseur des
liens de l'hypertexte- qui selon Diderot «opposeront les notions,
feront contraster les principes... ébranleront secrètement les opinions
ridicules qu'on n'oserait insulter ouvertement».
De plus pour se jouer de la censure et de la répression -sans y
parvenir toujours- Diderot insérait des ajouts discrets dans tel ou tel
article orthodoxe, c'est à dire ceux qui s'accordaient aux croyances
officielles...
Qué placer!
Ne pas croire ses petites impressions, l'année la plus chaude depuis un
siècle aura été 1998, juste devant 2007. En tout
cas plus chaudes ces deux années que 2003 avec son hyper canicule,
plus que 2006 avec ses 3 phases caniculaires!
Enfin pour ce qui concerne le monde entier, parce que 2007 se
situe en France métropolitaine au neuvième rang des années les plus
chaudes depuis 1900, à égalité avec l'année 1989...
Bien sûr, au-delà d'un siècle en arrière, on ne saurait pas dire. Pas
de bonnes données, le quasi silence, même si les calottes glaciaires
ont apporté quelques indications, on est comme des ignorants face à
quelque chose qui a disparu.
Les présentateurs TV eux ont dit que ça prouvait bien que le climat se réchauffait.
Les gouvernements ont tendance à réglementer certaines pratiques des
peuples pour les sauver de leurs propres excès. Ici c'est le tabac,
interdit dans les lieux publics. Encore que la rue, lieu public par
excellence, est devenue l'endroit où les gens fument.
Et ailleurs?
Pour le tabac, même interdiction en Turquie, pourtant pays grand
fumeur, et cela viendra sûrement un jour au Tadjikistan où pour
l'instant il s'agit de restreindre l'ampleur des festivités pour
lesquelles les familles se ruinent littéralement. Parfois pour la vie
entière, parfois sans parvenir à rembourser.
Ainsi lors des mariages, seules 4 voitures sont désormais autorisées
pour constituer le convoi de la « future », il ne doit pas y
avoir plus de 150 noceurs à qui seulement deux plats chauds seront
servis, les festivités étant limitées à 3 heures. Le tout sous peine de
forte amende.
Id pour les enterrements, pas plus de 80 participants. Id pour les fêtes de circoncision, un maximum de 60 invités...
La population est divisée. Pour les uns, cela va éviter que tout soit
focalisé sur ces cérémonies. Pour les autres, c'est tout simplement une
grave atteinte aux traditions.
Que penser d'un intellectuel qui publie dans Le Monde des plaisanteries
de fin de diner: «le tout-à-l'ego»? Que penser du même R. Debray qui
écrit en allure de cliché que notre civilisation est sans doute la
première à refuser de se laisser interroger par la mort? Rien.
Sauf à souligner qu'elle est en effet la première à accroitre
l'espérance de vie de façon plus que significative, la prem à avoir
fait reculer la mortalité infantile et celles des mères, à faire
baisser le nombre des victimes en général, des guerres, des maladies,
des routes, des crimes, et à se questionner sur la fin de vie,
l'euthanasie etc.
La première surtout à avoir pu concevoir que des humains pouvaient
mourir hors de la terre, comme les astronautes de Columbia.
Nouveau cri d'alarme lancé dans la presse à propos de la langue
française, de moins en moins utilisée à Bruxelles et en Europe, hélas
simple lamentation!
On peut en effet défendre le français et son (bon) usage par tous les
moyens, mais pour que cette langue revienne au premier plan ou qu'elle
garde un rôle d'importance il faut la libérer des règles obsolètes
autant que contraire aux logiques contemporaines qui la brident. Et lui
insuffler une capacité d'invention pour exprimer le temps que nous
vivons, notamment en accueillant le néologisme toujours suspecté dans
la pratique classique...
La rendre ainsi attractive pour les enfants et les étrangers (et pas pour la seule académie).
S’inquiéter en ce que s’authentifie le discours érigé en constat
suprême selon quoi notre monde a perdu ses valeurs et ses repères, et
bien plus encore que le progrès aurait apporté plus de méfaits que de
bienfaits (voir Edgar Morin).
S’inquiéter parce que ce discours-là est justement le moteur du
développement des intégrismes allant des islamistes radicaux aux
extrémistes de droite. Si en effet notre monde est pire qu'avant les
découvertes scientifiques, plus déboussolé qu'antérieurement aux
connaissances contemporaines, s'il a perdu ses valeurs et ses repères
et tout, et s’il n’a en rien créé des valeurs nouvelles, alors autant
revenir à ce qui existait avant, aux valeurs ancestrales qui n’étaient
pourtant pas toutes d’ouverture, de justice et de respect,
convenons-en !
Sûrement pas d’égalité, ni de diffusion du savoir, de liberté
d’expression, de pluralisme et de parité et encore moins de
reconnaissance des droits des minorités. Ni même toujours de solidarité…
Julien Gracq, hier quasi inconnu du grand public et très peu lu du
public des lecteurs, devenu selon les titres de presse « Géant des
lettres françaises » et « Dernier grand écrivain
français »... Qualifié dans toutes les dépêches d'auteur
secret retiré du monde littéraire, peu sensible aux honneurs
etc... en des termes à peu près identiques à ceux utilisés à la mort de
Maurice Blanchot...
Les Assouline et autres portevoix officiels de la banque centrale
(alias Gallimard) ont larmoyé sur le fait que, refusé par cette maison
d'édition, Julien Gracq avait dû se publier chez un éditeur marginal,
du coup à ce jour toujours pas accessible en poche, donc absent des
fameux linéaires des chaines de magasin, bien que publié vivant dans la
collection Porsche de Gallimard...
Et, avec justesse, même si c'est comique, ont apologisé son livre
brûlot, sur le milieu littéraire, de cette fameuse phrase selon quoi il
n'a pas pris une ride.
Finalement ont paru éprouvé sincèrement de l'admiration pour celui qui
a refusé les prix, et le Goncourt en particulier, après quoi eux ne
cessent de courir...
Mieux vaut pour Gracq être mort que les entendre!
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