Jean Pierre Ceton
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Juin à Décembre 2008

Vent d'optimisme chez les conservateurs de la langue, le français ne serait plus menacé, ce serait plutôt l'anglais, car il y a la francophonie et son multiculturalisme.
Outre que la société américaine est tout à fait multiculturelle, on dirait que ces gens ne voient rien dans les rues des villes ou sur les routes de France, qu'ils ne lisent ou n'entendent plus. Les boutiques à enseigne en anglais se multiplient et les mots anglais se font de plus en plus voyants dans les textes ou les conversations.
L'embêtant est que ces mots correspondent à de nouveaux concepts, et que ces nouveaux concepts ne s'écrivent pas en français. Or une langue vivante est une langue qui crée et formule du concept.

L'affaire de l'ancien directeur du journal Libération, cueilli chez lui au petit matin pour être amené devant un juge, est une bonne opportunité de rappeler que cette procédure est courante, qu'elle peut nous tomber dessus n'importe quand, comme cela arrive quotidiennement à des gens qui souvent ne sont pas plus coupables que ce monsieur. Elle est acompagnée de pratiques plutôt brutales, même si elles sont légales, en l'occurrence marquées suite à  l'arrestation par le menottage puis le déshabillage suivi de l'ordre de tousser trois fois...
Bonne occasion oui de prendre conscience que la France conserve dans ses rapports civils des méthodes de type militaire qui ne vont pas du tout avec son orientation démocratique. Le pire est que ces méthodes se retrouvent à des degrés divers dans toute la vie sociale. De la justice à l'entreprise et au monde du travail, en passant par l'ensemble des administrations.
En fait il faudrait se mettre à démilitariser notre société.

La crise on y est, le pessimisme des industriels, des ménages, tout est au plus bas, il faut dire qu'on avait préparé le terrain, qui? Je ne sais pas, je ne crois pas aux chefs de complot, mais de la crise on en parle depuis au moins dix ans et même avant.
Ainsi écrivant le texte « Libérons la langue française » (1998) je le commençais, certes avec un peu d'humour, par un 
« Est-ce bien le moment de parler de cela, en pleine période de crise? ».
Parmi les raisons de pessimisme, il y a celle principale de Claude Levi-Straus qui regrette que la population mondiale soit passée des 2,5 milliards de son temps à 6,5 et bientôt aux 9 milliards prévus actuellement.
Il y aussi la question écologique qui selon certains écarte le futur mais à trop dire qu'on en a plus que pour dix ans tous les dix ans on casse le moral sans rien changer...
Il y aussi cette fracture mondiale, et parfois intérieure à chacun, entre les forces qui poussent à vivre les transformations du monde et celles qui veulent que le monde perdure comme il l'aurait toujours fait même si c'est une vue de l'esprit myope. 
Le monde a en effet toujours changé, seule la vitesse de modification a spectaculairement mué à échelle de vie humaine.

Dans la série des « y a plus », notre monde selon le sociologue E. Enriquez serait devenu progressivement "sans transgressions". Ceci rapporté par un chroniqueur qui en fournit la raison: « il n'y a plus ni idéaux ni surmois collectifs forts ». C'est en réalité une figure de discours en deux temps: 1/ maintenant il n'y a plus 2/ jadis il y avait... une conscience collective, rajoute en l'occurrence ce chroniqueur. 
On ne saurait dire si elle a jamais existé, cette conscience, peut-être en début de guerre 14 quand la population était apparemment consentante. D'ailleurs rien ne prouve qu'elle n'existe pas aujourdhui si l'on considère l'accord majoritaire sur bon nombre de questions morales, le refus de l'esclavage ou de la guerre, l'adhésion à l'égalité ou au savoir... 
Il ne faut pas chercher de transgression là où elle a déjà eu lieu mais plutôt dans des domaines où on ne la voit pas. 
Ainsi en est-il aujourd'hui du dépassement de la distance et de la durée, et peut-être demain de la vitesse de la lumière. 
La transgression est surtout à chercher là où justement beaucoup la refusent, par exemple à travers l'accroissement du champ du numérique, la transformation de la langue en un outil de pensée et de communication logique, ou encore la sortie de l'humain du stade très in-humain de l'histoire.

En pleine crise financière internationale, dont il faut souligner la vitesse d'apparition, la soudaineté de son développement, la force de sa tourmente et puis l'annonce de sa transformation en crise économique, mais aussi déjà sa relégation au troisième titre des infos... Survient donc en deuxième titre une nouvelle géniale, l'envoi de la navette Endeavour et son arrimage spectaculaire à l 'ISS pour en doubler la capacité. 
Station spatiale internationale oui, quasiment commune aux terriens, entreprise vraiment plus intéressante que les envois perso d'engins sur la lune par la Chine et puis l'Inde. 
Nouvelle géniale, car proprement stupéfiante, que les humains s'installent avec constance une base avant dans l'espace pour s'élancer vers de nouvelles aventures c'est sûr!

Selon les croyances les plus habituelles, le dernier paradis sur Terre, c'est la vie sauvage, la nature non humaine. Là où l'homme ne serait pas encore intervenu ou bien ne s'y serait comporté que comme un animal parmi d'autres...
Curieux de penser que selon les mêmes clichés la vraie liberté, ce serait celle de l'homme qui vit dans le désert, isolé, loin et démuni de tout!

Ce qui peut sauver un peu les pauvres gens du Congo Est, que des images soient de plus en plus diffusées sur les télés et sur le net, et de plus en plus d'images qui montrent. 
Elles ne vont pas arrêter hélas, mais freiner tout de même, la bêtise guerrière. Sans elles... 
Au Rwanda, au pire des moments, il n'y avait pas de diffusion d'images. 
Et pas d'images du tout en 1942...

Une amie me dit: ce que j'ai compris de toi, c'est que tu penses que le passé était pire que maintenant, ou alors qu'il y a aujourdhui des choses qui sont mieux...
Je le perçois immédiatement comme réducteur de ce que j'écris. Sans doute oui je suis plus intéressé par l'époque présente que par le passé, et encore plus par ce qui apparait en devenir dans tous domaines... Sûr que je me passionne pour le stade numérique et pour l'accroissement des possibilités en général...
Tout de même ce qui m'intéresse dans mon entreprise d'écriture, c'est l'avancée mentale. Oui je m'attache à ce que ma langue d'écriture soit porteuse des données nouvelles de vie autant qu'elle traduise le développement mental de l'humain.
En cela je cherche à accroitre le mental dans la vie plutôt que le contraire.

Et si à force de plonger, s'écrouler, capituler même dit-on, toutes les bourses allaient descendre pour s'approcher de presque rien, à l'image de la taille des iPods raplapla dont on a peine à se représenter l'ancêtre d'une vingtaine d'années qu'était le gros Walkman et sa fameuse K7, ancêtre seulement par usage à venir tant les capacités ne sont tout simplement pas comparables?
Oui, si tous les prix déclinaient d'une certaine façon sur le mode de la gratuité souvent offerte sur le net et allaient jusqu'à tendre vers zéro?...
D'un côté, cela laisserait entrevoir que de nouvelles valeurs esthético-philosophiques naissent et s'installent.
De l'autre, le plus à craindre, que de vieilles valeurs reprennent le dessus tant c'est ce qui apparait comme le plus intuitif, mais aussi le plus trompeur.

De jeunes spectateurs d'un film sur Coluche notant que celui-ci parlait des années 1980 comme une période dure, en ont conclu que c'était dur à ce moment-là mais que maintenant c'était encore plus dur. Ce qui pourrait conduire à penser que les temps ont toujours été durs.
Cependant des époques ont objectivement été plus dures les unes que les autres, oui assurément si l'on prend les périodes de guerre, 1917, 1942 ou encore les périodes de grand épidémie en Europe, au Moyen âge.
Celle des années 1960 quand toute une partie de la jeunesse française partait pour de longs mois en Algérie faire une guerre qui ne portait pas ce nom ? La période 82 ou l'on voyait à la télé le président demander d'un air dramatique qu'on achète des produits français? On pourrait y ajouter la période 93 avec le sida et la récession...
Le temp présent est-il plus dur que dans les années 80, à certains critères, non, celui de la mortalité en général qui diminue, à d'autres oui, celui des inégalités croissantes...
Une autre question serait de savoir si une plus grande conscience des choses rend ou ne rend pas les temps encore plus durs ?

Voilà, ça y est la croissance est à zéro, de quoi satisfaire les propagandistes de la non croissance?
Pas sûr, la non croissance n'est pas drôle, elle est surtout grave pour les plus pauvres.
Où l'on saisit alors qu'elle ne convient pas à l'humanité, que sans doute la croissance est non seulement souhaitable mais inévitable, bien sûr pas pour plus de bagnoles ni même davantage de bâtiments universitaires.
Mais par exemple pour la multiplication de mises en réseaux des profs, des chercheurs, des étudiants....
Ou encore pour la fameuse conquête dans l'espace qui montre combien le concept de croissance est inhérente à l'humain.
Ces temps-ci un engin va cartographier la terre depuis l'espace et certainement nous en rapporter une vision autre que celle que nous en avons depuis des siècles.
Un autre essaie de capter ce qu'on voit de la Terre depuis Vénus, plus précisément si de là-bas on en détecte des signes de vie...

Après tout un tas de crises qu'on a fini par oublier avec le temps, la crise financière se prolonge, dure et ne cesse de continuer. On ne sait si elle est toujours due aux fameuses maisons américaines vendues à des pauvres gens à qui on a tout repris ou si elle est motorisée par la peur éternelle attisée par les déclarations alarmistes des différentes instances internationales.
De fait la crise globale semble installée comme toutes les crises dans le temp(s) médiatique global.
Il y a des années c'était la vache folle, il y a quelques mois c'était le pétrole -qu'on voyait à au moins 200 dollars- et les matières premières qui montaient, montaient, n'arrêtaient pas de monter. Surtout, on prédisait que ça durerait...
Et puis plus rien, depuis des jours les bourses décrochent, plongent, ce matin la japonaise a encore baissé de 0,8%, si ça veut dire quelque chose qu'ils le disent plus clairement.
Attendre que le temps médiatique déroule son déroulement, entre temps le monde aura changé.
Ensuite il y aura bien quelque chose d'autre qui montera ou descendra, en tout cas qui n'en finira pas de dévisser ou flamber jusqu'au pics des abimes...

Grande nouvelle sur le front du français, de la langue française précisément.
Les dictionnaires se mettent à proposer en option (à la manière de clé et clef) la nouvelle orthographe de la réforme de 1990.
Près de 6000 mots sur les 60 000 du Robert sont ainsi proposés avec deux orthographes différentes...
Donc il aura fallu pas loin de 18 ans pour en arriver là. Et encore tout n'est pas retenu, par exemple la quasi suppression des accents circonflexes sur le i et le u est jugée trop sensible et le sèche-cheveu au singulier ne fait l'objet que d'une "remarque"...
Cette mini révolution aura cependant plus de conséquences qu'il n'y parait. Parce qu'elle ouvre heureusement les portes à plus de logique et aussi à plus de vie dans l'usage de la langue.

Selon Jean Guilaine: "les conflits sont antérieurs au néolithique. Mais le néolithique n'a pas arrangé les choses, car on pouvait piller les réserves...
Je n'accuse pas le néolithique, mais je pense que c'est l'homme qui a mal tourné..."
Mal tourné, l'homme!
Voilà une phrase assénée mille fois par des gens qui n'étaient pourtant pas des spécialistes du néolithique, ni même des spécialistes de rien du tout.
C'est une idée classique selon quoi avant il y avait le paradis et puis ensuite il y a eu la sortie de l'éden, de quoi tout le mal est venu.
On se contentera d'avancer que depuis l'agriculture, il y a eu l'avènement de la pensée...

La crise s'étend, s'aggrave, se propage, n'en finit pas d'éclater. D'ailleurs elle va durer, certains l'annoncent même devant nous, et non derrière, comme différentes stars économiques qui décochent chaque fois qu'elles le peuvent un discours anxiotique.
L'économie va perdre jusqu'à 1000 milliards de dollars. Oui mais l'ex-patron de la Fed dit qu'il y a toujours des gagnants et des perdants, donc ces 1000 milliards ne vont pas disparaitre pour tout le monde, mécaniquement des acteurs économiques vont les rempocher...
Sans compter que les Etats mettent l'économie sous perfusion, suivant en cela les Banques centrales qui elles injectent des milliards de cash. Inutile d'essayer de comprendre d'où cet argent sort, de nulle part, ex nihilo! De la folie, ou du génie si l'on est rieur.
Assurément la finance est devenue folle en spéculant sur elle-même ou sur des titres avant même que les spéculateurs les possèdent. Mais sans folie qui gagnerait quelque chose à quoi que ce soit? Personne, tous perdraient en ne gagnant pas.
Ce pourquoi les bourses qui sont totalement irrationnelles, doivent monter puis descendre. En l'occurrence, dans la panique générale de la crise, elles ne cessent de dévisser, décrocher, plonger....
Elles poursuivent, disent chaque jour les présentateurs TV, leur descente (inévitablement) aux enfers...
On comprend que la crise est tout autant mentale que financière.

Que c'est triste une maison où il n'y a pas de livres, disait une amie comme elle le répète à chaque conversation de vernissage...
Ce pourrait être triste en effet qu'il y en ait de moins en moins à mesure de l'arrivée du livre électronique.
Comme j'aimerais cependant, comme j'aimerais pouvoir me servir davantage de ma bibliothèque qui me désespère chaque fois que je cherche un livre et rarement le trouve.
Souvent j'abandonne, tant pis. Mais comme le plus souvent c'est un passage précis du livre que je cherche, j'abandonne d'autant plus facilement que je peux faire la recherche de ce passage sur Google, dans les livres qui sont numérisés, comme cela est possible pour La suive...
Je préférerais néanmoins faire cette recherche avec le livre en main ou à côté de moi...
Classer mes livres par ordre alphabétique, je ne peux m'y résigner. Proust à P? Non, pas possible. Bien sûr que comme tout le monde j'ai mon coin de livres préférés, mais il y en a plein d'autres que j'aime aussi, beaucoup d'autres...
Que c'est triste, elle insistait, les gens qui n'ont pas le temps de lire...
J'en étais à me demander s'il ne faudrait pas doter chaque livre de ma bibliothèque d'une petite puce pour m'indiquer sa place chaque fois que je le chercherais, de sorte qu'ainsi je pourrais le trouver.

Saluer l'appel du ministre des affaires étrangères britannique de ce jour (in The Independent) pour l'établissement d'un traité contrôlant les ventes d'armes (Arms Trade Treaty). En particulier de celles qui vont alimenter les conflits en cours.
Bien sûr il faudrait être innocent pour croire qu'un tel traité même signé par tous les pays pourrait stopper net le flux sidérant des armes à travers le monde.
Mais c'est si urgent de bouger sur cette question. En effet le marché des armes a explosé ces dix dernières années et il continue de croitre.
C'est le premier souci que nous devrions avoir autant pour des raisons de paix que d'écologie.

Je ne suis pas un grand amateur des films des frères Dardenne, -cineastes abonnés à tous les festivals et à tous les magazines ad hoc-, j'ai dû en voir un ou deux dont je suis chaque fois sorti accablé. Ce qui n'est en rien suffisant pour porter un jugement critique.
En revanche je les ai entendus déclarer, à la manière des Dupont, que le prix de la vie a baissé dans notre société.
Voilà une affirmation qui me met hors de moi car cette phrase est presque surement fausse au regard des données présentes. En tout cas il serait facile de convoquer mille arguments pour démontrer qu'au contraire le prix de la vie individuelle s'est accrue considérablement ces derniers siècles. Et en particulier ces dernières années. Par exemple plus de la moitié des pays membres de l'Onu ont recemment proscrit la peine de mort et ici ou là on s'attaque aux crimes de guerre, d'honneur, de discrimination etc...
Et pourtant c'est une phrase parmi d'autres que les fréres précités savent distiller, sachant qu'elles ne peuvent que séduire le tout venant de la critique autant qu'un grand public convaincu qu'il vit la pire des époques.

Le retard numérique que connait l'éducation nationale est sans doute plus angoissant que la fameuse fracture numérique dont les médias parlent régulièrement.
D'autant que cette fracture numérique ne concerne pas les jeunes scolaires ni forcèment l'ensemble des défavorisés, par exemple une part des gens n'utilisant pas le numérique vient de la catégorie cultivée de la population  qui aurait tendance à penser que c'est "bien" de ne pas trop se servir de ça.
Le retard numérique des établissements scolaires est majoritairement grave: site inexistant ou pas mis à jour, préférence donnée à l'affichage sur les portes de l'établissement plutôt que sur le site web, indication selon quoi le directeur ne communique pas par courriel avec les parents d'élèves etc.
Surtout, non utilisation de ce moyen génial de communication entre professeurs et élèves et entre profs et parents...
On voit que ce retard numérique est l'une des données (réparables) de la séparation entre culture de l'école et culture de la vie...

Désormais tout le monde sait tout "au niveau de l'info". Quiconque, quel que soit le niveau culturel, est au courant de l'accident, de la tuerie, de l'affrontement, du fait divers même isolé intervenus hier, dans la nuit, et ce dans le détail.  150 morts je crois dans l'accident d'avion, non non, 153....
Toute raison de se réjouir d'être sorti du silence sur le monde et surtout du propagandisme accepté (Sartre pendant des années a gardé pour lui l'existence des camps soviétiques)...
Bien sûr les medias peuvent encore nous raconter n'importe quoi ou être incapables de nous sortir la vraie vérité vraie. Encore que le nombre de médias mis en concurrence ne pousse pas dans cette direction.
Ce qui me gênerait, en ce que cela semble se développer de plus en plus, c'est une sorte de ressassement du connu.
Les jugements portés sur les événements, les référence citées, les valeurs appelées semblent se limiterà un paquet de connu, point.
Les journalistes, les acteurs médiatiques en général sont sous la pression grandissante de devoir s'en tenir à ce paquet, faute d'être éjectés ou bien ne pas être écoutés?
Revenir au Houellebecq national, cité par Le Figaro du 14/08/2008: "Si tu veux avoir des lecteurs, mets-toi à leur niveau! Fais de toi un personnage aussi plat, flou, médiocre, moche et honteux que lui. C'est le secret..."

Honte à ceux qui ont provoqué cette guerre en Géorgie, honte à ceux qui la poursuivent ou voudraient le faire sans jamais tenir compte le moins du monde des gens qui vont souffrir, jeunes ou vieux, femmes ou hommes, des corps d'humains.
Honte à ceux qui pensent légitimes pour défendre des intérêts d'en passer par ces souffrances, ces massacres, ces tueries, ces destructions, ignorant le prix inestimable de la vie.
Donc à ces barbares qui vont jouer de l'artillerie et faire tonner le canon comme en 14 (1900), bombardant ainsi là ou ça peut.
Et qui donc vont mécaniquement provoquer les fameuses exactions des soldats de toutes les guerres et de toutes les invasions, voler et bruler pour le moins, en tout cas pratiquer en principe l'arbitraire.
Illustrant une fois de plus l'inanité et la vanité de vouloir conquérir ou reconquérir des territoires par la force, autant que d'imposer à des populations de faire partie d'un état s'ils ne le veulent pas.
Démontrant en fait la sottise de croire que c'est à la surface des territoires que se mesure la prospérité ou le développement d'un pays.

Figure dominante de la presse française, Jean-François Kahn est une grande gueule qu'on peut trouver sympathique ou très agaçant. Il l'est particulièrement, agaçant, dans son comportement dans les débats où il ne peut s'empêcher d'interrompre ses contradicteurs, plus précisément de leur répondre aussitôt entendu la moindre bribe de raisonnement, en tout cas sans en attendre la fin, ce que pourtant il réclame pour lui chaque fois qu'un modérateur tente de l'arrêter dans une démonstration souvent interminable.
On ne sera pas étonné d'apprendre que cet homme ne se sert ni du téléphone mobile ni d'internet et qu'il est apparemment fier de s'en passer, donc de rester un homme analogique.
Innocence de la bêtise, s'il utilisait ces engins numériques il comprendrait sans doute ce qu'est la communication <envoi retour, signal réponse> qui fait qu'on écoute l'autre et le laisse parler avant de lui répondre.
On conseille vivement à cet homme -qui ne sait pas ce qu'il perd- d'entrer dans l'ère numérique.
Etant donné son influence, ce serait bon pour le pays!

Le savoir double tous les ans dit Kurzveil, de ce fait les choses devraient changer plus vite que les prévisions les plus linéaires l'annoncent.Sauf à prendre en compte l'inertie humaine qui est terrible, sa résistance est difficilement mesurable.
Elle n'est d'ailleurs pas toujours antipathique. Proposez une nouvelle formule, une autre manière d'être, une nouvelle orthographe, il vous sera répondu: ah moi j'aimais bien l'ancienne.
Et si vous argumentez encore, il vous sera dit: Oui d'accord mais j'aimais bien quand même!

Vision d'un convoi de chars et autres énormes engins militaires revenant du défilé du 14 juillet. Le sol en tremble à chaque passage. Lourdeur, massivité, implacabilité, ce sont des équipements qui portent en eux-mêmes le projet de destruction. Pas sûr pour autant qu'ils soient toujours adaptés, les rébellions ou terroristes en général étant désormais équipés de façon légère bien qu'efficace.
Pas davantage certain que des engins pareils participent raisonnablement à ce défilé, pour impressionner qui? Les gens, le monde entier? Tout comme les avions qui colorisent le ciel et les légionnaires qui y vont de leur cadences arrogantes. Le défilé lui-même comme vivante tradition?
Einstein ayant assisté à une parade de troupes à Vienne disait que pour défiler au pas et dans l'ordre une moelle épinière suffisait... Dur pour les jeunes gens des grandes écoles qui marchent fièrement selon un rituel plutôt primitif...
Du spectacle spectaculaire au mieux.
Parmi les résultats immédiats en tout cas, une consommation d'énergie inutile, des émissions de CO2 tout aussi inutiles...

Qui veut s'assurer un peu de présence médiatique doit en passer par des phrases engagées, genre souhaiter que la mondialisation pète, comme Fred Vargas, ou qualifier notre société de «terrible, machiavélique, de plus en plus invivable», comme Claude Lévêque!
Ce dernier parle-t-il vraiment de notre société de ces années 2000 ou d'une vraie terrible comme la société allemande d'Hitler, la stalinienne, la pétainiste d'hier ou la Coréenne du nord d'aujourd'hui?
En l'occurrence l'artiste reproduit des clichés communs sur le fait que maintenant on aurait de moins en moins de droits et que nos libertés seraient régulièrement rognées. Sans doute vrai pour fumer, conduire sans limitation de vitesse ou s'équiper de chiens dangereux...
L'artiste lui peut préparer ses installations tranquillement en opérant autant de prises de vues qu'il veut sans se préoccuper de savoir s'il aura assez de pelloche. Même s'il faut en passer par des passeports biométriques pour voyager, quiconque a désormais accès au savoir et à la connaissance en temps quasi réel. Les possibles s'accroissent en général, sur le net on peut réécouter une émission de radio-tv pendant une semaine et plus, entendre l'intégralité d'une interview diffusée en version courte en direct, savoir dans combien de temps le prochain bus va arriver etc...
D'accord j'enfonce des portes ouvertes mais eux les ferment.

Ce pourrait illustrer la difficulté de prévoir mais aussi l'ampleur de l'incertitude sur ce qui se passera.
Deux figures en effet s'opposent sous-jacentes à tous discours, la première développée par ceux qui pensent inévitable la catastrophe pour l'humanité, et la seconde par ceux qui imaginent que dans les dix à trente ans à venir il se passera des choses formidables!
Deux visions qui séparent radicalement ceux qui pensent que le mal est fait, qu'il est même irréversible, et ceux qui entrevoient des possibilités jusqu'alors inédites de vivre sur Terre.

2008 / tous droits réservés / texte reproductible sur demande




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