Jean Pierre Ceton
romans

BLOG DATE

2010 // 09 // 2-08 // 1-08 // 2-07 // 1-07 // BLOG COMP'ACT 06

BLOG DATE // Archives

Janvier à décembre 2009

Pourquoi s'enthousiasmer pour le mouvement de révolte qui se développe en Iran? Bien sûr parce que cette contestation est dirigée contre ce que les manifestants appellent une dictature, qui en plus ne respecte pas ses propres principes. Mais encore parce que c'est un mouvement qui pourrait toucher la terre entière, en effet sous-jacent il porte cette revendication d'une liberté d'exister, un peu à la manière de ces lycéens de France qui ces semaines dernières exprimaient leur volonté de ne pas vivre "en prison". De plus il ne s'agit pas de transformer la société à l'occidentale, ce pourquoi il influencera les autres sociétés sous régime religieux ou dictatorial. Il ne devrait pas pouvoir être arrêté quand bien même le régime serait de plus en plus répressif. La moité de la population iranienne à moins de 27 ans et elle est  très utilisatrice des technologies de communication. Les manifestant sont jeunes, seulement armés de leur téléphones portables et d'une formidable énergie de vie. Le bruit du monde, à Tehran, hier, était celui d'un monde qui va bouger, qui est en train de basculer sous la pression d'un mouvement fort de liberté, de vie, d'énergie, de beauté qui monte.

Le langage texto fait très peur aux lettrés et pas seulement aux bourgeois lettrés. Ils y voient une perte de langue autant que d'eux-mêmes. Pourtant le langage texto a un mérite, celui de pousser la langue vers son expression la plus réduite. D'accord, c'est parfois incompréhensible pour qui n'y est pas habitué. Et la plupart des habitués de l'écrit, dont je suis, rédigent des textos en langage écrit. J'ai cependant souvent la tentation de laisser « tomber » des formes absconses, par exemple le s de mon corp ou l'apostrophe d'aujourdhui...
On doit avoir conscience que c'est comme ça que la langue s'est formée.
D'ailleurs les copistes du Moyen-Âge utilisaient des diminutifs, tel le X pour indiquer le eu du pluriel ancien qui hélas nous est resté dans différents cas irréguliers à la place du s...

« Sur internet, on y écrit aussi! » déclarait récemment Michel Winock, il est vrai dans une émission de radio culturelle dont l'animateur ne semble toujours pas se servir d'internet. Autant cette phrase aurait pu être exacte dans les années 1990, autant elle devrait désormais se transformer en « on y écrit beaucoup et même majoritairement ». Car internet est en effet devenu le lieu de l'écrit, le support de quantités innombrables d'écrits et ce même si on écarte tout ce qu'il peut y avoir de très mauvais ou d'inconsistant. Oui, diront les chagrins, mais ce sont des textes plus courts, internet ça réduit tout etc. En fait non, on peut y diffuser aussi bien des thèses que de petites notes, y lire des livres numérisés du domaine public ou d'auteurs contemporains... Il reste que le livre papier n'a jamais été aussi présent. Jamais autant de livres n'ont été vendus dans le monde. Et puis son influence est de plus en plus considérable, en tout cas n'a jamais été aussi forte. Notamment parce que les gens des médias s'appuient sur des livres pour construire leurs émissions. Ils pourraient le faire aussi à partir de textes diffusés sur le net, mais pas pour l'instant, patience, il leur faut le temps de « s'updater »!

La presse annonce la création par Bernard Pivot d'un comité de défense du beaujolais, le vin, symbole selon lui de «l'identité française ». J'ai eu peur en lisant l'information que cet homme se lance à nouveau dans la défense de la langue française qui est tout autant et plus encore symbole de l'identité française. En effet, avec la manie qu'il a, lui et ses collègues conservateurs, de vouloir réhabiliter de vieux mots français et en même temps de fermer les possibilités de néologismes, il aurait risqué d'enfoncer encore un peu plus le Français dans une position de langue vieillissante où l'on ne crée plus de concepts. Car pour rester vivante la langue française a besoin d'être vivante! C'est à dire de se laisser envahir, comme d'ailleurs cela se passe naturellement dans l'oral, par les nouveaux mots, les nouveaux concepts, les nouvelles formes, les nouvelles manières de former la phrase... Ces dernières font gerber les bourgeois de la langue quand pourtant ce sont souvent des formes mutantes, aberrantes ou détonantes qui ont forgé des phrases considérées comme huppées désormais.

Écrire des choses non écrites, si tu savais, des choses qui n'ont jamais été écrites.... Toi tu t'intéresses à la pensée antique, bon, moi ce que je privilégie, c'est le non écrit encore. Pourquoi je veux écrire? c'est pour écrire ça, des choses non écrites. Certes, je ne suis pas le seul à le vouloir et à tenter de le faire, même s'il n'y en a pas tant que ça. Écrire surtout ce que je veux, pouvoir écrire tout ce que je veux, en transgressant le dit habituel et général. Manière de se libérer par l'écriture du commun de la vie, la littérature c'est ça. Mais pourquoi? Question de gout ou de mental! Mais encore? Le non écrit encore, quand il s'écrit, m'apporte plus d'explications sur le monde et la vie que l'écrit historique...

Une rumeur tenace dit que nombre d'écrivains à succès font appel à des rewriters pour rédiger leurs livres à partir de brouillons qu'ils apportent à l'éditeur. Comme c'est vrai pour beaucoup de « personnalités » publiant un livre, qui elles ne savent pas les écrire, ce peut l'être aussi pour quelques-uns de ces auteurs reconnus dont la critique peut cependant vanter la qualité de l'écriture... 
D'ailleurs on pourrait considérer que c'est le brouillon qui est l'essentiel du travail. Sauf que tout écrivain sait bien que le plus dur c'est justement de travailler un brouillon pour arriver à un texte écrit, élaboré et fini. 
Mais curieusement la rumeur ne fait pas état de la pratique la plus répandue, à savoir le rewriting de livres considérés comme achevés par leurs auteurs et qui sont en effet revus et corrigés par des directeurs d'édition de sorte d'en faire un produit accessible et/ou vendable au plus grand nombre...

Le réchauffement climatique est une donnée contemporaine, même si ce n'est pas la première fois que la terre s'est réchauffée. Ce qui constitue une première est que ce réchauffement cette fois est sans doute provoqué par l'activité humaine. Une autre première fois réside dans le fait que les humains entendent intervenir pour modifier le climat afin d'éviter que leur Terre ne s'embrase. Car historiquement les humains percevaient le climat d'une façon parfaitement fataliste. Et ils le traitaient d'une façon tout aussi parfaitement irrationnelle. D'ailleurs à chaque événement climatique, les témoins ou victimes réagissent encore par un « on n'a jamais vu ça », tandis que les météorologues ont tendance à constater que cela n'était pas arrivé depuis telle ou telle date... La grande nouveauté plus encore qu'une première fois, c'est la perspective d'un monde sans carbone, à l'énergie renouvelable, au développement durable, à la consommation contrôlée...

C'est à ne pas le croire, il y a des clercs, il faut les appeler comme ça, des écrivains, auteurs, intellectuels qui ne supportent pas la langue d'aujourd'hui. Celle de l'oral et surtout celle des jeunes gens. Vrai qu'ils ne s'attaquent pas au parler des stades de foot ou des bars de toujours. Non, ils visent la langue des ados lycéens qui comme à chaque génération a ses mots à la mode et ses tics, de fait la langue la plus vivante en ce qu'elle est perméable aux frémissements conjoncturels de vie.
Cette langue les révulse, au point de prôner l'éloignement. Le leur, celui des clercs. Au fond c'est comme ils veulent, qu'ils se barrent et laissent les ados enrichir la langue. Sauf qu'en réalité ils ne s'éloignent pas tant que ça, car la plupart sont édités par l'une ou l'autre des éditions majeures en place à Paris. Et ont par conséquent pignon sur rue et media avec leurs livres.
Ce qui est drôle, c'est que le français qu'ils pratiquent -qu'ils qualifient d'orthodoxe ou de classique, ou même de normal (Finkelkraut)-, est une langue qui a beaucoup bourlingué, qui a été mâtinée de formes orales non orthodoxes, considérées en leur temps comme déviantes et vulgaires par leur prédécesseurs, si l'on ose dire!

Hier dans ma rue, un homme sans abri, clairement délabré autant qu'aviné me demande d'appeler le 115. Mes premiers appels indiquent que les travailleurs sociaux sont tous en ligne et qu'il faut rappeler plus tard, ceci dit en plusieurs langues. Je rappelle plusieurs fois et finalement obtient un message en boucle m'enjoignant de ne pas quitter, m'assurant que j'allais être mis en relation avec un permanencier, le temps d'attente prévisible étant estimé à six minutes, une musique au piano quasi durasienne ponctue le message répété en différentes langues là encore. Je déclenche le haut-parleur de mon téléphone et patiente sans trop d'impatience. Au bout de quelques minutes, le message s'interrompt, mais hélas je ne capte pas de voix à l'autre bout du fil et mes « allos » répétés me sont renvoyés en écho. Je raccroche et rappelle, cette fois il est dit d'une façon tranchée que le serveur étant saturé il faudra rappeler. Je me penche par la fenêtre et constate que l'homme est parti. Il a dû penser que je n'avais pas appelé.
Une info indique qu'il y aurait eu environ 8800 morts en 20 ans dans le conflit israélo-palestinien. C'est affreux mais cela correspond à deux ans de morts par accidents de la route en France. Pas la même chose, certes, mais d'une même bêtise en tout cas. La preuve, en 1999 ce conflit avait fait seulement 19 morts tandis que pour les accidents de la route on est passé de près de 20 000 morts en 1975 à environ 4000 en 2008, les chiffres restant bien entendu des chiffres et pas plus!

Brigitte Fontaine a fait un tabac l'autre soir au Palace. Une file d'attente partait du métro Grands boulevards jusqu'à l'entrée du théâtre. Jamais un de ces concerts me semble-t-il n'avait autant dégagé d'instants de ferveur, il y a même eu de vrais pics de ferveur, par exemple quand elle a chanté: « et si je meurs ce sera de joie ».
Sur FB des gens notent qu'elle est exactement dans l'époque... Bon, quand elle chante Prohibition, elle semble nous dire que nous vivons une époque de prohibition. Mais est-ce qu'elle décrit l'époque, une époque de prohibition? Ou bien est-ce qu'elle rapporte ce que les gens croient? L'opinion générale étant en effet qu'il y a de plus en plus de règlements, d'interdictions, que bientôt on va devoir demander une autorisation pour aller pisser. Ce qui était d'ailleurs le cas dans toutes les bonnes structures du passé, les casernes, les établissements scolaires, les usines etc. Mais l'époque est elle vraiment une époque de prohibition? Pour elle, oui, en tout cas en ce qui concerne le tabac.
J'aime à lui rappeler que Juliette, celle de Victor Hugo, s'enfuyant en Bretagne pour se rendre à Brest était restée bloquée à Rennes parce qu'elle avait oublié son passeport à Paris... Je lui dis aussi qu'aujourd'hui un enfant de huit ans peut avoir d'un clic un poème de Verlaine ou de Rimbaud. Il n'empêche qu'elle chante: « Très bientôt musique, amour, poésie seront interdits par tous ces maudits » Elle doit avoir raison de se méfier!

La France étonnante, ce matin tandis que la Tour Montparnasse étincèle de brumes, c'est le jour du vin nouveau, on découvre dans les rues des étals de beaujolais nouveau que l'on peut déguster accompagné de morceaux de charcuterie censée aller avec... dès dix heures du matin!
Sur son blog, Le tiers livre, un écrivain larmoie à propos d'une décision administrative supprimant la direction du livre pour la noyer dans une direction des medias et des industries culturelles. Moi j'ai toujours pensé que les structures administratives n'avaient rien à voir avec la littérature. Lui conclut d'un (populiste)  "Triste boutique, la France"!
Michel Onfray, censé être philosophe d'aujourd'hui, décline les quelques oeuvres oeuvres essentielles qu'il garderait en dernier ressort: un livre de Lucrèce, de Sénéque, un Spinoza, un Nietzsche, les Essais de Montaigne... "et on pourrait s'arrêter à ça", il dit. Rien de plus récent! Ni Freud ni Einstein. Pas de contemporains, cad pas de pensée, pas de vision contemporaines, alors que ce monde ne serait tout simplement pas lisible pour les auteurs qu'il a retenus. Pas de curiosité affirmée pour tous ces essais en particulier américains de ces dernières trente années qui tentent d'appréhender le monde et l'humain à travers les plus récentes observations!

Retour sur les prix littéraires: Il a été beaucoup remarqué que trois des quatre derniers sélectionnés pour le Goncourt avaient été publiés par Jérôme Lindon des éditions de Minuit, même si finalement la lauréate, comme ça s'appelle, est désormais chez Gallimard. 
Se rappeler qu'à une époque Jérôme Lindon, ainsi qu'il le disait, publiait les auteurs refusés par les grandes maisons d'édition du moment et par ailleurs ne prenait pas même la peine d'envoyer les livres aux jurys des prix, sachant qu'il n'en obtiendrait pas, étant donné la composition de ces jurys (des gens hostiles à cette littérature).
Que s'est-il passé depuis lors, outre que la Seine a continué de couler sous les ponts de Paris? La société, les lecteurs et le monde littéraire auraient progressé dans un sens de plus d'exigence littéraire? Ou alors, quoi? ce serait le niveau de l'école Minuit qui se serait adapté au niveau normal de toujours?

Je ne sais si Marie Ndiaye a choisi qu'il en soit ainsi mais la première question que les médias lui posent est de savoir si elle se sert d'internet.
A quoi, d'un air pincé, elle répond qu'elle s'en sert le moins possible, seulement pour recevoir ses mails ou pour avoir une information précise et que sinon, non, elle ne surfe pas, surtout pas.
Elle se déclare par ailleurs «100% papier», comme si c'était le prix à payer pour en passer par une si grande diffusion et donc par le soutien d'une grande maison d'édition (papier). En tout cas cette prise de position semble représenter l'engagement majeur de l'auteure.
Cela va sans doute avec une nouvelle tendance des gens "bien" qui vise à protéger les enfants d'internet, de sorte qu'ils s'en servent le moins possible, c'est en effet l'expression avancée, donc la même.
Ce qui n'est pas sans rappeler la position d'interdiction de l'église catholique, il y a à peine plus d'un siècle, à l'égard des cabinets de lecture (ancêtres de nos bibliothèques) et à l'égard de livres et d'auteurs qui forment notre fonds classique d'aujourd'hui.
Que faut-il faire pour être écrivain? Lire, lire, et lire, déclame la couronnée Goncourt. Peut-être qu'elle a raison même si moi je croyais qu'il fallait surtout écrire. 
Me rappelle que notre premier éditeur commun, Jérôme Lindon, des éditions de Minuit, me faisait le reproche que "mes" personnages de Rauque la ville ne lisaient pas (dans le livre)...
S'agit-il donc d'un plan média pour cette auteure qui tiendrait compte du lectorat potentiel d'un livre qui doit se vendre beaucoup (public féminin, pas très jeune, peu tourné vers les TIC, retors à la modernité...)?  
Je n'arrive pas à le croire. Ce serait donc seulement de l'idéologie?

Au delà de l'hommage rendu par toute l'église intellectuelle à Claude Lévi-Strauss, hommage bien mérité d'évidence, je ne peux m'empêcher de mettre en avant la prédiction terrible de l'anthropologue: «Le monde a commencé sans l'homme et il s'achèvera sans lui ».
Phrase terrible en effet en ce qu'elle émane d'un intellectuel particulièrement brillant, même s'il a passé plusieurs décades de sa vie dans cet endroit de mort intellectuelle qu'est l'académie française.
Sauf qu'il n'était pas nécessaire d'inventer le structuralisme pour la faire cette prédiction. D'abord parce qu'elle aurait pu être faite dès les premiers émois de la pensée humaine. Et ensuite parce qu'elle n'intègre pas la donnée de l'aventure spatiale qui se développe quoi qu'il arrive sur Terre.
Faudrait-il alors mettre en cause le pessimisme fondamental de cet homme, lié à une sorte de catégorie mentale plus qu'à une déduction de raisonnement logique.
Sans doute qu'alors s'expliquerait également son pronostic encore plus  terrible, celui d'une «dégradation irrémédiable des rapports entre les humains».

BS croit faire une découverte en citant la fameuse phrase de Hobbes, «L'homme est un loup pour l'homme». 
Je lui réponds: très certainement, et la femme?
Trop tentant en effet de faire jouer la phrase sous différentes formules: La femme est une louve pour l'homme, ou l'homme est un loup pour la femme etc.
Me répond, feignant de croire que je ne le saurais pas, qu'en l'occurrence « l'homme » est générique.
Hobbes ne pouvait pas le dire autrement. Ne pouvait pas opter pour humain (homme, femme, enfant) comme nous commençons de le faire.
L'humain serait-il un loup pour l'humain? 
Question qui fait aussitôt ressortir le vieux côté de la phrase, sa signification désuète. 
Car, non, il n'est pas loup. 
En fait l'humain est humain avec l'humain, c'est-à-dire pas toujours très humain.

La preuve que la langue bouge tout le temps, c'est que malgré leur train-train de sénateurs, les académiciens français en sont à travailler sur la 9 ème édition de leur dictionnaire, -à la lettre P (à moins que ce soit Q)-, sinon ils en seraient restés à la 1ère édition d'il y a 300 ans à peu près... Si la huitième a été réalisée en 3 ans, entre 1932-1935, la présente commencée en 1986 demandera plus de temps, sans doute pas loin de trente ans! Il faut dire que pas mal de choses ont changé dans la langue, beaucoup de mots nouveaux, de graphies nouvelles aussi et plein de mots tombés en desuétude. 
En fait, ils constatent l'usage, plus ou moins, car avec résistance et retard...

... "Oui, on pourra, continuais-je, tout en gardant sa sérénité et sa bonne humeur, voir surgir une araignée le matin sans penser «signe de chagrin»…
-Ah vous dites cela en français ! m’avait interrompu Yoshiko…
-Oui, et on dit «araignée du soir, signe d’espoir»…
-C’est drôle, chez nous, dans mon pays du matin calme, c’est le contraire, le matin ça va, c’est bon signe, le soir, une araignée c’est mauvais…"
(in Les Voyageurs modèles)

Au fond la question posée par l'hypothèse d'une réforme de l'orthographe est de savoir si la langue est constante depuis des siècles et même des décades, ce qui n'est pas le cas, et si il est raisonnable de penser qu'elle le restera pendant les siècles à venir, ce qui ne se peut.
La langue française s'est élaborée petit à petit, autant sur les ruines d'autres langues qu'au frottement de l'usage, depuis environ douze cents an. Plus ou moins stabilisée par les dictionnaires imprimés, elle semble reprendre sa liberté naturelle avec l'irruption de l'écrit numérique et par suite d'un conflit grandissant entre logiques contemporaines objectives -celles de l'informatique par exemple- et logiques subjectives de l'orthographe étymologique.
Introduire des rectifications audacieuses dans l'orthographe, et surtout laisser l'usage développer une sorte de créativité naturelle, c'est  y insérer un plus, y mettre de la vie présente et ainsi continuer de construire notre langue.

Libération du 5/10/09 fait dire au linguiste Jean-Pierre Jaffré « Je suis pour une une libéralisation de l'orthographe ». De quoi se réjouir que ce journal s'y mette, ce titre rappelant mon « Libérons la langue française » paru dans Le Monde (14/01/1998) qui avait cependant un objectif plus large, puisque j'y appelais à une inventivité dans l'usage de la langue autant en orthographe que dans la création de mots.
Le sujet est en effet récurrent tant les forces qui s'opposent à la transformation sont fortes. Et pourtant le niveau de l'orthographe a continué de baisser et le déclassement du français à l'étranger également. Or ce serait en rendant la langue française plus logique que ces deux tendances pourraient être combattues et non en conservant les choses en l'état.
Ce linguiste préconise des pistes simples comme le s au pluriel toujours, la supression de lettres qui ne se prononcent pas et le non-accord du participe passé avec avoir, à quoi on pourrait ajouter le e toujours pour le féminin et le non e pour le masculin...
Mais n'est pas mise en avant la nécessité logique d'une réforme alors qu'aujourd'hui il y a clairement un conflit entre les logiques contemporaines objectives -apprises en informatique par exemple- et celles de l'orthographe étymologique plutôt subjectives.
Pourquoi par exemple supprimer les accents circonflexes sur le i de paraitre ou de chaine (tv)? 
Outre que l'écriture de cet accent sur le clavier est compliquée, il faut admettre que désormais il ne se prononce plus.
Par ailleurs, comme elle l'a toujours portée, l'orthographe doit avoir une fonction d'information et non comme beaucoup de ses règles colporter une fonction de continuité étymologique.
Un nouvel argument vient justement d'être lancé en faveur de cette continuité qui propose de recourir à la pratique des correcteurs orthographiques pour faire face aux anomalies sans avoir à les apprendre. Mais ce serait alors traiter le français comme une langue morte.
La perspective de réforme est hélas vécue avec déchirement, pas seulement par ceux qu'on appelle les « puristes » (!) mais par les gens en général. Comme s'il s'agissait d'une action négative de plus, comme si ca allait être un moins, quelque chose qui nous enlèverait encore de l'acquis.
Pourtant c'est tout le contraire, il s'agit d'insuffler de la vie, d'y insérer du plus.
La langue serait plus forte, les acteurs portés vers un usage créatif et non occupés par la véritable discipline que constituent les difficultés inutiles et désuètes de la langue française.

Ça plait beaucoup aux journalistes de parler de la baisse du niveau de l'orthographe... Voici un logiciel d'entrainement à l'orthographe qui s'appelle Voltaire, donc ils en parlent avec délectation.
Il se trouve que le grand Voltaire a bagarré ferme un partie de sa vie pour déclencher une réforme de l'orthographe, lui qui écrivait: « L'écriture est la peinture de la voix: plus elle est ressemblante, meilleure elle est ». 
Une réforme qui interviendra en effet mais à peu près 50 ans après sa mort.
Ce nouveau logiciel intègre-t-il le fait qu'aujourd'hui il y a clairement une conflit entre les logiques contemporaines objectives apprises à l'école et celles de l'orthographe étymologique qui ne le sont guère, mais bien plutôt subjectives, presque religieuses?
La question n'est même pas posée.
En 1990, suite à un initative du gouvernement Rocard- étaient publiées au Journal officiel un ensemble de rectifications de l'orthographe que l'Academie française finira par adopter dans son dictionnaire.
Cependant que croit-on qu'il en est advenu à l'école, eh bien les enfants apprennent toujours les règles antérieures.
Par exemple, alors que parmi les rectifications était proposée la suppression de l'accent circonflexe sur le i, les enfants doivent continuer d'écrire chaine (de télé) avec cet accent qui pourtant ne se prononce plus.

Trouvé sur Facebook cette orthographie novatrice et innocente: la « clée » (une clée USB).
Le mot avait déjà deux écritures possibles clé et clef. D'ailleurs j'ai toujours mis en avant cet exemple pour dire que deux graphies peuvent cohabiter, un certain temps au moins: l'orthographe orthodoxe (sic) et l'orthographe logique.
La clée relève en fait d'une graphie logique, les mots féminins devraient en général se terminer par e et les masculins jamais, ainsi on devrait écrire le foi (organe) et la foie (croyance).
Ce qui montre combien la frousse des conservateurs à modifier quoi que ce soit de la langue et même à ne pas tenir compte des transformations peut se comprendre! 
Ou bien encore s'expliquer les raisons d'inertie de ces conservateurs tant le changement si l'on si mettait pourrait être radical...

Un truc qui se dit partout et que les gens des médias aiment à répéter, savoir que les enfants d'aujourdhui ne seront pas aussi riches que leurs parents ou n'auront pas de plan de carrière aussi brillant qu'eux etc. 
Sans doute peut-être, je n'en sais rien. Ce qui est sûr en revanche, c'est que les enfants des années 2000, j'en prends le pari, auront un mental bien meilleur, ne seront pas aussi tordus ni aussi coincés... Qu'ils se serviront bien plus de leur pensée et de leur aptitude à la logique autant qu'à vivre le bonheur, le possible ou l'inattendu...

Souvent des phrases de mes amis me font réagir. Je lis que Claude Lévêque exposant à Venise veut parler « de la privation de liberté dans une société contemporaine de plus en plus sécuritaire où les gens y sont dirigés comme des fauves dans un cirque »... Bon, j'ai tendance à penser que ce n'est pas vrai, que par exemple la sphère privée de l'individu s'est accrue et en tout cas que les gens ont connu dans l'histoire des régimes autrement plus dirigistes. 
Il est difficile d'être exhaustif dans l'établissement du pour et du contre. Certes les gardes à vue et la pratique de la détention préventive ou provisoire ont connu l'an dernier en France des niveaux jamais atteints. D'un autre côte, jusque dans les années 1960 les jeunes français par exemple devaient apparaître nu devant des commissions pour être ou non déclarer apte à faire le service militaire...
D'un autre coté encore, il y a des droits nouveaux, l'individu peut saisir la cour de justice européenne ou contester la constitutionnalité d'une loi, les parlements européens et nationaux ont et auront plus de droits. Encore faut-il en user, ainsi les députés y compris donc d'opposition peuvent à tout moment aller visiter les prisons, ce qu'ils devraient faire plus souvent pour améliorer les conditions d'emprisonnement. Et puis il y a désormais un contrôleur général des lieux de privations de liberté...
Quand même, dira-t-on, il y a la politique « liberalo-sécuritaire » du président actuel... Sauf que Claude dénonçait déjà cela dans son travail avant les années 2000, époque où la société était ou pas moins sécuritaire qu'aujourd'hui? Mais de toute façon elle ne l'est pas du tout comparée à la société iranienne ou cubaine ou chinoise, ou d'Afrique du nord, sans parler de celle d'Arabie saoudite ou de la Corée du nord... Même si ce n'est pas une raison.

Hier, émission quasiment de propagande sur Arte, en scène les délires prospectifs de Jacques Attali, dignes d'un mauvais film de science-fiction. Il annonce pas moins que le chaos général, la guerre totale, en passant par celle de l'eau, de l'énergie, de la nourriture, pouvant conduire à la disparition de l'humanité, même si en tout fin comme pour se couvrir il laisse entendre qu'une autre hypothèse est possible.
Ce qui est surprenant, c'est que les gens semblent aimer ça, les perspectives catastrophiques. Il faut dire que les responsables d'institutions aussi. Croyez-vous qu'Attali aurait fait son émission s'il n'avait fait que développer son autre hypothèse, celle de «l'avènement d'une "hyperdémocratie" altruiste, forgée par une nouvelle génération de "transhumains"»...? Et bien, non!
Pourtant tout à parier que c'est ça qui surviendra peu ou prou...

Je me rends compte que j'ai soulevé un lièvre (métaphore de chasse de l'ancien régime) plus gros que je ne le pensais, du genre patagonien.
En proposant en feuilleton mon « petit roman de juillet », certains me reprocheraient de ne pas garder la solidarité de résistance à l'égard des technologies nouvelles qui mettraient en cause le livre papier par exemple.
En réalité j'aime autant le livre papier que le support numérique et je crois que les deux ont un avenir commun et complémentaire.
De fait il ne s'est jamais autant vendu de livres qu'actuellement et, d'un autre côté, la production générale de textes se développe de façon exponentielle (?) ce dont il n'y a pas à se plaindre. Sauf qu'à terme, et dejà, le livre papier et l'édition traditionnelle ne peuvent répondre à cette production ultra foisonnante...
Il me semble par ailleurs que la diffusion en feuilleton et en avant-première d'un roman sur le net est vraiment adaptée à la situation -de la littérature et de l'internet-, en plus que je reprends par là une pratique de feuilleton dans la presse du début de l'autre siècle, et d'ailleurs je regrette bien que cela ne se fasse plus...
Enfin une diffusion en avant-première d'un roman ne peut qu'être favorable à sa diffusion ensuite en livre papier.
Oui mais la lecture sur écran, me dira-ton? Je suis curieux de savoir si elle est possible malgré la lumière désagréable des écrans d'ordinateur, inconvénient que n'a pas le e-livre (book, reader, kindle etc).
Pour ma part, je n'imprime plus les textes pour les lire, comme je le faisais il y a plusieurs années, ce me semble être un réflexe dont on peut se passer...

Grande déception au retour d'une de ces rencontres analogiques comme il y en a de plus en plus. Un débat sur l'art, des présentations redondantes, des topos à n'en plus finir sur ce dont il va être question, le public est comme à l'université en face des intervenants, ceux-ci interviennent l'un après l'autre, leurs propos sont plutôt intéressants mais pas toujours, il y a beaucoup de reprises de poncifs, c'est fou comme l'intervenant aime rappeler les fondamentaux du moment. Le public passe le temps comme il peut entre écoute amusée et passive, opère quelques gestes ou éructations d'approbation ou parfois de désapprobation contenue... Il aura droit de poser quelques questions en fin de séance, les micros marchent mal, une personne crie on n'entend rien, passer le micro à la personne au fond à gauche lance le modérateur... Il y a peu de questions, j'avoue ne jamais pouvoir participer à ça, sauf si on m'y presse, les poseurs de questions sont en l'occurrence une catégorie très minoritaire et un peu spéciale... Il ne reste malheureusement plus beaucoup de temps, peut-être une question encore, une toute dernière, fini...
C'est un modèle ancien, je ne dis pas qu'il ne faut plus bouger de chez soi et ne faire que communiquer par webcam. Il faut sûr inventer des modèles alternatifs à ces vieilles messes. Ce qui ne va pas c'est que le public en fin de débat se disperse, rentre chez lui alors que l'intéressant aurait été que le public se mêle et se parle. 
Le public c'est qui, c'est quoi le public? notion abstraite, en fait ceux qui sont censés venir écouter et poser quelques bonnes questions... Entité globale pourtant constituée de tant d'individualités...
Oui en fait j'étais allé à la rencontre des gens qui venaient écouter, entendre, penser, échanger. Un peu comme sur Facebook.

Le communiqué de presse (ou bien la version à il):
L'écrivain Jean Pierre Ceton publie "Le Petit roman de juillet" en feuilleton sur le net. Il s'agit d'un livre assez court, comme il se doit pour un petit roman, sauf que le qualificatif petit renvoie en l'occurrence à une connotation affectueuse. Ecrit sur une période assez longue, de près de quinze années, l'auteur en publie la toute dernière version. 
«Le petit roman de juillet» se devait logiquement d'être diffusé durant le mois de son titre. Ou bien juste avant pour qu'il produise sa trace littéraire en juillet... Comme il reste huit semaines d'ici juillet, et que le roman comporte huit chapitres, ils seront mis en ligne avant l'été. Le premier chapitre l'est jusqu'au 10 mai, le chapitre 2 le sera à partir du 11 mai, le 3ème le 18... le 5ème le 1er juin etc. 
Outre un plaisir d'auteur, de donner ainsi à lire en avant-première son roman, c'est aussi poursuivre le mode de publication en feuilleton qui se pratiquait dans la presse il y a plus d'un siècle. Le 8ème et dernier chapitre sera mis en ligne le 21 juin à 0 heures. Enfin du début juillet au 14, ce sera le feu d'artifice...
Cette diffusion en feuilleton est sans doute une première, en France en tout cas, elle peut être surtout une expérience intéressante sur le point de savoir si finalement un roman peut être lu sur écran... 
Car si les lecteurs les plus structurés s'empresseront de l'imprimer pour le lire, d'autres tenteront l'aventure en se servant des outils du net pour marquer les pages et retrouver le paragraphe où s'est arrêtée la lecture!

J'ai écrit « Le petit roman de juillet » sur une période d'une quinzaine d'années. J'en propose la toute dernière version sur ce site.
Il reste huit semaines d'ici le mois de juillet, et comme le roman comporte huit chapitres, ils seront mis en ligne avant l'été. Le premier chapitre l'est depuis le 1er mai, le chapitre 2 le sera à partir du 11 mai etc.
En tout logique, Le petit roman de juillet se devait d'être diffusé en juillet. Ou de préférence un peu avant le mois de juillet pour qu'il produise sa trace littéraire en juillet...
Je suis donc heureux de le mettre à disposition en avant première aux lecteurs qui visitent régulièrement ma page et à tous ceux qui le feront à cette occasion-là.
C'est d'une certaine façon poursuivre une pratique de publication en feuilleton qui se faisait dans la presse il y a plus d'un siècle.
Je suis par ailleurs curieux de savoir si finalement un roman peut être lu sur écran. Celui-ci pourrait se prêter à cette nouvelle forme de lecture car il s'agit d'un roman court, d'une centaine de pages, dont les chapitres sont composés de paragraphes également courts.
Il est proposé ici comme sur une feuille sortie de l'imprimante, dans une présentation volontairement aérée.
On peut le lire directement, s'arrêter quand on veut, dans ce cas copier les derniers mots de sa lecture et, à la reprise, les retrouver grâce à la fonction de recherche pour atteindre l'endroit où on en était...
Durant sa longue période d'écriture, Le petit roman de juillet a connu de multiples versions renforçant par couches sa structure première et amplifiant progressivement la formulation du non écrit encore.
La dernière écriture a changé la position du narrateur, il n'est plus celui qui raconte les choses en direct mais celui qui se souvient avoir vécu cette histoire située dans les années 1990.
« Le roman de juillet » se titre « petit » à la manière de l'euphémisme affectueux qui peut qualifier par exemple un amour ou un voyage pour dire que c'en était « un vrai ».

La grippe porcine va-t-elle continuer de porter ce nom ou bien s'appeler mexicaine ou nord-américaine comme le voudrait l'OMS (WHO)? Pas sûr maintenant qu'elle est nommée, le nom risque de rester bien que finalement le virus H1N1 semble issu à la fois de celui de l'aviaire, porcine et humaine. Oui mais le foyer d'origine serait bien le Mexique, sauf qu'à ce jour seuls 8 cas mortels (et un aux USA) sont avérés être des cas de la nouvelle grippe.
La maladie de la grippe a failli tuer l'espèce humaine à plusieurs reprises dans l'histoire. Celle de 1918/19 s'est appelée espagnole, alors qu'il n'y avait aucun cas en Espagne, parce que la presse espagnole avait été la première à dévoiler son existence, information censurée par les censures militaires des armées en guerre. Se rappeler que cette épidémie a provoqué plus de victimes dans le monde que la dite première guerre mondiale.
Il est vrai en autres que les populations étaient affaiblies par plus de quatre années de conflit et que le monde ne disposait pas des traitements antiviraux qui semblent pour l'instant efficaces.
Surtout, il n'y avait pas encore nos bons médias qui, comme pour l'épidémie du SRAS en 2003, couvrent sans compter l'affaire, assénant d'une voix mondiale que la grippe porcine ne cesse de se propager...
N'empêche que même si cette grippe 2009 avait déjà causé la mort de 200 personnes, comme l'annoncent certains médias, ce serait à peu près le niveau de l'ordinaire quotidien de victimes sur les routes de Chine.

« Le manque d'appétence pour l'information du nouveau lectorat », c'est comme ça qu'un philosophe à l'ancienne - tenant salon chaque samedi sur la radio France Culture - parle de millions de gens qui selon lui se détourneraient de la presse classique pour consulter des sites d'informations sur le net.
Il les accuse (nous) de ne plus lire mais de surfer. Il n'a d'ailleurs pas l'air de savoir ce que c'est, sinon il découvrirait cette façon actuelle de lire du « nouveau lectorat » qui recherche l'information au sens strict et ne lit plus dans la crédulité béate. Donc qui ne veut ni de la langue de bois, ni de la pseudo info présentée selon sa localisation idéologique.
Il découvrirait, peut-être pas l'appétence, mais la furie perspicace parfois nécessaire pour mettre en concurrence diverses sources d'info, de sorte de croiser les données d'information. 
Pour trouver surtout autre chose qu'une dépêche d'agence à peine modifiée, et aussi pour se débarrasser de ces pseudo-infos émanant de conservateurs -toujours bien placés pour broadcaster- qui lancent de ces clichés:
-les jeunes ne lisent plus... Sans doute moins que quand il y avait rien d'autre à faire mais plus que quand il n'y avait pas de livres de poche par exemple... et maintenant ils lisent sur le net.
-la lecture sur écran, c'est pas la même chose. Qui dirait le contraire? De plus en plus de gens lisent sur écran parce qu'ils y trouvent facilement des données qui ne sont pas ailleurs, ou difficilement accessibles.
-rien à voir avec la lecture studieuse en bibliothèque. Vieu modèle, comment comparer son enfermement à l'ouverture du numérique...
S'il pratiquait le net, comme une religion ça lui irait bien, il comprendrait l'effort qu'il faut faire pour déjouer les récriminations de ces gens à pouvoir qui ne se servent ni d'ordinateur ni du net mais qui portent néanmoins des jugements sur ceux qui s'en servent, et même s'en servent de mieux en mieux.

La surpopulation carcérale continue d'augmenter, un titre de plus dans la presse, information récurrente depuis des dizaines d'années, sans que rien y semble faire, situation aggravée par la croissance récente du nombre de condamnés. Il a bien été construit de nouvelles prisons mais les anciennes sont délabrées, il a été inventé le bracelet électronique mais il est peu mis en application, reste cette solution toujours mise en avant -hélas vainement- du moindre recours à l'emprisonnement, en particulier par la réduction drastique de la détention préventive, pratique ordinaire de la justice française, souvent inutile et vexatoire, digne d'un autre âge dirait la gent(e) politique. 
Il en est de même pour l'état d'insalubrité du « dépôt » du palais de justice à Paris, souvent dénoncé ces dernières années par des observateurs européens ou des associations, hier encore par le bâtonnier (qui? le représentant en chef) des avocats parisiens qui clame «Nul ne devrait juger ni condamner une personne qui a passé jusqu'à vingt-trois heures (...) dans une cellule de 3m2, avec deux autres personnes, sur un banc, qui n'a disposé ni d'eau courante, ni de W.C. isolé, qui a été soumise à des fouilles à répétition, le tout dans un local dont la saleté et la puanteur sont repoussantes...»
Rien ni quiconque ne semble y faire. Pas la presse qui s'amuse cependant à déblatérer des journées entières sur des polémiques ridicules agitant le petit monde politique. Pas davantage France Culture qui vient, tout à son honneur, de diffuser différentes émissions sur les prisons.
Surtout pas la gent(e) politique qui devrait pourtant prendre la mesure du caractère moyen-âgeux de ces deux situations. Donc ni les ministres, ni la secrétaire d'état aux droits de l'homme. Ni le nouveau contrôleur général des lieux de privation de liberté qui par ailleurs ne parait pas avoir la moindre présence sur le net.
Pas même semble-t-il des responsables locaux qui, en tout cas pour ce qui est de l'insalubrité, pourraient déclencher des opérations toutes simples de ménage...

Maurice Druon était un grand défenseur et un héraut de la langue française, il était même au chevet de la langue, c'est ce que disent presque tous les journaux qui reprennent ainsi une dépêche d'agence d'origine. 
Cet homme pensait qu'après les têtes coupées de la révolution française, une lente évolution conduisait à la destruction de la langue...
Il a lutté de tout son poids contre la féminisation des noms, en vain bien heureusement car l'usage désormais a intégré cette féminisation.
Un homme bien trop enfermé dans les couloirs de l'Académie pour entendre quoi que ce soit de la transformation du monde.
Par exemple, l'intonation du parler de la langue s'est carrément modifiée en moins de cinquante ans. Les toniques du journal télévisé ne sont plus les mêmes que celles des premiers journaux télés et le brassage interrégional a fait naitre des accents "aberrants", nouveaux en réalité. 
Et l'on voudrait cependant garder des règles (en fait des pratiques) intactes régimentant les accents qui datent pour la plupart de plusieurs siècles passés. 
Ce qui est étrange c'est la passion qu'ont les maitres d'apprendre aux enfants de cours élémentaire des accents que ceux-ci ne pratiquent plus dans leur vie...

Deux exemple de bêtises statistiques ou plutôt de bêtises dans la lecture statistique.
On annonce une diminution des accidents de la route en mars 2009 par rapport au même mois de l'an dernier. 
Oui mais cette année Pâques est en avril alors qu'en 2008 il tombait en mars. Donc la variation est fortement liée au fameux weekend pascal, connu pour être « meurtrier », même si la tendance de fond est à la diminution des accidents.
Un autre exemple plus abstrait. La presse a publié une étude selon quoi à peu près rien aurait changé sur le travail parental, en gros c'est toujours les femmes qui assurent et les mecs qui foutent rien. Bien sûr il s'agit là d'une étude globale, sans doute exacte, mais trop générale. 
Donc qui ne fait pas ressortir les tendances nouvelles ou les tendances de marge. En fait dans des milieux de moins en minoritaires les hommes font le travail dit domestique plus ou moins à égalité et parfois plus, même s'il reste de vieilles traces de comportements antérieurs.
En revanche il y a des tendances nouvelles qui s'expriment de façon très minoritaires mais n'en sont pas moins des tendances de fond. Par exemple celle-ci que les femmes font un peu ce que les hommes faisaient avant, par exemple aller au café entre mecs, donc maintenant entre femmes, tandis que les mecs doivent s'occuper de la  « maison ». Et ce sous le prétexte que le genre féminin a assez donné tout le long de l'histoire historique.
J'avoue que la guerre que je déteste le plus est celle qui oppose les hommes et les femmes.

Le discours vieu (plutôt que vieil) et grave, mais assez répandu, capté sur France Inter l'autre nuit alors que je croyais être sur RFI, consiste à dire qu'avoir 20 ans dans les années 1960 c'était un peu plus facile qu'aujourdhui, en tout cas que c'était mieux plutôt que de savoir qu'on sera au chômage toute sa vie. 
Imbécilité nostalgique et truc de mec en plus. 
On se demande bien pourquoi il y a eu les révoltes de 1968, déjà à 20 ans on était mineur puisque la majorité était à 21ans, il n'y avait pas de contraception vraiment (la légalisation de la pilule c'est 1967 et le droit à l'avortement 1975)...
Se représenter ce qu'était
l'interdiction aux étudiants garçons de rendre visite aux étudiantes filles dans les résidences universitaires qui n'étaient pas mixtes. D'ailleurs c'est à ce propos que la révolte a commencé le 22 mars 1968 à Nanterre... 
Sans compter les gens sous-payés, pas de syndicat dans l'entreprise, on arrête là. 
Non. 
Aujourd'hui, je ne sais si c'est plus drôle, mais l'accès facile à la communication et au savoir, le mobile, les textos, les sms et internet, on arrête là...
Un militant de Greenpeace se demande pourquoi avenir est toujours confondu avec progrès, ce qui n'est pas de bonne raison en effet. 
Mais pourquoi donc le passé serait maintenant toujours à vivre comme meilleur que le présent?

Qu'y a -t-il de commun entre un cinéaste posté en attente au coin des boulevards Montparnasse et Raspail et le temps de l'imparfait?
Sans doute rien. Sauf que j'ai croisé ce cinéaste alors que j'étais en train de penser à la nouvelle carrure de l'imparfait.
Cinéaste que je n'aurais sans doute pas remarqué s'il n'avait eu un air de ne pas savoir se décider à héler un taxi ou bien à aller s'installer à la terrasse du café le Dôme.
Que je n'aurais surtout pas remarqué s'il n'avait tenu ostensiblement un livre à la main. Un cinéaste qui fait son film commercial tous les 2 ans a forcément besoin d'un livre. Car sans livre à histoires le cinéaste ne peut pas faire de film. Il s'agit alors d'un livre souvent écrit au passé simple qu'il va scenariser en dialogues au présent et forcément à l'imparfait. Bien obligé en effet de supprimer les passés simples, puisque dans la vie on n'utilise plus le passé simple.
La nouvelle carrure de l'imparfait m'est apparue à la lecture de différents blogues où le passé simple n'est pas utilisé, parce que les blogues sont vivants, et où l'imparfait développe une nouvelle carrière parce qu'on ne peut pas tout parler (écrire) au présent.
Mais si l'imparfait se développe au détriment du passé simple - ce qui est une bonne nouvelle car l'imparfait est le seul temps à être régulier pour tous les groupes de verbes (sauf être) - c'est sans doute parce que le passé n'est plus vraiment définitif, à l'image de cette perspective (possibilité) annoncée de faire renaitre les mammouths disparus il y a déjà 20000 ans. 

Notre espace-temps est de plus en plus rempli. A l'image de la multiplication des moyens de communiquer (mails, textos facebook et autres) qui s'ajoutent aux anciens (téléphones, lettres) et bien sûr à ceux de la présence réelle....
Si bien que lorsque vous n'avez pas vu une personne amie depuis quelques mois vous avez entre vous tout un espace-temps rempli de différentes connections, sans compter tous les accès à l'information (par de multiples canaux) et aux connaissances (à travers des quantités d'entrées).
Au point que vous pouvez vous sentir éloignés, différents même, jusqu'à ne plus savoir ce que vous partagiez, si on avait déjà parlé de « ça », voire même si on se disait tu ou bien si on se vouvoyait etc...

« Oui, il y a une perte du savoir » est une phrase qui se répéte au point de devenir un cliché, et même une sorte de cri de ralliement, exprimé avec contentement aussi bien par des artisans ou artistes que par des philosophes ou psychanalystes. 
On ne peut qu'en être sidéré quand on sait que le savoir s'est développé et se diffuse comme jamais, en particulier depuis les dernières décennies et même depuis ces dernières années. 
Cela n'empêcherait pas qu'en effet il y ait des pertes de mémoire, des trous... Mais tout de même, alors qu'on fouille dans le passé comme jamais et avec de moyens de plus en plus sophistiqués et ce grâce à des équipes de chercheur(e)s de plus en plus spécialistes, c'est difficile à entendre autrement qu'a travers une certaine option idéologique (un peu comme le créationnisme par rapport à l'évolutionnisme).
Il pourrait bien y avoir également un fond de support paranoïaque, comme celui qui accompagne les affirmations par exemple selon quoi tout est manipulé...

Va-t-on atteindre un point de saturation dégoût avec l'accumulation de nouvelles anxiogènes aggravées par des effets de dramatisation de la presse: la crise économique dont on ne connait que le début, la crise écologique qui nous mène droit dans le mur, la montée des eaux qui ne cesse, la fonte de la banquise ou l'acidification des océans plus graves qu'on le pensait, la pollution chimique et la disparition progressive des terres arables de plus en plus alarmantes, tout ça à côté des fusillades et attentats quasi quotidiens, la perspective de guerres nouvelles sans compter la sixième extinction de masse annoncée, la baisse de la fertilité masculine, l'augmentation des maladies auto-destructrices, une aggravation de la santé des jeunes et la prévision d'un nombre considérable de réfugiés climatiques à venir...
Même si par ailleurs le nombre de réfugiés politiques diminue tout comme le nombre d'accidents d'avion et de voiture et que l'espérance de vie augmente constamment dans nombre de pays. Même si les échanges et les communications s'établissent plus facilement, l'accès au savoir se fait de plus en plus simplement, tandis qu'on a jamais produit autant de céréales qui devraient nourrir le monde et qu'une sonde vient d'être envoyée au-delà du système solaire pour étudier des exo-planètes, surtout, que l'accroissement des connaissances en tous domaines s'accélère d'année en semaine?

«Quand l'eau manquera» telle est le texte dramatique de l'affichette de promotion du journal Le Monde du 12/03/09, apposée dans les rues près des kiosques à journaux.
En première page, le titre principal est moins affirmatif: «L'ONU alerte le monde sur la crise de l'eau», tandis qu'en page 4 un long article est plus classiquement intitulé «Combattre la crise de l'eau, une urgence pour l'ONU», avec un sous-titre raisonnable: «Sa raréfaction menace le développement économique selon le rapport des Nations Unies».
Ainsi l'on comprend que la dramatisation et sa charge anxiogène s'amenuisent au fur et à mesure que l'on s'enfonce dans le journal.
La lecture de l'article qui rend compte du rapport de l'ONU laisse paraitre que l'objectif de ce rapport, publié quelques jours avant le Forum mondial de l'eau, est que les gouvernements mondiaux prennent en charge le problème de l'eau avec la même importance que la crise écologique ou financière car «le secteur souffre d'un manque chronique d'intérêt politique, d'une mauvaise gouvernance, et de sous-investissement».
C'est dire que cette affichette qui pourrait avoir un simple effet d'appel, porte en réalité un effet manipulateur.
A deux titres au moins, d'abord parce que seuls les plus lettrés qui liront l'article de fond se libéreront de l'angoisse provoquée par l'affichette alors que les autres seront confortés dans l'idée que décidément rien ne va plus puisque même l'eau manquera. Il s'agit bien d'un futur, la phrase qui est générale implique que l'eau va manquer un jour, partout, y compris ici en France et en Europe, si ce n'est demain.
Ensuite parce que cette affichette est fausse. L'eau ne manquera pas partout ni bientôt. Et l'eau pourrait ne pas manquer du tout si des politiques adéquates sont menées.

Une critique récemment réapparue des textes de Duras - et qu'au moins un de mes éditeurs m'avait également reproché - viserait une sorte d'exagération dans le style, les descriptions, les sensations, ce qu'on pourrait appeler de l'hyperbolie.
Au-delà des particularités, voire des manies et tics que toute écriture peut comporter, cette critique mettrait en cause une trop grande importance accordée à des situations, évènements ou émotions auxquels ordinairement on n'en apporte guère.
J'estime pour ma part que c'est dans les bestsellers qu'on trouve une sorte d'exagération dans l'importance accordée au quotidien quotidien ou aux détails des situations ou sentiments, ce qu'on pourrait alors qualifier d'hyperbolie plate. Expression qui relève de l'oxymore.
On me dit justement qu'une autre critique, en personne, résumerait l'écriture de Duras à une pratique de l'oxymore. Je n'arrive pas à en trouver d'exemples (la chambre hallucinatoire ou les chômages devenir séculaires n'en sont pas). Mais il y en a surement puisqu'on pourrait dire que toute la poésie est oxymorique et que des gens aussi recherchés ces temps-ci que Pessoa la pratique assurément (Le grand quai plein de peu de gens... je suis la vérité qui parle par erreur).
Je perçois de ces deux critiques qu'il s'agit en réalité d'une sorte de refus de la littérature... Tout ce qui s'éloigne de l'ordinaire et tout ce qui n'est pas plat rataplat serait exagéré, au fond tout ce qui serait éblouissant relèverait donc de l'hyperbole ou de l'oxymore.
Tant pis pour qui veut croire ça. Et tant mieux pour ceux qui savent voir autrement.

Se réjouir de la journée de la femme. Ou plutôt des femmes.
Je suis de ceux qui ont vécu la libération des femmes comme une libération personnelle. On peut dire en effet que la libération des femmes a libéré les hommes. Elle ne les a pas diminués ni rapetissés les pauvres hommes, comme on l'entend souvent dire, tout simplement parce que le machisme n'est pas libérant.
De plus les hommes n'ont pas besoin d'être machos pour être hommes, bien au contraire. Ne serait-ce que pour cette raison majeure qu'à un machisme installé correspond symétriquement une sorte de réponse féminine à ce machisme.
S'il reste courant de constater des comportements machos chez les hommes, il est possible bien que moins couramment de capter des comportements féminins correspondant au machisme, quand ce n'est pas un machisme inversé.
Ce qui n'est pas plus libérant pour la femme que pour l'homme.
Se réjouir de cette journée, et vanter encore la libération des femmes dans le monde mondial.
Et des hommes aussi par conséquent.

Il est toujours sidérant de constater lors d'un séjour au large, en l'occurrence en Californie, que pendant une dizaine de jours on peut ne capter aucune nouvelle de France, pas une seule dans les medias, presse, radio, télé...
Tout autant sidérant qu'au retour toute la gamme des nouvelles habituelles reprennent place, par conséquent aussi dans nos têtes.
Avec le lourd rituel des inévitables nouvelles qui arrivent sans en être vraiment, les anniversaires, il y a 50 ans le déplacement des halles du centre de Paris vers le marché de Rungis, reprises dans tous les medias, presque au même moment ou dans les mêmes colonnes, et ce à partir d'une seule dépêche d'agence.
Ou bien c'est l'inévitable apparition annuelle d'un habitué des livres à thèses, R. Debray, par exemple, plein de clichés dans la langue (« tigre dans le moteur »...) plein de clichés dans la tête (la fraternité qui aurait disparu, mais quid de la solidarité et maintenant du respect revendiqué pour chaque individu)...
Et puis au bout de quelques jours on est replongé dans un courant qui déprime un peu plus chaque jour... baisse de 75% des bénéfices de telle banque ou compagnie mais qui s'élèvent quand même à des centaines de millions... Événement ou situation jamais arrivés, ou arrivés pour la première fois mais depuis telle date... Drame honteux ou particulièrement scabreux, développé à gogos...
Quand ce n'est pas l'annonce de mesures politiques dont on croyait qu'elles étaient activées depuis longtemps.

Pour se sauver qu'on s'était mis ensemble. Aussi pour l'amour, on l'avait déjà l'amour... 
Pour s'en sortir?
Non, pas s'en sortir, de quoi d'ailleurs? Non, il s'agissait de se sauver. D'inventer une voie de secours dans ce monde de fous... D'essayer d'être libres et dignes, autant qu'il était possible. Maximalement. Une vie créative, inventer le voyage chaque jour... Se sauver, pour ne pas passer à longueur de semaines sous les fourches caudines.
Caudines?
Tu peux pas savoir ce que c'est, chaque jour des moments... Mais bien sûr que tu le sais... Les centres administratifs fiscaux médicaux qui te convoquent, les trucs auxquels tu dois adhérer, les choses que tu dois suivre, faire, avoir l'air de croire, penser... Sans compter toutes les démarches d'adoubement, les couleuvres qu'il faut avaler, les tuiles qui te tombent sur la tête, les bas-coups éventuels des amis, les courriers négatifs... tout cela dont on voulait se sauver et bien d'autres choses encore, la souffrance, la maladie...
La mort?
Hélas... si cela avait été possible!

Une jeune femme, installée sur la terrasse où je me trouvais légèrement en retrait d'elle, a sorti de son sac un petit livre qu'après avoir gardé un moment dans sa main elle a donné à une amie assise en face d'elle.
Au moment où elle lui a passé, j'ai pu reconnaitre sur la première de couverture une photo de Marguerite Duras. Cette photo est l'une des plus connues, elle y est jeune, belle, presque asiatique, mystérieuse.
Le titre du livre m'a échappé. La collection et l'éditeur encore plus.
Un peu plus tard, l'amie d'en face a rendu le livre à la jeune femme qui l'a caressé deux ses mains, le tournant, le retournant, exprimant assez probablement qu'elle ne croyait pas plus ses yeux que ses mains qu'il existe ce livre. Paraissant le découvrir encore, cet objet miraculeux qu'elle venait sans doute d'avoir cherché chez l'éditeur. Par exemple un premier exemplaire de son (?) livre qui venait juste d'arriver de l'imprimerie, donc qui allait sortir dans les semaines à venir.
Là que j'ai lu/cru lire le tire: L'Amante. Rien de plus, ni éditeur ni collection.
Je réentends la voix de MD (« Emmedée »): Il y a une femme qui vient d'écrire un livre, (temps) pour me tuer...
Le jeune femme est plutôt jolie, je le note car les auteur(e)s ne sont pas toujours beaux ou jolies. Cependant elle pourrait avoir l'air d'une tueuse, oui.
Sur internet, j'ai recherché trace de ce livre possible, rien . Pas encore référencé ou alors j'avais rêvé, ce qui reste possible. Surement j'avais rêvé en état de veille.

Vision douloureuse d'une disparition du livre évidente. Me promenant sur Market Street j'entre dans ce qui semble être l'une des ou la plus grande librairie de San Francisco (Stacey's Bookstore), genre La Hune (à Paris) sur un seul niveau, vaste et profond. Elle renvoie malgré tout un air ancien, de quelque chose qui n'est plus tout à fait au goût de ce monde. Sans doute parce que le décor y est inchangé depuis 50 ou 100 ans, en tout cas ç'aurait pu être le même.
Une affichette assez discrète postée sur la porte d'entrée annonce la fermeture définitive de la librairie, plus aucune commande n'est prise, tout est à moins 40%.
Ma visite déambulatrice est troublée par ces deux raisons: la fermeture de la librairie et l'impression d'une époque dépassée...
Reprenant Market Street, j'arrive quelque temps plus tard devant le magasin de la chaine internationale Virgin (*). Apparemment identique à celui de Paris. Comme il annonce tous produits culturels y compris les livres, je m'y lance. Arrivé au dernier étage, les deux ou trois autres étant pleins de jeux vidéos et de supports enregistrés, films et musique, je découvre quelques rayons minuscules de livres. Y sont empilés les best-sellers du moment -qu'il y avait aussi mais pas seulement dans la grande librairie.
A te dégouter des livres, je me suis surpris à marmonner.
En fin de semaine, à l'aéroport de S-F, je flanote dans une des ces boutiques internationales où l'on offre à la vente genre très peu de tout et guère intéressant. Au fond de l'espace, je trouve une étagère de best-sellers, avec deux ou trois dizaines de livres au plus.
Voilà, je me disais, quelques dizaines de best-sellers par semaine suffiraient à fournir de la lecture au monde mondial?
(*) Le SF gate annonce ce 27/2/09 la fermeture également de ce magasin

Quand était-il apparu que la question mentale pouvait se substituer en priorité à la question sociale? on avait oublié... oui sans doute oublié.
A l’époque l’argument était que la question sociale posée centralement avait toujours abouti à l'instauration de régimes autoritaires dictatoriaux. 
Tandis que par exemple la libération des femmes qui avait été une avancée mentale avait carrément plus changé le monde que toutes les révolutions sociales. On pourrait en dire tout autant de la pratique autorisée de la contraception, de la généralisation malgré tout des droit humains, de la mise en cause progressive de l'opacité et maintenant de la fin annoncée du racisme et du fascisme... 

Ce qui est surprenant, mais aussi rassurant, est qu'il s'est toujours passé quelque chose de plus dur ou de plus grave auparavant, souvent pas si longtemps avant.
Exemple: la contraction de 1,2% du PIB français lors des trois derniers mois de l'année est la plus forte depuis celle de 1,6% au quatrième trimestre 1974, juste après le premier choc pétrolier...
Jamais autant de suppressions d'emplois aux USA depuis 1992, et puis ensuite ce sera depuis 1976... Donc c'était déjà arrivé...
Qui pourrait se souvenir de tout ça sans les statistiques? Qui se souvient des crises antérieures? Nous avons bien trop affaire avec notre présent qui tant qu'il n'est pas passé garde la possibilité de nous faire vivre la plus grande catastrophe depuis toujours.

Retour sur des déclarations récentes de Sollers dans Le Monde. Son conseil, ne lisez rien de ce qui parait en ce moment, retournez au classique. Sauf pour trois auteurs de son éditeur, dont lui-même, un peu gonflé quand même!
Pas même l'humilité de laisser entendre qu'il ne connait peut être pas tout, ni qu'il n'est pas forcément en mesure de comprendre ce qui le dépasserait, lui qui est plus un homme du passé analogique que du présent numérique.

Que faire par temps de crise?
Pourquoi pas de la littérature, c'est ce qui devrait marcher le mieux en temps de crise. Ou alors se mettre à réformer l'orthographe du français et pister ses régles imbéciles...
Sinon quoi? Du théâtre si l'on veut (« Le théâtre, pour moi, c’est du remplissage, remplissage d’espace », écrit YvNo).
En réalité, le plus amusant, c'est d'écrire son blog (tout de même des centaines de millions à travers le monde, si c'est pas une réussite de l'éducation mondiale ça!)
Cependant la littérature n'est jamais ce à quoi on s'attend. Ce qui explique le désappointement des lecteurs d'édition qui ont le tort de s'attendre à quelque chose (quand le titre leur plait)...
Ce qui fait aussi qu'elle n'est pas toujours admise ou comprise tout de suite. Par exemple le Directeur des éditions de Minuit avait pour principe de toujours refuser le second livre des auteurs (rapporté par Echenoz dans son Jérôme Lindon). Certains auteurs (dont Echenoz) cédaient et repartaient d'un pas ferme pour un troisième en oubliant le second. D'autres qui n'avaient pas connaissance de cette manie de principe en seraient devenus fous si par exemple il ne l'avaient pas déjà été parce qu'amoureux (fou)...
Par temps de crise, quand plus rien ne marche, il n'y a que la littérature qui peut marcher. 
Pas forcément du roman, possiblement oui, mais en ce moment surtout du blog de fiction ou de création («...tout de travers je marche sur la trame de rues idéales... on dirait qu'il y a bousculade en cerveaux agités... » Pierre C.)
A la fin de la guerre (seconde mondiale) Michel Leiris tentait d'écrire un texte de présentation pour une édition de son « Age d'Homme », désespéré d'apercevoir par sa fenêtre la ville du Havre détruite sinon rasée, au point qu'il ressentait toute la dérision de cet essai d'écriture.
Plus d'un demi-siècle après, Le Havre est plus debout que jamais et le texte «De la littérature considérée comme une tauromachie» est devenu un texte de référence.
Par temps de crise la littérature est encore plus nécessaire que toujours, même si rien ne parait aller dans ce sens.

La crise est pronostiquée de plus en plus forte, beaucoup de commentateurs en rajoutent pour nous prédire les temps les plus sombres. Le choc est à venir clame un psychosociologue allemand, pour qui manifestement on ne s'en remettra pas de sitôt, voir jamais. Le cliché du mur revient, on se dirige droit dans le mur, après tout la Terre pourrait bien exploser et nous disparaitre à travers la fameuse (?) 6ème extinction annoncée.
Il est vrai que la crise désormais est la crise, même plus financière, économique ou politique, c'est la crise, globale et générale, ce qui pourrait d'ailleurs recouvrir tout autant l'idée d'une fin de cycle que d'un début de cycle.
Car l'accroissement des connaissances se poursuit à un rythme jamais atteint. Par exemple la découverte d'une exoplanète nommée Exo7 B qui contrairement aux centaines d'autres géantes repérées, seraient à bien des aspects comparables à la Terre, à peine deux fois plus grosse, peut-être rocheuse, même s'il y ferait une température de plus de 1000 degrés.
Ces découvertes me semblent pouvoir nous dire que l'avenir n'est pas limité à demain et qu'il pourrait bien y avoir une suite imprévue à tout ça!

A l'affirmation de G. (qui lui fait plaisir), que nous serions en plein Kafka avec tous les systèmes de surveillance, tous les enregistrements vidéos informatiques etc...  je redisais combien cela m’est absolument égal que les services de renseignements captent mes messages etc. 
Id que ces divers services aient la possibilité, à partir de mes appels téléphoniques, de mes passages au péages d’autoroute et de mes paiements avec cartes de crédit ou de mes envois de mail etc, de savoir ce que je fais, où j’étais à tel moment etc.
Je ne suis pas paranoïaque ou pas au point de m’en inquiéter. Bien sûr cela implique que je ne sois ni bandit ni fraudeur d’envergure. Et surtout que le régime politique sous lequel on vit ne soit ni totalitaire ni inquisiteur .
Il est facile d'y opposer le pire du passé, la contrainte sur l’individu infiniment plus forte aux temps des guerres, de l’administration civile ou religieuse toute puissante, du service militaire, des commissariats uniquement masculins etc.
Bien sûr si l’on me dit que ce n’est pas une raison pour que les libertés individuelles soient gommées par des lois successives je suis évidemment complétement d’accord…
Néanmoins je fais remarquer que grâce à cette possibilité de reconstituer le parcours des gens, soit on peut sauver des gens en perdition soit au peut arrêter des gens réellement malfaisants.
Sauf qu'hélas le pouvoir ne peut s'empêcher d'en rajouter à tous les niveaux de sa pyramide et que dans la pratique, sur le terrain, la tendance la plus spontanée est d'accroitre l'emprise sur l'individu.
En témoigne l'info stupéfiante selon quoi 1% de la population française âgée de plus de 13 ans a été mise en garde à vue au cours de l'année 2008, soit près de 600 000 personnes...

Un cliché revient toujours qui consiste à dire que le monde a la tête à l'envers. C'est fort possible mais comme des gens de pensées fort différentes le clament tout autant, c'est un cliché.
Je trouve surtout que le monde est à l’image de nos claviers de machines en AZERTY qui perdurent alors qu’ils avaient été conçus pour les machines à tiges afin d'éviter que les plus utilisées se collissionnent…
Autrement dit on pourrait bien entendu utiliser un clavier en ABCD sur nos ordinateurs, donc les enfants n'auraient pas apprendre cette pratique inutile d’Azerty etc…
Autrement dit encore, le monde surement oui fonctionne toujours avec un code décalé de sa propre contemporéanité.
Est-ce que les langues seraient en déclin, est-ce qu’on écrirait avec de moins en moins de mots? constituent d'autres clichés auxquels je pensais en lisant Pierre Michon dont la réussite par exemple dans Vie de J Roulin est d'écrire la langue du sujet de son livre, celle du 19e. 
Je me demandais ce que cela aurait donné de l'écrire avec une langue vivante du 21e (le livre en question date de 1988). Moins de subjonctif imparfait c'est sûr, plus d'imparfait de l'indicatif qui semble prendre une nouvelle carrure dans l'écrit des blogs... Moins d'expressions anciennes aussi et plus d'expressions nouvelles... Vous croyez?... Bien sûr, oui, il suffit de se reporter à l'épaisseur croissante des dictionnaires papier pour le comprendre...

Soirée emplie de discussions de fond qui à un moment frisent l'agressivité comme un jour de pleine lune...
Elle me dit que je m'intéresse trop à ce qui m'intéresse. Quoi? Je m'intéresse à tout ce que je peux comprendre un peu et à tout ce qui fait que je ne comprends pas...
Ensuite la parole bascule sur un tas d'histoires de conflits, dont je dis qu'en général je fais tout ce qu'il faut pour ne pas en être.
Je dis aussi: ce que je n'aime vraiment pas dans la vie c'est la guerre entre les hommes et les femmes... Elle me répond qu'elle ne fait pas la guerre... Je n'avais fait que dire que je n'aimais pas la guerre entre les hommes et les femmes.
Je repense à "l'invivable contemporain", de mon voyage de la journée je retiens que pour acheter des tickets de métro, il faut désormais se servir de machines automatiques. Pas forcément à redire, au fond est-ce que c'est intéressant pour un humain de vendre des tickets de métro?
Oui mais ces machines sont installées, sans abri protecteur, en bordure du couloir d'entrée où le courant d'air s'exerce à la manière d'une soufflerie industrielle au point qu'à peine manipulé une commande l'on peut déjà avoir attrapé la crève ou une otite aigüe pour les enfants.
Facile de comprendre que les concepteurs de l'affaire ont appliqué leur objectif sans penser aux gens censés la pratiquer.

Si l'on veut écouter la radio un jour de grève pour la défense du service public, il faut aller sur les radios commerciales. En effet les radios publiques sont dans l'impossibilité de diffuser leurs programmes habituels, remplacés par quelques bulletins d'infos et de longues plages de musique au rabais. 
A une époque, la radio publique en grève diffusait un programme non stop de musique classique, je me souviens que cela ne me déplaisait pas même si ça pouvait angoisser. 
A d'autres moments et dans d'autres pays, quand la radio officielle s'arrêtait pour n'émettre que de la musique classique cela voulait dire qu'il y avait un changement de régime en cours, par suite d'un coup d'Etat, ce qui, il faut le reconnaitre, se fait de moins en moins...

Les jours de grève, jusque dans les années 1960/70, il y avait des coupures d'électricité et le téléphone ne marchait pas, pour cause de non automatisation. A Paris, la ligne 14 du métro fonctionne même en cas de grève car elle est automatisée.
Du 19ème au milieu du 20è siècle les grèves longues se terminaient souvent par l'intervention de l'armée, il parait que sous Staline quand il y avait des révoltes, à défaut de grèves, les chars faisaient l'affaire.
En mai 1968, Maurice Blanchot s'écriait à la Sorbonne: « manifestons-nous »! (ceci rapporté par J-B Puech). 
Il avait raison, Blanchot, nous devrions nous manifester davantage.
A propos de quoi, quand? Toujours, au diable la réserve!

YvNo qui n'écrit plus sur papier, qui parle de son adolescence sans joie, en fait écrit en parlé sur tous sujets de sa vie par les secondes qui courent... se renseigne sur comment faire pour avoir le cul propre avant de rejoindre son amant.
Un de ses amis lui conseille de se servir du tuyau de douche après en avoir retiré la pomme.
Il y a déjà longtemps j'ai découvert dans les pays arabes la manière de se laver les fesses dans les toilettes, après le caca, à l'aide d'un tuyau d'eau justement, le papier y étant considéré comme peu civilisé. S'agissant donc de se laver au lieu de s'essuyer, mais pas de se faire un lavement.
A noter que c'était une pratique médicale répandue, les lavements, qui a disparu, tout comme les ventouses dans le dos et les sangsues dans le cou...
Il parait que des bourgeoises se font nettoyer le gros intestin pour avoir l'impression d'être propre partout. Il parait aussi que c'est assez douloureux...
YvNo quant à lui surfe sur sa tornade de libération en lien à son savoir de danser.

Oui oui, mais vous êtes comme les autres, vous vous heurtez au mur, me disait Alain Veinstein, pour contrer mes assertions enthousiastes sur l'accroissement des possibilités, de l'intelligence et des connaissances, que je crois pouvoir associer à ce 21e siècle.
Pourtant c'est bien cela -d'essayer de crever le plafond- qui meut toute mon entreprise d'écriture. 
Et d'y parvenir un peu, petit peu...

On aimerait revenir en arrière, effacer la réalité sordide. Les avions sont restés sur leur base, les soldats s'amusent à la guerre virtuelle, les bâtiments se redressent, les écoles reprennent vie, les morts sont debout à s'affairer comme d'habitude, il n'y a pas de bombes ni de roquettes, les arbres sont en place et vont donner leurs fruits. Voilà que les hommes ont un peu de bon sens, ils écoutent plus les femmes et surtout leurs mères, ils ont à la conscience que depuis toujours les guerres ont opposés des voisins. Il se trouve que désormais les voisins se parlent, dans pas mal d'endroits du monde on fait même des fêtes entre voisins...

Parce qu'elle m'a cherché tout le cours d'une soirée, m'accusant d'être trop rationnel et je ne sais quoi encore, d'en inventer toujours dans l'intellectuel ou le mental, je rétorque à la belle que c'est vrai j'opte résolument pour la piste d'intelligence. 
Mais quoi? j'aime aussi la passion, la tendresse, le physique, la douceur, la sensualité, l'amour... et le sexe qui on le sait est sans doute ce qu'il y a de moins rationnel.

B.F. vient d'écrire un petit livre de peu de mots, clairsemés sur quelques pages, qui s'appelle Rien. 
C'est bien mais c'est triste, je lui ai dit. Terrible, tu veux dire.
Même si son Rien est singulier, il me semble que tout auteur(e) de l'histoire aurait pu écrire à peu près cela.
Car elle n'y intègre pas l'accroissement de l'intelligence et des connaissances par exemple. 
Ni l'accroissement des possibilités en général. 

Dans la série "les systèmes lourds". A cette banque, toujours il faut faire la queue pour atteindre un guichet où deux personnes tentent de régler les pbs des gens. C'est très lent. 
La direction, je présume, a eu l'idée, pour solutionner ces problèmes d'attente au guichet d'installer une machine qui s'appelle « information ». Et qui a l'air de trôner dans un coin comme une personne.
Bon, il faut d'abord introduire sa carte puis composer son code avant de pouvoir demander quoi que ce soit. Ce jour-là, je cherchais à connaitre le cout des retraits aux distributeurs et aussi des paiements par carte, tous deux hors de la zone euro. Pas trouvé parmi toute une batterie de questions générales... De toute façon pas le genre d'infos que les banquiers aiment donner!

Des auteurs français se mettent à retraduire des auteurs anciens. Il y en a même qui entreprennent une retraduction à partir d'une précédente traduction. Y introduisant ainsi leur vision historique dans des textes vidés de celle qu'ils portaient.
Que signifie-ce?

Au-delà de l'imposture que représente cette dernière entreprise, cela montre qu'ils sont dans la panique de ne pas comprendre la spécificité du temps présent. Et préfèrent lui tourner le dos.

C'est fou ce qu'on peut faire de fautes dans les mails, textos et autres écrits rapides, plus encore dans les messageries instantanées, sur facebook par ex. Bien sûr, ce pourrait être lié à la rapidité justement qui force à précipiter les mots et en plus à les écrire en abrégé. Sans compter qu'il n'y a pas de temps de relecture.
Ou alors l'orthographe étymologique se découvre bien peu en accord avec notre pensée présente? 
Si l'on y pense, les accords de verbes à la mode latine n'ont plus de bon sens. Et puis si l'on tenait compte de la théorie de l'information on n'accorderait pas tous les éléments de la phrase. Et en tout cas on rendrait logiques beaucoup de graphies d'usage...

Je ne connais personne ayant vécu la grande dépression des années 1930, en revanche j'ai un souvenir détestable de l'année 1993, marquée par la récession, et surtout des années qui ont suivi durant lesquelles ont émergé un tas de visions rétro et archéo militant pour la fin de la modernité.
Espérons que de la crise présente il ne sourdrera rien de tout ça mais au contraire un sursaut de modernité. 
Au moins un effet de contemporanéité.

Une bonne raison d'arrêter toutes les guerres, ou de ne pas les déclencher, puisqu'aucune autre jusqu'à maintenant n'y est parvenue, pas même celle faisant valoir qu'elles tuent des innocents et font souffrir des enfants, des femmes et des hommes qu'on nomme les civils...
Savoir que les guerres polluent plus que toute autre activité humaine, qu'elles émettent énormément de gaz à effet de serre, qu'elles gaspillent de l'énergie, détruisent des ressources etc.
Outre bien sûr qu'elles nous ramènent au fin fond de l'humanité.

2009 / tous droits réservés / texte reproductible sur demande




courrier:  JPC@JeanpierreCeton  english  espaÑol  biographie  liens  commander  haut de page