Jean Pierre Ceton
romans

LE BLOG DATE : notes des jours, chaque jour, parfois ou presque...

2012 // 2011 // 2010 // 2009 // 2-08 // 1-08 // 2-07 // 1-07 // COMP'ACT 06 m'écrire

« 2012 n'aura pas été "une année négative" pour l'industrie du livre », déclare le président du Syndicat national de l’Édition, à peu près comme le président précédent l'avait fait l'année passée selon Actua Litté (actualitte.com).
Si l'on sait lire à travers les lignes, ce n'est pas une mauvaise nouvelle !
Coté vraie bonne nouvelle, un groupement de libraires parisiens annoncent s'organiser pas tous moyens pour satisfaire les commandes de livres (et leurs clients) dans l'après-midi même, au pire le lendemain. Autrement dit, faire mieux qu'Amazon!
Ce qui est une condition essentielle à la (sur)vie des librairies locales. Une mesure réclamée ici avec conviction depuis des années dejà.

31/12/12, 23h 31, place Saint-Germain-des-Prés, un couple m'aborde, la femme sourit, l'homme demande: excusez-moi, vous êtes d'ici ? on m'a dit de venir dans ce quartier, qu'il y avait une ambiance sympa, et y a rien, personne / Oui, mais il pleut, enfin, c'est très curieux, depuis une demi heure je me promène dans les rues, elles sont vides en effet, il n'y a personne, les gens sont dans des fêtes intérieures... / C'est la vérité ce que vous dites, ou vous faites de la poésie ? / Les deux ! (rires)

Une cheffe de petit parti écologiste interviewée par une télé depuis sa résidence de campagne, regarde le ciel, elle dit : « voyez, nous sommes dans le Gard (France), il fait 14° à 10h du matin ! » Et elle embraye sur le réchauffement climatique.
Loin de moi de contester ce réchauffement, encore qu'il faudrait mieux parler de changement climatique. Ainsi Météo France indique que dans ce même Gard, à Nîmes, il faisait plus 21° le 18 décembre 1987 et aussi (moins) -9° le 27 décembre 1962.
Aujourd’hui il fait 43° à Rio de Janeiro, température la plus élevée jamais connue, comme disent les médias, en réalité pas depuis 1915.
Par ailleurs, il a neigé de plus de 40 cm hier à Montréal, presque autant qu'en 1971, tel dernier ouragan n'avait jamais été aussi violent depuis 1993 etc.
Les ringards disent parfois que le monde marche sur la tête, il arrive souvent en tout cas que les médias regardent les choses à l'envers.
Par exemple, ce matin, on entend ceci: "En Inde les violences faites au femmes explosent ».
La vérité est que ce sont les manifestations contre ces violences qui explosent. Et surtout les dénonciations des viols qui jusqu’alors ne l'étaient pas, dénoncés. Et aussi les dénonciations du fait que la police refuse de prendre les plaintes des victimes de viols, ce qui était la règle depuis toujours. Tout comme ici, il y quelques décades seulement, en France, à l'époque où il n'y avait pas de policières femmes.

Stupéfiante, cette conviction de beaucoup de scientifiques que, si l'on ne sait pas encore, on est sur le point de savoir, de connaître, de comprendre tout. On ne sait pas encore s'il y a de la vie ailleurs dans les cieux, on ne sait pas encore quelle est l'évolution probable de l'univers, on ne sait pas du tout ce que veut dire cette planète récemment découverte qui n'aurait pas de soleil etc. On le saura prochainement, bientôt, on est pas loin d'avoir tous les outils pour savoir.
A l’image de ce sous-titre du journal Le Monde de ce jour affirmant que « la découverte de cette particule élémentaire, le boson de Higgs, permet de percer les derniers secrets de la matière. Et livre peut-être la clé de la compréhension de l'univers ». Génial !


« Il faut arrêter » est une expression qui ponctue les conversations de bars, voire les soliloques de discussions « autour d'un verre ». C'est étrange qu'elle soit couramment utilisée par quelqu’un comme Daniel Cohn-Bendit (il n'est pas le seul) si habitué pourtant des think-tanks autant que des discours publiques.
C'est une injonction, voire une intimation à cesser de dire ceci, à ne plus penser ou faire cela.
Mais c'est aussi une expression autonome qui tient toute sa force, accompagnée de mimiques adéquates, dans une envolée concluante: « non, il faut arrêter »! De préférence, grassement répétée : « il faut arrêter, arrêter ! »

Un ami sculpteur d'un ami peintre qui habitait chez moi, avait entreposé dans sa pièce une sculpture de retour d'exposition, sous prétexte qu'habitant loin il ne pouvait la transporter. Rapidement cette sculpture avait pris trop place, aussi bien l'ami peintre l'avait subrepticement descendu dans la cave de la maison où elle avait de nombreuses fois été déplacée, l’objectif étant qu'elle prenne le moins de place, or elle en prenait toujours trop. Chaque fois qu'on le lui réclamait, le sculpteur affirmait qu'il viendrait la chercher mais n'en faisait rien. Et puis, à l'occasion d’un rangement, ce qu'il faut faire car les caves urbaines s'emplissent à mesure qu'on les vide, à l’occasion donc, la sculpture avait été repoussée dans le soubassement menant aux égouts. Un endroit humide dans lequel elle s'est affaissée comme par vieillissement.
Un jour, il y a peu, -l'ami peintre avait déménagé, d'autres gens s'étaient installés avec d'autres objets-, une équipe de la ville de Paris est venue faire des travaux dans ce soubassement, avant d'évacuer tout ce qui s'y trouvait. La sculpture de l'artiste, ami de mon ami, est du coup repartie, aplatie, dans le camion des égoutiers.
Une carapace de carton sur structure métallique, peinte en rouge, portant les mots d'un poème de Desnos. Partis eux aussi.

Ce qu'il y a dans la tête, dans la tête des gens, est mystérieux. On ne sait jamais ce qu'ils y ont. Ni ce qu'il pourrait y avoir. Et puis on peut toujours s'essayer à en faire bouger les lignes, généralement, c'est impossible, ça ne change pas.

La création de postes dans l'éducation nationale, même de milliers de postes, ne va guère transformer l'éducation, à part résoudre quelques problèmes locaux.
Certes elle permettra une sorte de réconciliation entre les enseignants et leur gouvernement.
Mais ça ne va pas résoudre la séparation croissante entre les enfants de plus en plus immergés dans le monde numérique et les professeurs toujours majoritairement accrochés au monde analogique.

Plaisir d’entendre un Québecois sur France Culture ce matin, Charles-Philippe David, qui traduit en français. Quoi ? Il s'exprime en français.
Il parle de pouvoir souple (soft power) ou de pouvoir brutal (hard power). Et surtout de pouvoir intelligent (le smart power, revendiqué par Obama). Et ça parait tout naturel !
Est-ce que ça ne donnerait pas aussi plus de sens ?

Pas de visite virtuelle de l'exposition Salvador Dali sur le site du centre Pompidou, et ce contrairement à ce qui avait semblé être annoncé lors du lancement de sa plateforme numérique. L’argument avancé était qu'il s'agissait là d'une démarche de service public.
En effet, c'en serait une pour quiconque ne peut pas matériellement se rendre à l’exposition, ou ne supporte pas de faire des queues interminables. Ou encore n'a pas une envie folle de voir ou revoir les oeuvres de Dali, mais seulement d'y jeter un oeil.
On voit là, comme d'habitude pour les institutions, la distance qu'il peut y avoir entre communication et réalité de la chose.
En cherchant cette visite, on tombe sur un page guère avenante où l'on parvient tout de même à trouver une bande-annonce de l'expo (dont une bonne minute de générique de fin).
Par ailleurs le site indique que la collection du Centre est en ligne, mais elle ne se trouve que par une recherche interne incertaine...
Il y a en fait de la restriction, de la méfiance, une indéboulonnable inertie sur des habitudes de conviction.
Pourtant une vraie visite en ligne n'empêcherait pas des publics nombreux de se rendre sur place, ça en drainerait même peut-être davantage !

Table est sans doute le mot le plus utilisé ces dernières années (en français, en anglais et sans doute dans plein d'autres langues) : se mettre autour d'une table, mettre tout sur la table... Significatif d'une époque qui tente d'en passer par la négociation plutôt que par l'affrontement pour résoudre les conflits en tous genres, car il y en a !

Une thèse récente sur l'évolution déclame que si un Athénien de 1000 ans avant JC revenait à la vie il serait plus intelligent que les humains d'aujourd'hui.
Voici en tout cas une info qui le stupéfierait raide sur place :
« Les négociateurs se retrouvent le 26 novembre à Doha au Qatar pour tenter de s'accorder sur des stratégies visant à limiter la hausse moyenne des températures sur Terre à +2°C d'ici à 2050 » (Presse 22/11/12).
Et encore pourrait-il en parler en connivence avec nos ancêtres de la première moitié du siècle précédent (s'il en croisait), qui n'auraient pas pu imaginer non plus que les humains se mettraient dans la tête de contrôler la température sur Terre, ni d’ailleurs d'avoir une quelconque action sur le climat.
L'occasion est trop belle pour divers organismes de surenchérir de prévisions les plus alarmantes possibles qui ont l’avantage de tout brouiller.
Si bien que même en se sentant aussi intelligent que l'Athénien revenu, on ne peut guère penser grand chose à part que la période est au réchauffement.
Tout de même penser que si on pouvait se passer du charbon ce serait déjà une bonne chose, après le pétrole il faudrait bien aussi...

Résolu ! 5 de mes livres sont à nouveau en vente en édition numérique sur Google Play. L'affaire a été réglée par le processus d'aide en ligne, donc par des robots. L'aide personnalisée n'a pas fonctionné, les conseillers ne trouvaient pas le point d’achoppement.
Je ne veux pas dire pour autant que les humains sont moins intelligents que les robots, non, l'habileté des robots fait partie de l’intelligence humaine.
Je ne veux pas dire non plus que les humains sont de moins en moins intelligents, je crois tout le contraire. Et ce contrairement à la dernière thèse sur l'évolution de l'intelligence humaine, à profusion diffusée, selon laquelle les performances de notre cerveau seraient sur le déclin.
Ce serait apparemment peu pensable que les medias titrent sur l’accroissement des capacités intellectuelles humaines...
Je ne sais pas pourquoi!

Dans un de ses entretiens avec Jean Amrouche de 1949, rediffusé sur France Culture dans ma nuit rêvée, André Gide raconte qu'un soir à Léningrad, au cours de son voyage en URSS (1936), un officier vient le prévenir à son hôtel de ne pas prendre l'avion qui devait le lendemain le reconduire à Moscou.
C'est lui qui avait laissé entendre qu'il aurait aimé prendre un avion soviétique, d'autant qu'à l'aller il avait dû voyager dans un avion allemand pour se rendre à Moscou.
Dans mes souvenirs d'une première écoute de cet entretien, il me semble que Gide précisait s'il avait pris cet avion ou s'il était rentré en wagon spécial par le train. Avec le temps j'avais même l'impression qu'il avait dit que l'avion s'était effectivement écrasé.
Or dans l'enregistrement diffusé ce 14/10/12 (soit le 25ème ou le 26ème entretien), il y a une coupure, Gide s'arrête après avoir relaté son trouble provoqué par l'insistance de cet officier qui lui avait parlé après s’être assuré qu'il n'y avait pas de micros dans la chambre.
Je ne m’explique pas pourquoi il y a cette coupure dans l’enregistrement.

Depuis deux semaines, mes livres dont on peut lire des extraits sur Google livres ne sont momentanément plus disponibles en édition numérique sur Google Play. On m'assure qu'ils le sont toujours pour ces pays : GB, USA, CA, AU, ES, DE, IT. Mais plus en France, momentanément. Ce qui confirmerait que le local existe encore...
Ça fait partie des situations ubuesques auxquelles un écrivain doit faire face. Bien sûr, il n'est pas le seul à devoir faire face à des situations ubuesques. Et en l'occurrence je ne suis pas le seul !
Les spécialistes « travaillent afin de régler le problème », j’espère juste qu'ils trouveront rapidement une solution.

Le président français a cru bien faire d'ajouter à sa lettre de félicitations envoyée au Président américain la mention manuscrite « friendly » qui semble t-il n'est pas en usage en Anglo-américain. Et qui pour le coup a un petit côté ridicule. Voilà bien une marque d’inculture autant que d'une manie de ne pas rester dans sa langue quand c'est possible.
Pourquoi en effet ne pas avoir écrit « avec amitié » en français?
Ou, tout simplement, ce beau mot « amitié » que Barack Obama aurait compris. Et qui certainement l'aurait touché sans y percevoir la moindre arrogance.

Toute la nuit les journalistes politiques ont ressorti leurs mots fétiches des soirs d’élections, parlant du fief d'Obama, en l'occurrence Chicago et se gargarisant du « tomber dans son escarcelle » au fur et à mesure des résultats, chaque fois qu'un des États lui revenait.
Escarcelle, bon c'est vrai, ça ne se dit pas beaucoup, parfois un peu à tort et à travers dans les commentaires sportifs. Un vieux mot français, plutôt provençal, venant de l’italien qui signifiait avare, retenu désormais comme « grande bourse autrefois portée à la ceinture » !
Fief, c'est vieu aussi, datant de l'époque médiévale pour désigner une terre concédée à un vassal en charge de divers devoirs envers son seigneur... Des mots totalement inadaptés, convenons-en.
Anyway, four more years : Bon matin Obama !

Premières réactions de lecteur(e)s "pros" à la lecture de mon roman « Les Tourments de Claire Ardeen » :
« L’histoire est bien menée, l’écriture qui illustre le désespoir de l’héroïne est en accord avec le projet... » (Alix Penant)
« Un roman qui se lit aisément, je l'ai fait d'une traite, et non sans agrément, alors même que l’insatisfaction amoureuse de la narratrice ne m’intéresse guère ou pas... Ce que vous faites bien et très naturellement, c'est de reproduire la manière dont on parle, entre amis, au téléphone, etc . » (François Taillandier)
« Un sujet intéressant, notamment dans le renversement qu'il opère par rapport aux clichés encore bien solides sur la sexualité féminine... » (Sophie Bogaert)

« Où ça va nous mener tout ça », elle m'avait soudain demandé en souriant ?
On parlait de la technologie de notre époque, de la disparition des repères.
J'avais affirmé que, contrairement à ce qu'on disait, cette époque avait plus de valeurs qu'il n'y paraissait.
« Et à quoi ça va nous mener tout ça, hein ? »
« Mais, à toujours plus d’intelligence, j’avais répondu spontanément, au développement toujours plus grand de l'intelligence ».
En réfléchissant, j'avais ajouté: « oui, ça nous mène inévitablement au développement de l’intelligence, on se dirige de fait vers de plus en plus
d'intelligence »...
Il ne s'agit pas d’intelligence cervicale seulement, mais de celle du corps tout entier, et du corps social et mondial aussi.
Je devais reconnaitre que ce n'est pas forcément ce qu'on croit apercevoir du monde.
Pourtant oui, c'est ce qui se passe et c'est le plus probable qui va se passer.
De même que tout s'élabore toujours plus, davantage, et plus vite, les textes anciens se révèlent éloignées de nos modes de pensée.
Et le développement des connaissances est constant, beaucoup datent seulement de quelques années, voire apparaissent sous nos yeux ahuris...

Déjà 300 exécutions à mort en Iran pour les huit premiers mois de l'année 2012, selon les chiffres officiels. Certainement plus, indiquent des sources non gouvernementales, il y en aurait eu 670 durant l'année 2011, y compris de mineurs.
L’Iran est le pays qui pratique le plus la peine de mort -suivi de la Chine et des USA-, alors que plus des deux tiers des pays l'ont abolie et que seule une dizaine d’États continue de l’appliquer.
Récemment, un certain nombre d'intellectuels musulmans se sont réunis au Maroc pour promouvoir l’abolition de la peine de mort dans leurs pays qui, même s'ils ne l’appliquent plus effectivement, prévoient tous la peine de mort comme châtiment « suprême » légal.
Ce qui n'est guère surprenant puisque la loi islamique date du courant du premier millénaire où la peine de mort était naturellement pratiquée, si l'on peut dire, sur toute la Terre.

« Triste époque, où la société littéraire préfère lire sans danger Amélie Nothomb, plutôt que de se risquer à lire... » écrit le chroniqueur de L'Observateur.
D'abord la société littéraire (?) ne lit pas Nothomb qui a son public particulier de lecteurs et surtout de lectrices, genre pas très éduqué(e)s ni littéraires, de psychologie psychologisante, super analogiques, c-à-dire assurément pas du tout numériques, ni dans la pratique ni dans l'esprit. Tout comme elle, à son image, du pareil.
D'autre part, et même si ça n'a aucune importance, commencer son article par un « Triste époque » à la manière dont s'exclamait le brave paysan du début du 20e, sortant de sa porte pour constater qu'il faisait un temps de chien, n'est pas très digne de quelqu’un qui a le pouvoir d'écrire ce qu'il veut dans un journal bien diffusé du 21e.
C'est ignorer, entre autres, qu'au début du siècle dernier justement le Marcel qui était connu n’était pas Proust mais un certain académicien du nom de Marcel Prévost.
C'est Marcel Proust qui raconte la scène, arrivant dans une soirée mondaine, il entend à son passage une femme qui chuchote à ses amies : « Ah, c'est lui le grand écrivain Marcel Prévost ! »
Ceci n’ayant rien de rassurant pour personne.
Ni pour qui sera super connu dans un siècle alors que la sus citée ne le sera plus.
Pas davantage pour ce critique dont les livres qu'il propose ne sont pas plus surement intéressants que ceux d'icelle-là dont je trouve contrairement à lui la lecture dangereuse pour la bonne santé intellectuelle.

Aujourd'hui, au Forum des images (2, rue du cinéma Paris 1er), est donné en hommage à Marcel Mazé un programme de courtmétrages, dont mon film Narcisso-Métal.
Disparu cette année, Marcel Mazé avait été à l'origine de la création du Festival du jeune cinéma de Hyères, en particulier de sa section « Cinéma différent », ainsi que de la coopérative de cinéastes indépendants, expérimentaux ou différents : le Collectif jeune cinéma dont il est resté proche jusqu'à la fin de sa vie.
C'est lui également qui a invité plusieurs années de suite Marguerite Duras au Festival de Hyères où ont été montrés nombre de ses films.
Ce qui est drôle et amusant, c'est que c'est à peu près le programme qu'avait vu Duras à ce festival de Hyères, le jour où Marcel Mazé m'a présenté à elle et où elle m'a dit que Narcisso-Metal était un film d'écrivain.
A peu près le même programme, à part que Marcel n'avait pas encore réalisé ses deux films proposés dans cet hommage, avec des films de Pierre Clémenti, Jean Paul Dupuis et Gérard Courant.

J'ai été particulièrement heureux de faire une lecture-présentation des « Entretiens avec MD » à la librairie Le Port de tête à Montréal. Précisément au Québec, ce pays dont j'envie souvent la pratique du français, à savoir celle d'un usage inventif et créatif.
Par exemple, les rectifications de l'orthographe de 1990 y sont admises au même titre que l'orthographe préexistante, tandis qu'ici, en France, elles sont globalement ignorées dans l'enseignement primaire autant que secondaire, rejetées dans le monde de l'édition et très peu pratiquées dans celui de la presse.
Ici, la règle c'est le rejet du néologisme quand au Québec on semble en prendre l’option. Ici, on est coïncé dans une alternative « ça se dit ou ça ne se dit pas en français ? », que je voudrais bien transgresser par un « est-ce que ça pourrait se dire ? », étant donné que la réponse serait oui dans la plupart des cas.
Depuis longtemps on y a transposé le « ing » anglais par le « age », non admis ici, pourtant pratique et spontanément dit par les enfants (gravage). On dit plutôt « sans fil », « hambourgeois », mais aussi « bon matin », nettoyeur (pressing), « ça se marche bien » pour dire d'un lieu qu'il n'est pas loin à pied. On traduit sans attendre le mot anglais, tel ce « courriel » qui n'a pas pris en France...
C'est une tristesse pour moi de « voir » l'énergie rageuse dépensée par les dits « défenseurs de la langue » pour entraver cette vitalité qui pourtant seule permettrait au français de rester ou redevenir une langue où l'on crée du concept.

Ne ratez pas les sourires ! que dis-je, observez les sourires de plaisir qui illuminent le visage des gens, souvent jeunes, lorsqu'ils découvrent leur SMS en marchant dans la rue ! Ça se fait, c'est même très répandu, des sourires s'épanouissant à mesure de la lecture. Il est vrai que ces SMS ou textos apportent en général de meilleures nouvelles que les lettres postales...
Conseil adressé à l'éditeur « en affaire » de chez Gallimard qui se déclare « effrayé par le monde qui s’annonce ». Et à la bande de oufs (Finkielkraut, Bergougnioux, Michon, Camus -qui n'est pas Albert) et d’autres qui, selon « République des livres », le rejoignent sur bien des terrains (défense de la langue ou d’une certaine idée de l’éducation et de l’enseignement, dénonciation de la doxa politiquement correcte).
Conseil bien inutile, car je sais qu'ils n'en démordront pas de leur obsession à rejeter leur époque plutôt que d'essayer de la comprendre. En l'occurrence de la voir.

L'éditeur démissionné du comité de lecture de chez Gallimard, « n'abandonne pas son travail d'éditeur il continuera de suivre ses auteurs ».
Oh là là ! Qu'est-ce que ça veut dire ?
En fait ça parait normal à tout le monde (de l'édition) que dans une grande "maison", il y ait un certain nombre d’éditeurs qui se partagent pour s'occuper de « l'écurie » toute entière. Quand même on aimerait bien savoir ce que ça veut dire. On aimerait bien que les auteurs en question l'expliquent eux-mêmes.
D’après ce qui se dit, ça signifie corriger, inciter à changer, modifier, caviarder. Il semble que la plupart s'en moquent ou le supportent. Certains à un moment se révoltent. D'autres parviennent au prix de quelques compromis à y échapper.
Tout de même, ça veut dire quoi ? Formater? Rendre plus facilement commercialisable? comme me disait Yv-No.
Précisément, passer au contrôle du point de vue de cet homme dont on ne sait s'il revendique la langue pure parce qu'il est plus ou moins raciste. Oui s'il l'est parce qu'il est obnubilé par la pratique d'une langue pure. Du point de vue de cet homme, en tout cas, dont on contestera ce qu'il dit être : « celui d'un écrivain et non, comme on voudrait que je le fusse, celui d'un activiste d'extrême-droite ».
Pour rire, parce qu'il vaut mieux en rire, testons son expression : « comme on voudrait que je le fusse », testons-la dans la rue, dans les couloirs de lycée, où on voudra, ça devrait faire rire !

Pourquoi je t'avais dit que ça m'avait fait plaisir de te rencontrer?
C'était choute que tu me demandes ça...
Mais parce que j'avais du plaisir à te parler, à marcher avec toi, à être avec toi !... Non? Nous avons du plaisir à nous parler, n'est-ce pas ?
J'avais au dernier moment écarté ce qui m'était d'abord venu à la pensée : "du plaisir à être ensemble".
C'était vrai, nous avions du plaisir à être ensemble, à nous regarder, à nous parler, tout comme à décider de ce que nous allions faire ensuite du moment où nous étions.
J'avais du plaisir au point d'être dans un état amoureux. Sans implication immédiate. Juste à être dans cet état amoureux qui fait qu'on ressent une joie d'exister et qu'on peut voir du monde ce qu'on n'en verrait pas sinon.
D'ailleurs on devrait toujours être en état d'être amoureux. On devrait toujours être amoureux. En général, et précisément si c'est possible.
En l'occurrence je l'étais grâce à toi, amoureux, plus que d'ordinaire.

Encore un livre au sujet pourtant intéressant que je ne pourrai pas lire (La Théorie de l’information d'Aurélien Bellanger). D'abord parce qu'écrit au passé simple qui est un temps qui a totalement disparu du langage parlé. Ensuite parce qu'il reprend au moins deux stéréotypes de bandes dessinées :
Comme l'annonce son éditeur, il « évoque le destin d’une planète devenue un jouet entre les mains d’un milliardaire fou » et, comme le présente toute la presse, il met en avant les dangers des outils informatiques, jusqu’à pronostiquer que les robots prendront le pouvoir sur les humains.
Je ne cherche pas à discuter ces assertions. Je dis juste que s'il ne les avait pas développées et si au contraire il avait émis l'idée non que les robots domineront les humains mais qu'ils leur permettront d'être plus performants, peut-être plus libres et sans doute plus intelligents, ce livre n'aurait pas eu le succès de presse qu'il a, que dis-je ? il n'aurait pas été retenu par le saint office bourgeois qu'est le comité de lecture qui l'a adoubé.

Caroline Proulx : Un événement s'est ajouté le mercredi soir, 5 septembre 19 h, la veille donc du colloque (« Le cinéma de Marguerite Duras, l'autre scène du littéraire », 6/9 au 9/9 à l'UQAM). Nous avons pu organiser à notre grand bonheur un lancement pour les "Entretiens avec Duras" de Jean Pierre Ceton qui viennent de sortir cette année (François Bourin éditeur) à la Librairie Le Port de tête, 262 Mont-Royal Est, Montréal (Métro Mont-Royal).
Ce sera l'occasion de nous rencontrer de manière conviviale, entendre Jean Pierre parler de son livre (l'acheter aussi, si vous le souhaitez, car il y aura des copies disponibles) accompagné de Jean Cléder et Catherine Gottesman qui pourront nous en dire quelques mots, prendre un verre et manger quelques bouchées.
Pour ceux qui n'auraient pas le décalage dans les jambes, la librairie se marche à partir de l'Auberge Le Pomerol ou de tout hôtel dans le coin. Il faut prendre la rue St-Denis (trois rues vers la gauche en sortant de l'Auberge) vers le nord, jusqu'à la rue Mont-Royal où il faut tourner à gauche et faire quelques rues. Pour ceux qui veulent éviter la demie-heure de marche, vous n'avez qu'à prendre le métro Berri jusqu'à la station Mont-Royal (ligne orange, direction Montmorency) et prendre à gauche à la sortie...

Vraiment, je n’arriverai jamais à aimer la rentrée. C'est trop bizarre la rentrée, ça commence d'abord par le foot. Hop ! c'est reparti, Olympic lyonnais contre Paris St Germain, les Girondins face aux Phocéens, ou bien ce sont les Bretons contre les Nordistes etc.
Et puis il y a l'horreur de la rentrée politique, le retour des caciques, et de leur langue de bois de mauvaise foi, appuyés par de petits jeunes qui les remplaceront un jour, c'est l'ordre des choses. Eux, les politiques ils aiment tellement la rentrée qu'ils ont même inventé la pré-rentrée !
Bien sûr, il y a la rentrée scolaire qu'à ma connaissance aucun enfant n'aime, même s'ils s'y font tous ou presque. On s'y est plus ou moins tous adapté.
En fait la pire, c'est la rentrée littéraire, la pire parce qu'elle n'est en rien littéraire. C'est la rentrée des éditeurs, des marchands, des cadres qui décident, vendent, ou plutôt cherchent à vendre un maximum. Pas la rentrée des écrivains, certes il y en a qui collaborent avec les éditeurs qui font leur rentrée, il faut bien. Pas même la rentrée des critiques qui n'ont guère de visibilité dans la masse des « sorties » de la rentrée. Pas la rentrée des libraires non plus qui préfèreraient ne pas avoir à avancer aux éditeurs l'argent pour tous ces livres...
C'est trop bizarre la rentrée, en tout cas pour un écrivain qui écrit quand il écrit, pas plus avant ni après la rentrée. Mais pas moins.
Un journaliste écrivain devenue académicien, il le méritait bien, avait écrit de mon premier livre que j'avais inventé l’écriture jetable, je crains que la rentrée dite littéraire soit en réalité une partie de livres jetables.

JB Pontalis, psychanalyste écrivant, grande figure de l'édition officielle, traite de la douleur à la radio France Inter. Il va chercher ses exemples chez Alphonse Daudet (!) pour en parler, mais également pour répondre à ce qu'il pense être une mauvaiseté contemporaine : utiliser le mot gérer.
Selon lui, on ne peut pas « gérer » la douleur, parce qu'il y voit le sens de gestion financière.
Pourtant, on peut davantage la gérer que jamais (psychanalyse justement, médicaments, plus de connaissances etc..)
Son monde est fermé. Il ne voit pas qu'il y a de l'ouvert, ni ce qu'il y a d'ouvert dans le fait de gérer.
Et pas seulement la douleur, le plaisir aussi, le désir...

Rien ne bougeait aux alentours. On était installé à la terrasse du Circulo des amigos, comme si on allait y rester des jours.
Dialogue à cette terrasse de Tabernas, (Almeria, Espagne) :

Tu vives aqui ? / Si... / Magnifico ! / Te gusta ? / Mucho ! / Es muy tranquilo...

Je me sentais dans une ambiance cinéma. Je pensais à « Profession reporter ». A la fuite des personnages du film pour se perdre dans un monde un peu fantôme.
Les vacances me semblaient faites pour quitter les habitudes, changer de rythme etc.
Moi j'étais plutôt pour le concept, en tout cas je me méfiais beaucoup de l'action imbécile. Ce qu'il m'aurait fallu, c'était me quitter moi...

Qué pasa ? Je m'étais levé pour trouver les toilettes.
Arriba !

Le cercle des amis était un café qui faisait hôtel pour les voyageurs d'exception.
Il y régnait un silence digne du désert tout proche. Sauf le bruit de quelques rares voitures qui passaient, parfois en klaxonnant pour casser ce silence. Sauf le bruit d'une télévision qu'on entendait à deux rues. Mais ça n’empêchait pas la perception du silence.

Adios !/ Adios !

Un article très pessimiste sur le réchauffement climatique de James E. Hansen (qui dirige the NASA Goddard Institute for Space Studies) publié dans le Washington Post, ce 4 Aout 2012.
Très pessimiste parce que la situation lui parait plus grave que ce qu'il avait prévu il y a quelques années. Il dit qu'il était trop optimiste, en particulier quant à la survenue des phénomènes extrêmes.
Les chances, écrit-il, que la variation naturelle du climat soit à l'origine des phénomènes extrêmes (canicule en Europe en 2003, aux USA cet été etc.) sont minuscules, de l'ordre de celles qu'aurait celui qui quitterait son travail pour jouer à la loterie chaque matin afin de payer ses factures.
Il se réfère par ailleurs à un « climat normal », sans réchauffement climatique, ce qui supposerait qu'il y aurait eu le long de l’histoire un climat normal.
En fin de compte, un article curieusement optimiste : "Il est encore temps d'agir et d'éviter une plus grave détérioration du climat par un délaissement progressif des énergies fossiles, la stimulation de l'innovation et la création d'une économie forte basée sur les énergies propres".

Hier, dans une conversation, j'en viens à citer une phrase de mai 68 : « Je ne suis pas contre les vieux mais contre ce qui les a fait vieillir ».
J'étais en train d'expliquer que le plus souvent j'avais du mal à m'entendre avec les gens de ma génération (les après 50), qui n'étant évidemment pas des natifs digitaux, ont le pli d'être plus ou moins en refus des nouvelles technologies et par exemple de résister saintement à facebook ou au web 2,0 en général.
Ils ont aussi la manie de tisser une nostalgie un peu ridicule du temps passé, quand ce n'est pas ajouter et surajouter du « c'était tellement mieux avant », occultant tout ce qui les a emmerdés.
Et aussi encore ils peuvent se fâcher d'un coup parce que la personne qu'ils ont en face d'eux n'est pas comme ils auraient voulu qu’elle soit. Je ne dis pas que des jeunes gens ne font pas la même chose. Mais c'est plus répandu dans les vieilles générations parce qu'ils sont encore sous modèle du géocentrisme et pas sous celui de l'héliocentrisme.
Et puis, ils peuvent avoir le culot de dire que finalement ils auront été plus heureux qu'eux la jeune génération qui vient!

Joël de Rosnay, biologiste, futurologue et technologue, qui parle et écrit en français (sur tous les médias) illustre constamment son propos (« comment sur-vivre dans la société fluide ») de multiples concepts, inventifs et créatifs, hélas tous formulés en anglais, et pourquoi ?
Parce que l'habitude chez les clercs du français est au refus du néologisme, ce qui est complétement stupide dans notre époque hyper changeante !

Dimanche 15 juillet vers 21h 08, sur ma terrasse intérieure, j'ai donné une 1ère lecture publique d'extraits du roman que je viens de terminer ("Les Tourments de Claire Ardeen") pour des amis attentifs de Montréal, Sydney, Séoul, Marseille et d'ici Paris... C'était une soirée réunissant des universitaires chercheurs en prélude au colloque Duras qui aura lieu début septembre à Montréal. La veille ou le matin, j'avais eu cette idée de proposer de lire des extraits de ces "Tourments". En attendant la livraison des sushis, j'avais pensé, il y avait le temp d'une demi-heure, trois quarts d'heure.
J'ai attendu 21 heures pour qu'une amie pas encore arrivée puisse arriver, et puis comme elle n'est pas arrivée j'ai passé commande et donc j'ai commencé la lecture.
C'était impressionnant parce que la douzaine d'amis là étaient très attentifs, très en écoute. C'était étonnant parce que le livre est tout chaud, dans tous les sens du mot. Parce qu'il vient juste d'être écrit. Et parce que, autant dans la forme que dans le propos, j'ai essayé d'être au plus près de ce que je pouvais écrire dans la fenêtre de ce moment. Tout chaud aussi parce que c'est dit de la vie privée, sexuelle, ce qu'on ne dit généralement pas. J'avais d’abord pensé que je passerais les passages les plus sexuels et puis non finalement je les ai lus quand ils se sont présentés, puisque c'était une lecture d'extraits au hasard mais dans l'ordre du livre. Et j'ai senti que ça passait bien.
Bon, bien sûr je n'ai eu que des avis positifs et bien sûr aussi on m'a dit que ça paraissait vrai ce personnage féminin... Quand j'ai cherché à savoir davantage, on m'a dit que ça donnait envie de lire le livre.
Le lendemain Joëlle Pagès-Pindon m'a écrit : entendre ton texte (singulier) porté par ta voix donnait l'impression d'approcher de plus près des mystères de la création...

Avec son spectacle « Nouveau Roman », monté (au festival d'Avignon) à partir d'une photo d'auteurs réunis (*) devant les éditions de Minuit en 1959, Christophe Honoré veut redonner voix à ceux qui ont osé, il y a cinquante-trois ans, affirmer haut et fort le désir de «produire quelque chose qui n'existe pas encore» (Le Monde).
Toute raison de s'en réjouir, il faut toujours redonner voix et, encore mieux, donner voix à ceux dont l'entreprise a cela comme objectif.
Et plus précisément à ceux qui, envers et contre tout, s'aventurent sur ces champs de ce qui n'existe pas encore.

(*) n'y figurent ni Duras, considérée comme trop sentimentale, ni Butor, arrivé en retard... Commentaire d'un certain Pivot dans Le Figaro littéraire du 9 juin 1962: "On dirait des chômeurs attendant patiemment à l'entrée du bureau d'embauche".

Il y a une conviction répandue chez les élites de gauche, comme celles de droite d’ailleurs, selon quoi un livre aux allures culturelles qui « cartonne » est un bon livre, en l'occurrence trop vite qualifié de best-seller historique.
Le maire de Paris pourrait bien regretter d'avoir soutenu, manifestement sans l'avoir lu, ce « Métronome » d'un acteur connu, enfin que moi je ne connaissais pas, aux convictions droitières et monarchistes (d'après le Nouvel Obs, la seule manifestation populaire citée pour le vingtième siècle est celle du 6 février 1934).
Leçon à retenir : se méfier de tout ce qui cartonne avec des allures culturelles !

On ne peut pas vraiment dire qu'il y a une justice dans le monde mais tout de même il arrive qu'il y en ait une. Ainsi la justice argentine a condamné jeudi à de lourdes peines de prison d’anciens responsables de la dictature (1976-1983), coupables d’avoir mis en place «un plan systématique» de vols et d’appropriation par des proches du régime de 35 enfants d’opposants nés en détention.

Hier dans la rue commerçante de mon quartier je suis tombé sur une peau-rouge. Dans l'enfance de mon grand-père on apprenait qu' il y avait sur Terre quatre races humaines: blanche, noire, jaune et rouge. Cette femme peau-rouge était bien la première jamais rencontrée par moi, manifestement sortie d'une cabine de bronzage, le teint encore accentué par mes lunettes de soleil qui me font voir la vie en rose...

« Ne dis pas que tu ne comprends pas grand chose, toi non plus, c'est que tu ne regardes pas ou n'y vas pas voir. Ne suis pas les toquards qui voudraient te garder prisonnières des vieilles illusions. Ne les écoute pas les gourous et autre pseudo-chamans qui ressassent à se ressourcer. Ne te laisse pas emporter par ton orgueil primaire, détends ton mental en même temps que ton corps... »

La génération dite Y, des 18 ans / 28 ans c'est, clamait à la télé une personne de l'institution, celle qui est née avec le sida, le chômage et autres maux contemporains. Omettant d'en décrire la particularité première, celle d'être native digitale, de n'avoir connu que ça le numérique, internet, le portable, la communication mobile. Et de connaître ça, ces outils des TIC mieux que leurs parents, enseignants, directeurs et chefs de tous genres.
Elle a selon moi une autre particularité, c'est de ne pas se considérer sacrifiée contrairement à ce que disent d'elle les medias généraux. Ce qu'en revanche on pourrait dire à juste titre de la génération d'il y a un siècle (ceux nés entre 1880 et 1900) ou de la suivante qui a connu la seconde guerre ou la guerre d'Algérie...
Si elle se plaint de la société, la génération Y, c'est de tout ce qui la bloque cette société, et elle en conséquence.
D'ailleurs elle s'étonne d'entendre dire qu'elle a moins de chances que la génération de ses parents, quand elle les voit eux si limités dans leur mentalité !

Dans l'immeuble d'à-côté il y a un appartement que je ne connais pas qui appartient à une femme que je ne connais pas davantage.
Je sais, parce qu'on me l'a dit, que quand elle l'a acheté, elle a décidé d'y faire de gros travaux. On a parlé de mezzanines à construire, de sol flottant pour absorber les bruits, d'ouvertures de baies et aussi de permutation de la salle de bains vers la cuisine et vice et versa. Elle a aussi décidé que les chambres qui donnaient sur rue seraient sur cour, ce qui impliquait de déplacer le salon-salle à manger sur rue alors qu'il donnait sur cour.
Il y a donc eu des travaux très bruyants qui ont duré un certain temps, longtemps. A force, des gens se sont plaints et j'ai été heureux qu'ils le fassent à ma place. Un jour, on a pu constater qu'il n'y avait plus de bruits de travaux qui provenaient de cet appartement. On a pensé que les travaux étaient finis.
Oui mais trois mois plus tard ça a recommencé. On a eu une explication du chef de chantier, la propriétaire n'était pas contente de l'emplacement des mezzanines qu'il fallait donc refaire entièrement... Et puis encore, des travaux, quelques mois après, le chef de chantier a expliqué que la propriétaire en fait n'était jamais satisfaite.
Tout récemment encore, des travaux ont repris. Je crois bien qu'on s'est habitué au bruit, même si cela nous énerve de temps à autre. Le chef de chantier quant à lui prend des airs un peu las mais tout de même ça lui fait du travail !

Un jour, à France Culture, on a annoncé qu'on pourrait réécouter l'émission qui venait d'être diffusée pendant quelques jours, sur le site net de la radio.
Puis, pendant une semaine, dix jours et puis 30 jours. De même sur différents médias, y compris des télévisions.
Hier, j'entends de la voix d'un présentateur de France Culture que c'est désormais possible pendant 1000 jours !
Et 1000 jours, ça se rapproche de la permanence. Car si on peut mille jours, on peut dix mille etc.
Au fond, le numérique apporte là, en plus d'une possible libération des contraintes du local, une libération de celles de l'instant.
Pas de raison en effet qu'un programme n'ait une existence qu'en un point ponctuel du temps.
Par ailleurs, il est plus logique de laisser disponible les émissions sur le serveur de France Culture plutôt que chacun les télécharge afin de pouvoir les écouter ou les réécouter, donc en les stockant sur son disque dur qu'en général on délaisse tous les 4 ou 5 ans...

En Iran, les femmes n'ont pas le droit d'assister aux rencontres sportives (que suivent les hommes), un hyper cinéma qui diffusait un match de l'euro-foot a été fermé pour avoir délivré des places à des femmes. Pas parce que ce régime d'un autre âge veut éloigner les femmes du foot. Non, pour qu'elles ne se mélangent pas aux hommes et vice et versa.
Dans ce pays, les relations amoureuses trouvent difficilement un espace public puisqu’un homme et une femme ne peuvent pas se promener dans la rue ou dans un parc s'ils ne sont accompagnés d'une autre personne de la famille de la femme.
Donc ils s'inventent des espaces, par exemple les taxis collectifs qui prennent le long de leur course autant de monde qu'il est possible. Ainsi des couples se forment au cours des trajets de taxis d'un bout à l'autre des villes, qui alors espèrent deux choses a priori contradictoires :
Qu'il y aura peu de monde dans le taxi pour pouvoir se parler en relative intimité.
Et aussi qu'il y aura beaucoup de monde pour se coller l'un à l'autre jusqu'à capter les battements du coeur de l'autre...

Une jeune femme parmi d'autres est emprisonnée avec son bébé, condamnée à la lapidation pour adultère, ça se passe au Soudan du Nord, un des 7 pays qui conservent la peine de mort par lapidation, cependant non exécutée ces dernières années dans ce pays.
Donc, une jeune femme est condamnée à mort pour avoir fait l'amour. Il se trouve que c'est souvent que des gens ont été condamnés pour avoir fait l'amour. Le faire ou l'avoir fait, quand c'était interdit par les traditions, des lois ancestrales, des pouvoirs en réalité. Des pouvoirs mâles.
Noter que c'est rarement le contraire. Oui, il est extrêmement rare que des gens soient condamnés pour n'avoir pas fait l'amour, ou pour ne pas le faire. On devrait pourtant parfois condamner des gens pour avoir oublié de le faire, ou ne pas vouloir je ne sais, pour l'avoir interdit surtout.
A une peine d'amour en tout cas !

Quelqu'un qui écrit livre après livre depuis des décennies sur les technologies de l'information et de communication et qui en arrive à faire l'apologie du bistrot (et du discours de comptoir qui va avec?), est-il secoué, carrément secoué, ou bien banalement populiste ?
Les deux, je pense.
Pour qui cherche une illustration du populisme pourra trouver celle-ci : En l'occurrence, parler en savant d'une nouvelle pratique/technique et puis au bout du compte émettre un jugement qui revient à valoriser ce qui se passait avant cette technique/pratique. Populiste, parce que c'est exactement le point de vue majoritaire et réactionnaire.
Reste la question de savoir si cet homme est plus « secoué » que populiste?
Réponse : Pas parce qu'on écrit des livres et en parle sur tous les plateaux médias que l'on est forcément mentalement développé.

« Une fin d'après-midi, je crois que j'étais à peine sorti de la journée, nous quittons l'ascenseur qui conduisait jusque sur la plage et rencontrons celle qu'Emmedée me présente comme étant Emmanuelle.
C'était l'actrice héroïne du film Hiroshima mon amour...
Emmanuelle Riva que je venais de voir aurait pu objectivement être la mère de celle du film.
Et pourtant non, c'était la même personne qu'il aurait été pour le moins étrange et troublant de revoir à l'identique. »


(La Fiction d'Emmedée p. 204)

Un premier texte devrait toujours être illisible" dit MD dans les Entretiens (François Bourin éditeur).
A ce propos, avant une lecture en librairie, somebody me demande : est-ce que ce ne serait pas un peu dépassé de dire qu'un texte doit d'abord être illisible ?
Expliquer que ce stade d'illisiblité entraine le fait qu'il y ait ensuite écriture ou qu'il n'y en ait pas.
Beaucoup de livres paraissent, se vendent, sont lus ou pas, et n'ont pas d'écriture cependant.
A la radio, ces hiers derniers, j'entends rabâché que Jack Kerouac a écrit son On the road en trois semaines. Oui, mais ce qu'ils ne disent pas, c'est qu'il l'a retravaillé pendant six ans ensuite.
Six ans, c'est le temps qu'il lui a fallu aussi pour convaincre un éditeur. Le trouver l'éditeur, ou, comme je dis, l'inventer après qu'on a fini l'écrit.

Une chute du roman qui m'occupait depuis plus d'un an et que j'ai lâché hier:
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Quand j'erre dans la rue, je sais que des mecs me regardent, reluquent mes seins, matent mes fesses ou mes cuisses, ça oui !
Il y en a aussi qui se mettent à me suivre.
Mais je ne vois pas du tout d'esquisses d'histoires d'amour, non.
Certes, il arrivait qu'il y ait un échange de regards, genre « coup de feu » avec un bel inconnu. Mais une fois qu'on s'était croisé, c'était fini, il avait à peine existé qu'il s'était aussitôt perdu dans le flux des autres.
Vraiment rare que je recroise l'un de ces beaux inconnus qui d’ailleurs étaient devenus objets de fantasmes parce que je les avais à peine aperçus...
Enfin, une fois ou deux peut-être, il y avait eu un début de quelque chose, un début fort, des sourires, un regard maintenu. L'homme avait marqué le pas, puis continué comme moi, mais dans l'autre sens.
Le lendemain, la même chose s'était passée, encore plus fort...
Hélas, jamais revu une troisième fois, ce personnage. Pourtant, j'étais retournée les jours suivants au même endroit, à la même heure, et le même jour de la semaine suivante, vainement.
Pour rien !
Très rare, extrêmement rare que les choses se reproduisent deux fois de suite... Et même deux fois déjà, c'était un peu miraculeux.

Petit paragraphe qui ne s'intégrait plus, n'était pas si important...

« Une passation des pouvoirs tout en "sobriété" » (Le Monde.fr 15/05/2012)
Ce titre montre que les gardiens de la grammaire, les intégristes de la langue l'ont emporté. Ils ont brimé ce qui serait allé dans le sens de la spontanéité de l’usage qui aurait écrit « toute », l'adjectif se rapportant à la passation : une passation toute en sobriété. Et non donner à ce « tout » une valeur d'adverbe.
Disons que l’usage n'est pas seulement ce qui s'est fait, ou ce qui se faisait. L'usage est aussi ce qui se fait maintenant, ce qui se pratique : quel est l'usage actuel ?
La tendance est à rendre logique formellement. Passation est au féminin, il est plus simple d'accorder tout : toute ! La tendance actuelle est aussi à ne pas opter pour les torderies qui amusent tellement les intégristes sus visés mais rendent mauvais les élèves en dictée.
Disons aussi, disons le fort et haut:  "il y a une faute dans ce titre". Disons-le sans culpabilité: ils ont oublié un e dans Le Monde.
C'est sans doute ce qu'on en pensera dans quelques décades !

« Spectacle invisible », annonce Yves-Noël Genod, à propos du dernier qu'il présente à l’hôtel Palace de Bologna, et qui porte ce titre « HOTEL PALACE ».
Est-ce une continuation de sa mise en cause de l'idée de représentation, ou un artifice nouveau de mise en scène ?
« Vacances dans la réalité, dirons-nous avec le poète » ajoute-t-il... J'avoue que ceci me plait beaucoup car c'est mettre en avant la fiction et son possible.
Mais il affirme aussi que "la réalité dépasse toujours – et de très loin – la fiction". On le dit souvent cela, de la réalité, qu'elle dépasse la fiction. Pour les faits-divers par exemple.
Il est vrai que les romans, théatres, cinémas peuvent être hélas plus pauvres que la réalité, et cela ne doit et ne devrait pas être comme dit Régy.
Si la réalité dépassait toujours la fiction, ce serait désespérant de penser qu'on ne peut rien inventer. Ce voudrait dire que le monde ne pourrait que se répéter en son état ?
Mais cette affirmation ne marche pas, par exemple si on considère l'oeuvre de Léonard de Vinci. On sait que sa fiction a dépassé la réalité, en tout cas qu'elle l'a nourrie.
Tout comme on pourrait dire que les singeries des petits personnages de Shakespeare seraient tombées dans l’oubli s'il ne les avait universalisées.
Moi j'aime bien l'idée de la fiction productrice de réalité.
Je crois que si on écrit quelque chose différemment de ce qu'il s'écrit généralement, la réalité change.
La fiction qui naitrait des vacances de la réalité? Ça donnerait envie d'aller à Bologne !

"Le temps de mon écriture était bien sûr lié à ma vie trop agitée. Je n'écrivais pas toujours autant que je l'aurais souhaité, j'occupais cependant le temps par l'écriture, et même trop, et même quand je n'écrivais pas.
Car c'était pour moi un travail harassant, la fameuse descente dans le texte curieusement déclenchait en moi des images de construction de routes, avec le processus en couches, casser, terrasser, aplanir, amener des cailloux, de la terre, tasser avec des rouleaux, et rerouler, puis épandre d'autres couches, de ciment ou de bitume, et réaplanir, des couches sans fin, un travail épuisant, sous un soleil tapant, dans la poussière, la fatigue, la soif d'en finir"...  (La Fiction d'Emmedée, page 207)

Le vendredi 13 avril à 18h30, à la Librairie La Terrasse de Gutenberg, 9 rue Emilio Castelar (coin rue de Prague) Paris 12ème M°Ledru Rollin (ci-joint invitation), je présenterai et lirai des extraits des Entretiens avec Marguerite Duras : On ne peut pas avoir écrit Lol V. Stein et désirer être encore à l'écrire.
Et je raconterai le chemin plutôt magique qui m'a conduit à ces entretiens pour France Culture et à leur publication chez François Bourin éditeur.

Une bigote de la langue, fière de l'être, assène qu'il ne « faut » pas dire une auteureuh ni une écrivaineuh  (elle insiste sur le euh). Mais qu'on «doit» dire une auteur, une écrivain. Tout comme selon elle il « faut » dire poétesse, mot qu'elle trouve joli, c'est vrai... et bien sûr doctoresse, maîtresse etc. Sachant que ces féminins en esse renvoyaient la plupart à des fonctions que peu de femmes exerçaient.
D'abord être tolérant. Les deux formes sont possibles, comme par exemple directeure ou directrice. Mais pour auteur, le féminin en train de s'imposer c'est auteure qui est d’ailleurs un mot joli (tout comme la défenseure des enfants) si on veut bien le considérer. Et surtout si on veut bien sortir de sa torpeur d'habitude.
Cependant pourquoi cette dame ne supporte pas la généralisation du e féminin ? Je crois bien qu'elle est de celles qui s’arrange bien avec la culture macho-patriarcale. Qu'au fond elle préférait ça !
Pourquoi ? Eh bien la raison ne peut pas tout expliquer.
Il se trouve que c'est un combat d'arrière-garde, que le précédent secrétaire perpétuel de l'Académie française, Maurice Druon, s'est même fait virer pour s'être opposé dans les années 2000 / 2002 au gouvernement de la France à qui il déniait le droit de promouvoir la féminisation des noms de fonctions : « depuis quand des ministres s'occupent-ils/elles de la langue ? » (le elles étant ici ajouté par l'auteur de ces lignes).
Le comique de la comédie humaine c'est qu'il a été remplacé par une femme qui persiste à se faire appeler « Madame le secrétaire perpétuel »!

Pourquoi cette bio/bibliographie en fin des Entretiens : « notamment l'auteur de Rauque la ville, La Suive, La Fiction d'Emmedée, Les voyageurs modèles et Le Pont d'Algeciras », sans indication des éditeurs ?
Outre que je ne voulais pas décliner dans les détails mes livres après la liste impressionnante des œuvres de Marguerite Duras, c'est une bio que je donne souvent, tel quel, alors que ça se fait en général de préciser les éditeurs.
Ça ne se fait pas pour les films, un cinéaste n'indique pas le nom des producteurs de ses films.
En l'occurrence, les éditeurs de fait de mes livres ont été Marguerite Duras pour mes deux premiers livres et le poète Mathieu Bénézet (*) pour les quatre derniers. Avec changement d’éditeur chaque fois. Duras avait confié son désarroi à Liberation: « Que l'écrivain le plus important de sa maison d'édition lui demande de publier un livre (Rapt d'amour) et qu'il ne le fasse pas ».
Un éditeur de fait choisit l'éditeur qu'il arrive à convaincre, tandis que l'écrivain chevalier doit inventer un éditeur pour son nouveau livre.
Il se trouve que les éditeurs publient ce qu'il veulent publier et pas forcément ce que les écrivains écrivent.
Suffit de penser aux trois refus de Rauque la ville par trois grands éditeurs en place, de rappeler la douce violence que s’était faite l'éditeur (Minuit) pour le publier.
Fortunately, RLV est toujours disponible, et apparemment toujours autant aimé.

* Continuités d'éclats (éditions Rehauts, 2012)

L'horreur en Syrie, répression barbare, dirigeants arrogants. On peut toujours consoler son sentiment d'impuissance en pensant qu'un jour les responsables de ces massacres et autres abominations seront traduits en justice.
Tout comme un chef de milice congolais vient d’être reconnu coupable devant la Cour pénal internationale.
Tout comme les dirigeants de l'ex-Yougoslavie.
Qui se souvient -pour qui était né- des pires moments de la guerre en ex Yougoslavie, qui peut se souvenir d'avoir enragé de honte en voyant se pavaner d'arrogance des chefs militaires qui ordonnaient de pilonner Sarajevo, de séparer hommes et femmes pour mieux assassiner les premiers etc. Qui parvient à se souvenir avoir espérer qu'un jour justice soit faite?
Et bien tous ses dirigeants-là ont été condamnés par la Cour internationale de la Haye. Et sont en prison s'ils sont encore vivants!

Chic by accident, dernier spectacle de Yves-Noël Genod (Ménagerie de verre, Paris) est tout aussi radical que les précédents. Des gens errent, déambulent, gymnisent, s'activent. Nus ou peu habillés, ou habillés à contretemps. Un délire mental s’y exprime par des cris ou gloussements incompréhensibles ou presque, car à faible volume. Dans un monde désolé, asile ou maison de retraite pour jeunes gens ? Ou alors, il s'agit de ce monde présent qui imposerait des instruments inadaptés à ces êtres singuliers.
Mais alors on s'approcherait du sens. Qu'il y a de toute façon, forcément, même s'il n'y a pas de texte, à part celui qu'expriment les corps.
Yves-Noël n'aime pas le théâtre à texte. Bien sûr le texte au théâtre c'est très difficile car il faut au moins qu'il soit « possible ». Acceptable, pas impossible à proférer. Car c'est très difficile d'entendre proférer du texte s'il n'est pas possible, même si ça se fait tous les soirs sur presque toutes les planches.
Il faut déjà qu'il ne frise pas le cliché ou l'ostentatoire ou le grandiloquent. Il faut qu'il en soit passé par l'écriture.
D'un côté, j'ai pensé que ce spectacle était orphelin de textes, de l'autre je l'ai trouvé particulièrement lumineux. Yves-No dit que c'est un travail sur l'invisibilité...

"C'est Marcel Mazé qui m'a présenté à Marguerite Duras au Festival du jeune cinéma de Hyères-les-palmiers, à la sortie d'une projection où avait été montré mon court métrage Narcisso-métal... Elle a dit que c'était un film d’écrivain, je lui ai répondu qu'en effet j'écrivais, elle m'a proposé de lui envoyer un manuscrit chez elle à Paris, rue St Benoît...
Ensuite nous sommes devenus amis, et comme tous les amis de grande amitié nous avons beaucoup parlé, beaucoup ri. Comme tous les amis, on se voyait, on se téléphonait, on allait au restaurant et à des soirées où elle était invitée etc.
Comme tout le monde, sauf qu'avec elle tout était orienté vers l’écriture et vers la littérature. C'était comme si la lecture du monde qu'elle faisait partout où elle se trouvait était une lecture constamment en écriture.
Oui une lecture du monde toujours en écriture"... (à l'Arbre à Lettres le 9/3/2012 vers 19h 30)

Dans une école primaire de la banlieue de Bruxelles, les enfants sont punis s'ils parlent français en cour de récréation. Même si cela s'est produit dans une situation inversée en Flandres à une autre époque, et également dans des régions françaises pour des langues locales, et bien ailleurs, cette pratique n'a pas de bon sens. On se demande ce qui peut animer au fond ces gens punisseurs...

Un communiqué alambiqué repris de façon plus ou moins alambiquée par toute la presse annonce qu'enfin toutes les universités françaises ont désormais un site Web dédié à l'enseignement : « La plupart ont décidé de faire en sorte que leurs ressources pédagogiques soient de plus en plus souvent rendues publiques »...
Cette pratique de la mise à disposition des contenus pour tous est inspirée de la célèbre université américaine Massachusetts Institute of Technology (MIT), pionnier, il y a plus de vingt ans.... Encore balbutiant cette affaire !
Sauf, pour voir, à se rendre sur http://www.universites-numeriques.fr/

Recherche étudiant(e) webmasteur(e) aimant la littérature pour maintenance de mon site (heures rémunérées), réponse par message privé, merci.
Tandis que je travaille à la dure sur la relecture d'un roman en cours depuis un peu plus d'un an, je n'arrive pas à maintenir ce site qui devient une sorte de grand livre...
Tandis que je travaille à la dure... je n'arrive pas toujours à écrire de nouveaux textes ou même de petites phrases sur mon blogue régulier, ce qui pourtant me plait beaucoup et m'amuse tout autant, glissant ici ou là dans ces écrits: écarts de langage, discrètes observations ou bien assertions contre-intuitives, voire petites modifications orthographiques, par exemple...
En pensant à Diderot qui « pour se jouer de la censure et de la répression -sans y parvenir toujours- insérait des ajouts discrets dans tel ou tel article orthodoxe, c'est à dire ceux qui s'accordaient aux croyances officielles »

Petit homme chéri » est sans doute mon entreprise romanesque la plus ambigüe. Sur la 1ère de couverture, l'éditeur Henri Poncet avait d’ailleurs tenu à le qualifier de récit et non de roman. Le voici à « feuilleter » sur Google livres tout comme La Fiction d'Emmedée , Les Voyageurs modèles, La Suive et Le petit roman de juillet...
Occasion de réaffirmer que j'écris de la fiction, même si je ne suis manifestement pas dans la veine romanesque la plus répandue.
Pas la peine de se demander si je fais partie du courant de l'autofiction. D'ailleurs je ne fais pas d'autofiction. Pas la peine non plus de se demander ce qu'il y a de vécu dans ce que j'écris. Ce que j'écris est de la fiction.
Je commence une histoire et la raconte en utilisant tous les matériaux à ma disposition, tout autant avec des éléments vécus que pas, perçus dans le vécu ou non etc.
Je commence une histoire à partir d'une phrase, ou d'une scène, vraie ou imaginée, quelle différence parfois ?
J'écris surtout dans l'écrit qui fabrique la fiction. Car ce qui fait la fiction, c'est l'écriture.
Mais j'écris de préférence comme si cela avait été vécu, était vécu, se vivait, pourrait se vivre, était possible de vivre. Même si je glisse, sans gêne, des choses énormes qui renvoient à la dimension romanesque.
Sinon, le roman (à l'origine, langue en voie de différenciation du latin), c'est ce qui s'écrit en langue aujourd’hui, celle qui est en train de s'écrire...

Une pétition pour changer une règle du français, ça fait plaisir.
Des femmes (et quelques hommes surement) proposent de mettre en cause le principe selon quoi « en grammaire » le masculin l'emporte et même joue le rôle du neutre. C'était d'ailleurs l’argument avancé par l'ancien secrétaire perpétuel (!) pour combattre la féminisation des noms de métier.
En l'occurrence les pétitionnaires demandent que soit appliquée une règle de proximité lorsque les noms sont de genres différents, l'adjectif s'accordant alors avec le mot le plus proche.
Donc on écrirait « des hommes et des femmes actives » et « des femmes et des hommes actifs ». Ou encore : les garçons et les filles sont belles et non beaux...
Pas si simple à faire passer auprès du grand public, et encore moins auprès des enseignants et des correcteurs d'édition. Ce pourquoi cette nouvelle règle devrait pouvoir s'appliquer au choix, aucune des deux, l'ancienne ni la nouvelle ne serait incorrecte, s'il vous plait !
C'est essentiel parce que l'un des freins à l'application de toute nouvelle règle, de ce que les opposants appellent « la nouvelle orthographe », est la peur qu'elle soit perçue comme une faute.

Cloud ou nuage ? « Le petit roman de juillet » et ses mot-clés selon et sur Google livres :

allait aller amour aurait baiser balade bois du Loup bonjour boulevard périphérique Bréhat c’est à dire c’était cabane campagne Canal Saint-Martin capter cidre cigarette circuit cousin Robert d’abord d’accord d’ailleurs d’aller d’autant d’avant d’avoir d’eau d’elle d’en d’être d’une envie façon faisait fille finalement j'avais j’ai j’allais j’aurais j’avais dû j’avais pensé j’avais pu j’en avais j’en étais j’éprouvais j’étais jour jusqu’à jusqu’au l’ai l’air l’amour l’appeler l’autre l’avais l’envie l’épaule l’escalier l’habitude l’heure l’idée l’impression l’intérieur l’occurrence l’on l’un laisser Loup perdu m'étais m’aurait m’avait m’en m’étais n’ai n’arrivais n’aurait n’en n’est n’était n’importe Nida nuit Parc de Saint-Cloud parler passer père Juillet pont pont Marie pourtant pouvait presque psilocybes puisqu’il qu’à qu’elle m’avait qu’en qu’est-ce qu’il qu’on qu’un regarder rejoindre répété restaurant rester Robinson s’agissait s’arrêtait s’en s’est s’était S’il te plait semblait sentais seul simple soir sorte soudain sûr train veux voiture voulait vraiment

Le 12 décembre 2011 (et non pas 1914), Télérama titrait : George Steiner : “L'Europe est en train de sacrifier ses jeunes”.
Voilà une annonce fracassante que je ne peux guère comprendre. En effet cette affirmation aurait dû être écrite en 1914 ou en 1939, avant et à propos de ces périodes où l'Europe a effectivement sacrifié ses jeunes. Ou bien durant la guerre d'Algérie, dans les années soixante, pour la France, quand les jeunes gens faisaient 27 mois de service militaire, ou pendant la guerre du Vietnam pour les USA...
« Grand érudit, poursuit Télérama dans son chapeau, George Steiner incarne l'humanisme européen. Il regrette que littérature, philosophie et sciences ne communiquent plus entre elles. Comment comprendre notre monde, s'interroge-t-il, si la culture se rétrécit. »
Faut-il rappeler que jamais autant de livres ont été écrits et vendus, qu'en ce début de 21e siècle, qu'il n'y a jamais eu autant de fréquentation de cinémas, d’entrées au musée, de places de chercheurs. Ni jamais autant de colloques réunissant spécialistes de différentes disciplines... Que le savoir mis à disposition ne cesse de s'accroitre en termes de connaissances autant que d'informations.
Et que de surcroît la consultation de ce savoir est possible. Et possible quasi immédiatement.
En fait, une assertion raisonnable serait : on revient de loin, si on considère tout ce qu'on n'avait pas !

Avant, Dieu s'occupait de tout. Du monde, des hommes, des oiseaux et du ciel. Désormais les humains s'en préoccupent et de bien d'autres choses, de l'éducation de chaque enfant de la Terre ou presque, jusqu'à s'affairer pour maintenir la biodiversité.
Il se réunissent pour décider de limiter l'accroissement de la température à 2 degrés à horizon 2020/2050.
Ils se demandent ce qui va se passer si la banquise fond, et surtout si le permafrost à son tour fond en dégageant des quantités de carbone dont il y a déjà trop...
Ils s’échinent à trouver des solutions pour sauver la planète quand auparavant ils ne faisaient que prier Dieu de faire tomber de la pluie ou au contraire d'arrêter les flots. Certains persistent à préférer prier, personne ne fait plus vraiment appel au diable.
Mais qu'ils se préoccupent de contrôler la température de la terre, il faut le savoir, était proprement inimaginable il y a encore quelques années...




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