2012 // 2011 // 2010 // 2009 // 2-08 // 1-08 // 2-07 // 1-07 // COMP'ACT 06 m'écrire
« 2012 n'aura pas été "une
année négative" pour l'industrie du livre », déclare le
président du Syndicat national de l’Édition, à peu près comme
le président précédent l'avait fait l'année passée selon Actua
Litté (actualitte.com).
Si l'on sait lire à travers les
lignes, ce n'est pas une mauvaise nouvelle !
Coté vraie bonne nouvelle,
un groupement de libraires parisiens annoncent s'organiser pas tous
moyens pour satisfaire les commandes de livres (et leurs clients)
dans l'après-midi même, au pire le lendemain. Autrement dit, faire mieux qu'Amazon!
Ce qui est une condition essentielle à la
(sur)vie des librairies locales. Une mesure réclamée ici
avec conviction depuis des années dejà.
31/12/12, 23h 31, place Saint-Germain-des-Prés, un couple m'aborde, la femme sourit, l'homme demande: excusez-moi, vous êtes d'ici ? on m'a dit de venir dans ce quartier, qu'il y avait une ambiance sympa, et y a rien, personne / Oui, mais il pleut, enfin, c'est très curieux, depuis une demi heure je me promène dans les rues, elles sont vides en effet, il n'y a personne, les gens sont dans des fêtes intérieures... / C'est la vérité ce que vous dites, ou vous faites de la poésie ? / Les deux ! (rires)
Une cheffe de petit parti écologiste
interviewée par une télé depuis sa résidence de campagne, regarde
le ciel, elle dit : « voyez, nous sommes dans le Gard
(France), il fait 14° à 10h du matin ! » Et elle embraye sur le réchauffement
climatique.
Loin de moi de contester ce réchauffement, encore qu'il
faudrait mieux parler de changement climatique. Ainsi Météo
France indique que dans ce même Gard, à Nîmes, il faisait plus 21°
le 18 décembre 1987 et aussi (moins) -9° le 27 décembre 1962.
Aujourd’hui il fait 43° à Rio de Janeiro, température la
plus élevée jamais connue, comme disent les médias, en réalité
pas depuis 1915.
Par ailleurs, il a neigé de plus de 40 cm hier à
Montréal, presque autant qu'en 1971, tel dernier ouragan n'avait
jamais été aussi violent depuis 1993 etc.
Les ringards disent
parfois que le monde marche sur la tête, il arrive souvent en
tout cas que les médias regardent les choses à l'envers.
Par exemple, ce matin, on entend ceci:
"En Inde les violences faites au femmes explosent ».
La vérité est que ce sont les manifestations contre ces violences qui
explosent. Et surtout les dénonciations des viols qui jusqu’alors
ne l'étaient pas, dénoncés. Et aussi les dénonciations du fait que la police
refuse de prendre les plaintes des victimes de viols, ce qui était
la règle depuis toujours. Tout comme ici, il y quelques décades
seulement, en France, à l'époque où il n'y avait pas de policières
femmes.
Stupéfiante, cette conviction de
beaucoup de scientifiques que, si l'on ne sait pas encore, on est sur
le point de savoir, de connaître, de comprendre tout. On ne sait pas
encore s'il y a de la vie ailleurs dans les cieux, on ne sait pas
encore quelle est l'évolution probable de l'univers, on ne sait pas
du tout ce que veut dire cette planète récemment découverte qui
n'aurait pas de soleil etc. On le saura prochainement, bientôt, on
est pas loin d'avoir tous les outils pour savoir.
A l’image de ce sous-titre du journal
Le Monde de ce jour affirmant que « la
découverte de cette particule élémentaire, le boson de Higgs,
permet de percer les derniers secrets de la matière. Et livre
peut-être la clé de la compréhension de l'univers ».
Génial !
« Il faut arrêter »
est une expression qui ponctue les conversations de bars, voire les
soliloques de discussions « autour d'un verre ». C'est
étrange qu'elle soit couramment utilisée par quelqu’un comme
Daniel Cohn-Bendit (il n'est pas le seul) si habitué pourtant des
think-tanks autant que des discours publiques.
C'est une injonction, voire une
intimation à cesser de dire ceci, à ne plus penser ou faire cela.
Mais c'est aussi une expression
autonome qui tient toute sa force, accompagnée de mimiques adéquates,
dans une envolée concluante: « non, il faut arrêter »!
De préférence, grassement répétée : « il faut
arrêter, arrêter ! »
Un ami sculpteur d'un ami peintre qui
habitait chez moi, avait entreposé dans sa pièce une sculpture de
retour d'exposition, sous prétexte qu'habitant loin il ne pouvait la
transporter. Rapidement cette sculpture avait pris trop place, aussi
bien l'ami peintre l'avait subrepticement descendu dans la cave de la
maison où elle avait de nombreuses fois été déplacée, l’objectif
étant qu'elle prenne le moins de place, or elle en prenait toujours
trop. Chaque fois qu'on le lui réclamait, le
sculpteur affirmait qu'il viendrait la chercher mais n'en faisait
rien. Et puis, à l'occasion d’un rangement, ce qu'il faut faire
car les caves urbaines s'emplissent à mesure qu'on les vide, à
l’occasion donc, la sculpture avait été repoussée dans le
soubassement menant aux égouts. Un endroit humide dans lequel elle
s'est affaissée comme par vieillissement.
Un jour, il y a
peu, -l'ami peintre avait déménagé, d'autres gens s'étaient
installés avec d'autres objets-, une équipe de la ville de Paris est
venue faire des travaux dans ce soubassement, avant d'évacuer tout ce qui s'y trouvait. La sculpture de l'artiste, ami de mon
ami, est du coup repartie, aplatie, dans le camion des égoutiers.
Une
carapace de carton sur structure métallique, peinte en rouge,
portant les mots d'un poème de Desnos. Partis eux aussi.
Ce qu'il y a dans la tête, dans la tête des gens, est mystérieux. On ne sait jamais ce qu'ils y ont. Ni ce qu'il pourrait y avoir. Et puis on peut toujours s'essayer à en faire bouger les lignes, généralement, c'est impossible, ça ne change pas.
La création de postes dans l'éducation
nationale, même de milliers de postes, ne va guère transformer
l'éducation, à part résoudre quelques problèmes locaux.
Certes elle permettra une sorte de
réconciliation entre les enseignants et leur gouvernement.
Mais ça ne va pas résoudre la
séparation croissante entre les enfants de plus en plus immergés
dans le monde numérique et les professeurs toujours majoritairement
accrochés au monde analogique.
Plaisir d’entendre un Québecois sur
France Culture ce matin, Charles-Philippe David, qui traduit en
français. Quoi ? Il s'exprime en français.
Il parle de pouvoir
souple (soft power) ou de pouvoir brutal (hard power). Et surtout de
pouvoir intelligent (le smart power, revendiqué par Obama). Et ça
parait tout naturel !
Est-ce que ça ne donnerait pas aussi
plus de sens ?
Pas de visite virtuelle de l'exposition
Salvador Dali sur le site du centre Pompidou, et ce contrairement à
ce qui avait semblé être annoncé lors du lancement de sa
plateforme numérique. L’argument avancé était qu'il s'agissait
là d'une démarche de service public.
En effet, c'en serait une pour
quiconque ne peut pas matériellement se rendre à l’exposition, ou
ne supporte pas de faire des queues interminables. Ou encore n'a pas
une envie folle de voir ou revoir les oeuvres de Dali, mais seulement
d'y jeter un oeil.
On voit là, comme d'habitude pour les
institutions, la distance qu'il peut y avoir entre communication et
réalité de la chose.
En cherchant cette visite, on tombe sur
un page guère avenante où l'on parvient tout de même à trouver
une bande-annonce de l'expo (dont une bonne minute de générique de
fin).
Par ailleurs le site indique que la
collection du Centre est en ligne, mais elle ne se trouve que par
une recherche interne incertaine...
Il y a en fait de la restriction, de la
méfiance, une indéboulonnable inertie sur des habitudes de
conviction.
Pourtant une vraie visite en ligne
n'empêcherait pas des publics nombreux de se rendre sur place, ça
en drainerait même peut-être davantage !
Table est sans doute le mot le plus utilisé ces dernières années (en français, en anglais et sans doute dans plein d'autres langues) : se mettre autour d'une table, mettre tout sur la table... Significatif d'une époque qui tente d'en passer par la négociation plutôt que par l'affrontement pour résoudre les conflits en tous genres, car il y en a !
Une thèse récente sur l'évolution déclame que si un Athénien
de 1000 ans avant JC revenait à la vie il serait plus intelligent que les humains
d'aujourd'hui.
Voici en tout cas une info qui le stupéfierait raide
sur place :
« Les négociateurs
se retrouvent le 26 novembre à Doha au Qatar pour tenter de
s'accorder sur des stratégies visant à limiter la hausse moyenne
des températures sur Terre à +2°C d'ici à 2050 »
(Presse 22/11/12).
Et encore pourrait-il en
parler en connivence avec nos ancêtres de la première moitié du
siècle précédent (s'il en croisait), qui n'auraient pas pu imaginer
non plus que les humains se mettraient dans la tête de contrôler la
température sur Terre, ni d’ailleurs d'avoir une quelconque action
sur le climat.
L'occasion est trop belle
pour divers organismes de surenchérir de prévisions les plus
alarmantes possibles qui ont l’avantage de tout brouiller.
Si bien que même en se
sentant aussi intelligent que l'Athénien revenu, on ne peut guère
penser grand chose à part que la période est au réchauffement.
Tout de même penser que si
on pouvait se passer du charbon ce serait déjà une bonne chose,
après le pétrole il faudrait bien aussi...
Résolu ! 5 de mes livres sont à nouveau en vente en édition
numérique sur Google
Play. L'affaire a été réglée par le processus d'aide en
ligne, donc par des robots. L'aide personnalisée n'a pas fonctionné,
les conseillers ne trouvaient pas le point d’achoppement.
Je ne
veux pas dire pour autant que les humains sont moins intelligents que
les robots, non, l'habileté des robots fait partie de l’intelligence
humaine.
Je ne veux pas dire non plus que les humains sont de moins
en moins intelligents, je crois tout le contraire. Et ce
contrairement à la dernière thèse sur l'évolution de
l'intelligence humaine, à profusion diffusée, selon laquelle les
performances de notre cerveau seraient sur le déclin.
Ce serait
apparemment peu pensable que les medias titrent sur l’accroissement
des capacités intellectuelles humaines...
Je ne sais pas pourquoi!
Dans un de ses entretiens
avec Jean Amrouche de 1949, rediffusé sur France Culture dans ma
nuit rêvée, André Gide raconte qu'un soir à Léningrad, au cours
de son voyage en URSS (1936), un officier vient le prévenir à son
hôtel de ne pas prendre l'avion qui devait le lendemain le
reconduire à Moscou.
C'est lui qui avait laissé entendre qu'il
aurait aimé prendre un avion soviétique, d'autant qu'à l'aller il avait
dû voyager dans un avion allemand pour se rendre à Moscou.
Dans mes
souvenirs d'une première écoute de cet entretien, il me semble que
Gide précisait s'il avait pris cet avion ou s'il était rentré en wagon spécial par le train. Avec le temps j'avais
même l'impression qu'il avait dit que l'avion s'était effectivement
écrasé.
Or dans l'enregistrement diffusé ce 14/10/12 (soit le 25ème ou le 26ème entretien), il y a une
coupure, Gide s'arrête après avoir relaté son trouble provoqué par
l'insistance de cet officier qui lui avait parlé après s’être
assuré qu'il n'y avait pas de micros dans la chambre.
Je ne m’explique pas
pourquoi il y a cette coupure dans l’enregistrement.
Depuis deux semaines, mes
livres dont on peut lire des extraits sur Google
livres ne sont momentanément plus disponibles en édition
numérique sur Google Play. On m'assure qu'ils le sont toujours pour
ces pays : GB, USA, CA, AU, ES, DE, IT. Mais plus en France,
momentanément. Ce qui confirmerait que le local existe encore...
Ça fait partie des situations ubuesques auxquelles un écrivain
doit faire face. Bien sûr, il n'est pas le seul à devoir faire face
à des situations ubuesques. Et en l'occurrence je ne suis pas le
seul !
Les spécialistes « travaillent afin de régler le
problème », j’espère juste qu'ils
trouveront rapidement une solution.
Le président français a cru bien faire d'ajouter à sa lettre de
félicitations envoyée au Président américain la mention
manuscrite « friendly » qui semble t-il n'est pas en
usage en Anglo-américain. Et qui pour le coup a un petit côté
ridicule. Voilà bien une marque d’inculture autant que d'une manie de
ne pas rester dans sa langue quand c'est possible.
Pourquoi en effet
ne pas avoir écrit « avec amitié » en français?
Ou,
tout simplement, ce beau mot « amitié » que Barack
Obama aurait compris. Et qui certainement l'aurait touché sans y
percevoir la moindre arrogance.
Toute la nuit les journalistes politiques ont ressorti leurs mots
fétiches des soirs d’élections, parlant du fief d'Obama, en
l'occurrence Chicago et se gargarisant du « tomber dans son
escarcelle » au fur et à mesure des résultats, chaque fois
qu'un des États lui revenait.
Escarcelle, bon c'est vrai, ça ne se dit pas beaucoup, parfois un peu à
tort et à travers dans les commentaires sportifs. Un vieux
mot français, plutôt provençal, venant de l’italien qui
signifiait avare, retenu désormais comme « grande bourse autrefois portée
à la ceinture » !
Fief, c'est vieu aussi, datant de l'époque médiévale pour
désigner une terre concédée à un vassal en charge de divers
devoirs envers son seigneur... Des mots totalement inadaptés,
convenons-en.
Anyway, four more years : Bon matin Obama !
Premières réactions de lecteur(e)s "pros" à la lecture de mon roman
« Les Tourments de Claire Ardeen » :
« L’histoire est bien menée, l’écriture qui illustre
le désespoir de l’héroïne est en accord avec le projet... »
(Alix Penant)
« Un roman qui se lit aisément, je l'ai fait d'une traite,
et non sans agrément, alors même que l’insatisfaction amoureuse
de la narratrice ne m’intéresse guère ou pas... Ce que vous
faites bien et très naturellement, c'est de reproduire la manière
dont on parle, entre amis, au téléphone, etc . »
(François Taillandier)
« Un sujet intéressant, notamment dans le renversement
qu'il opère par rapport aux clichés encore bien solides sur la
sexualité féminine... » (Sophie Bogaert)
« Où ça va nous mener tout
ça », elle m'avait soudain demandé en souriant ?
On
parlait de la technologie de notre époque, de la disparition des
repères.
J'avais affirmé que, contrairement à
ce qu'on disait, cette époque avait plus de valeurs qu'il n'y
paraissait.
« Et à
quoi ça va nous mener tout ça, hein ? »
« Mais,
à toujours plus d’intelligence, j’avais répondu spontanément,
au développement toujours plus grand de l'intelligence ».
En
réfléchissant, j'avais ajouté: « oui, ça nous mène
inévitablement au développement de l’intelligence, on se dirige
de fait vers de plus en plus d'intelligence »...
Il ne s'agit pas d’intelligence
cervicale seulement, mais de celle du corps tout entier, et du corps
social et mondial aussi.
Je devais reconnaitre que ce n'est pas
forcément ce qu'on croit apercevoir du monde.
Pourtant oui, c'est ce
qui se passe et c'est le plus probable qui va se passer.
De même que tout s'élabore toujours plus, davantage, et plus vite, les textes anciens se révèlent
éloignées de nos modes de pensée.
Et le
développement des connaissances est constant, beaucoup datent
seulement de quelques années, voire apparaissent sous nos yeux ahuris...
Déjà 300 exécutions à mort en Iran pour les huit premiers mois
de l'année 2012, selon les chiffres officiels. Certainement plus,
indiquent des sources non gouvernementales, il y en aurait eu 670 durant l'année
2011, y compris de mineurs.
L’Iran est le pays qui pratique le
plus la peine de mort -suivi de la Chine et des USA-, alors que plus
des deux tiers des pays l'ont abolie et que seule une dizaine d’États
continue de l’appliquer.
Récemment, un certain nombre d'intellectuels musulmans se
sont réunis au Maroc pour promouvoir l’abolition de la peine de
mort dans leurs pays qui, même s'ils ne l’appliquent plus
effectivement, prévoient tous la peine de mort comme châtiment
« suprême » légal.
Ce qui n'est guère surprenant puisque la loi islamique date du
courant du premier millénaire où la peine de mort était
naturellement pratiquée, si l'on peut dire, sur toute la Terre.
« Triste époque, où la société littéraire préfère
lire sans danger Amélie Nothomb, plutôt que de se risquer à
lire... » écrit le chroniqueur de L'Observateur.
D'abord la société littéraire (?) ne lit pas Nothomb qui a son
public particulier de lecteurs et surtout de lectrices, genre pas
très éduqué(e)s ni littéraires, de psychologie psychologisante,
super analogiques, c-à-dire assurément pas du tout numériques, ni
dans la pratique ni dans l'esprit. Tout comme elle, à son image, du
pareil.
D'autre part, et même si ça n'a aucune importance,
commencer son article par un « Triste époque » à la
manière dont s'exclamait le brave paysan du début du 20e, sortant
de sa porte pour constater qu'il faisait un temps de chien, n'est pas
très digne de quelqu’un qui a le pouvoir d'écrire ce qu'il veut
dans un journal bien diffusé du 21e.
C'est ignorer, entre autres, qu'au début du siècle
dernier justement le Marcel qui était connu n’était pas
Proust mais un certain académicien du nom de Marcel Prévost.
C'est Marcel Proust qui raconte la scène, arrivant dans une
soirée mondaine, il entend à son passage une femme qui chuchote à
ses amies : « Ah, c'est lui le grand écrivain Marcel
Prévost ! »
Ceci n’ayant rien de rassurant pour personne.
Ni pour qui sera super connu dans un siècle alors que la sus
citée ne le sera plus.
Pas davantage pour ce critique dont les livres qu'il propose ne
sont pas plus surement intéressants que ceux d'icelle-là dont je
trouve contrairement à lui la lecture dangereuse pour la bonne santé
intellectuelle.
Aujourd'hui, au Forum des images (2, rue du cinéma Paris 1er), est donné en hommage à Marcel Mazé un
programme de courtmétrages, dont mon film Narcisso-Métal.
Disparu cette année, Marcel Mazé avait été à l'origine de la création du
Festival du jeune cinéma de Hyères, en particulier de sa section
« Cinéma différent », ainsi que de la coopérative de
cinéastes indépendants, expérimentaux ou différents : le
Collectif jeune cinéma dont il est resté proche jusqu'à la fin de
sa vie.
C'est lui également qui a invité
plusieurs années de suite Marguerite Duras au Festival de Hyères
où
ont été montrés nombre de ses films.
Ce qui est drôle et amusant, c'est que
c'est à peu près le programme qu'avait vu Duras à ce festival de
Hyères, le jour où Marcel Mazé m'a présenté à elle et où elle
m'a dit que Narcisso-Metal était un film d'écrivain.
A peu près le même programme, à part
que Marcel n'avait pas encore réalisé ses deux films proposés
dans cet hommage, avec des films de Pierre
Clémenti, Jean Paul Dupuis et Gérard Courant.
J'ai été particulièrement heureux de faire une
lecture-présentation des « Entretiens avec MD » à la
librairie Le Port de tête à Montréal. Précisément au
Québec, ce pays dont j'envie souvent la pratique du français, à
savoir celle d'un usage inventif et créatif.
Par exemple, les rectifications de l'orthographe de 1990 y sont
admises au même titre que l'orthographe préexistante, tandis
qu'ici, en France, elles sont globalement ignorées dans
l'enseignement primaire autant que secondaire, rejetées dans le
monde de l'édition et très peu pratiquées dans celui de la presse.
Ici, la règle c'est le rejet du néologisme quand au Québec on
semble en prendre l’option. Ici, on est coïncé dans une
alternative « ça se dit ou ça ne se dit pas en français ? »,
que je voudrais bien transgresser par un « est-ce que ça
pourrait se dire ? », étant donné que la réponse serait
oui dans la plupart des cas.
Depuis longtemps on y a transposé le « ing » anglais
par le « age », non admis ici, pourtant pratique et
spontanément dit par les enfants (gravage). On dit plutôt « sans
fil », « hambourgeois », mais aussi « bon
matin », nettoyeur (pressing), « ça se marche bien »
pour dire d'un lieu qu'il n'est pas loin à pied. On traduit sans
attendre le mot anglais, tel ce « courriel » qui n'a pas
pris en France...
C'est une tristesse pour moi de « voir » l'énergie
rageuse dépensée par les dits « défenseurs de la langue »
pour entraver cette vitalité qui pourtant seule permettrait au
français de rester ou redevenir une langue où l'on crée du
concept.
Ne ratez pas les sourires ! que dis-je, observez les sourires
de plaisir qui illuminent le visage des gens, souvent jeunes, lorsqu'ils
découvrent leur SMS en marchant dans la rue ! Ça se fait,
c'est même très répandu, des sourires s'épanouissant à mesure de
la lecture. Il est vrai que ces SMS ou textos apportent en général
de meilleures nouvelles que les lettres postales...
Conseil adressé à l'éditeur « en affaire » de
chez Gallimard qui se déclare « effrayé par le monde qui
s’annonce ». Et à la bande de oufs (Finkielkraut,
Bergougnioux, Michon, Camus -qui n'est pas Albert) et d’autres qui,
selon « République des
livres », le rejoignent sur bien
des terrains (défense de la langue ou d’une certaine idée de
l’éducation et de l’enseignement, dénonciation de la doxa
politiquement correcte).
Conseil bien inutile, car je sais
qu'ils n'en démordront pas de leur obsession à rejeter leur
époque plutôt que d'essayer de la comprendre. En l'occurrence de la
voir.
L'éditeur démissionné du comité de lecture de chez Gallimard,
« n'abandonne pas son travail d'éditeur il continuera de
suivre ses auteurs ».
Oh là là ! Qu'est-ce que ça veut
dire ?
En fait ça parait normal à tout le monde (de l'édition) que
dans une grande "maison", il y ait un certain nombre
d’éditeurs qui se partagent pour s'occuper de « l'écurie »
toute entière. Quand même on aimerait bien savoir ce que ça veut
dire. On aimerait bien que les auteurs en question l'expliquent
eux-mêmes.
D’après ce qui se dit, ça signifie corriger, inciter à
changer, modifier, caviarder. Il semble que la plupart s'en moquent
ou le supportent. Certains à un moment se révoltent. D'autres
parviennent au prix de quelques compromis à y échapper.
Tout de même, ça veut dire quoi ? Formater? Rendre plus
facilement commercialisable? comme me disait Yv-No.
Précisément, passer au contrôle du point de vue de cet homme
dont on ne sait s'il revendique la langue pure parce qu'il est plus
ou moins raciste. Oui s'il l'est parce qu'il est obnubilé par la
pratique d'une langue pure. Du point de vue de cet homme, en tout
cas, dont on contestera ce qu'il dit être : « celui d'un
écrivain et non, comme on voudrait que je le fusse, celui d'un
activiste d'extrême-droite ».
Pour rire, parce qu'il vaut mieux en rire, testons son
expression : « comme on voudrait que je le fusse »,
testons-la dans la rue, dans les couloirs de lycée, où on voudra,
ça devrait faire rire !
Pourquoi je t'avais dit que ça m'avait fait plaisir de te
rencontrer?
C'était choute que tu me demandes ça...
Mais parce que j'avais du plaisir à te parler, à marcher avec
toi, à être avec toi !... Non? Nous avons du plaisir à nous
parler, n'est-ce pas ?
J'avais au dernier moment écarté ce
qui m'était d'abord venu à la pensée : "du plaisir à être
ensemble".
C'était vrai, nous avions du plaisir à être
ensemble, à nous regarder, à nous parler, tout comme à décider de
ce que nous allions faire ensuite du moment où nous étions.
J'avais du plaisir au point d'être dans un état amoureux. Sans
implication immédiate. Juste à être dans cet état amoureux qui
fait qu'on ressent une joie d'exister et qu'on peut voir du monde ce
qu'on n'en verrait pas sinon.
D'ailleurs on devrait toujours être
en état d'être amoureux. On devrait toujours être amoureux. En
général, et précisément si c'est possible.
En l'occurrence je
l'étais grâce à toi, amoureux, plus que d'ordinaire.
Encore un livre au sujet pourtant intéressant que je ne pourrai
pas lire (La Théorie de
l’information d'Aurélien Bellanger). D'abord parce
qu'écrit au passé simple qui est un temps qui a totalement disparu
du langage parlé. Ensuite parce qu'il reprend au moins deux
stéréotypes de bandes dessinées :
Comme l'annonce son éditeur,
il « évoque le destin d’une planète
devenue un jouet entre les mains d’un milliardaire fou » et,
comme le présente toute la presse, il met en avant les dangers des
outils informatiques, jusqu’à pronostiquer que les robots
prendront le pouvoir sur les humains.
Je ne cherche pas à discuter ces assertions. Je dis juste que
s'il ne les avait pas développées et si au contraire il avait émis
l'idée non que les robots domineront les humains mais qu'ils leur
permettront d'être plus performants, peut-être plus libres et sans
doute plus intelligents, ce livre n'aurait pas eu le succès de
presse qu'il a, que dis-je ? il n'aurait pas été retenu par le
saint office bourgeois qu'est le comité de lecture qui l'a adoubé.
Caroline Proulx : Un événement s'est ajouté le mercredi
soir, 5 septembre 19 h, la veille donc du colloque (« Le cinéma
de Marguerite Duras, l'autre scène du littéraire », 6/9 au
9/9 à l'UQAM). Nous avons pu organiser à notre grand bonheur un
lancement pour les "Entretiens avec Duras" de Jean Pierre Ceton qui
viennent de sortir cette année (François Bourin éditeur) à la
Librairie Le Port de tête, 262 Mont-Royal Est, Montréal (Métro
Mont-Royal).
Ce sera l'occasion de nous rencontrer de manière
conviviale, entendre Jean Pierre parler de son livre (l'acheter
aussi, si vous le souhaitez, car il y aura des copies disponibles)
accompagné de Jean Cléder et Catherine Gottesman qui pourront nous
en dire quelques mots, prendre un verre et manger quelques bouchées.
Pour ceux qui n'auraient pas le décalage dans les jambes, la
librairie se marche à partir de l'Auberge Le Pomerol ou de tout
hôtel dans le coin. Il faut prendre la rue St-Denis (trois rues vers
la gauche en sortant de l'Auberge) vers le nord, jusqu'à la rue
Mont-Royal où il faut tourner à gauche et faire quelques rues. Pour
ceux qui veulent éviter la demie-heure de marche, vous n'avez qu'à
prendre le métro Berri jusqu'à la station Mont-Royal (ligne orange,
direction Montmorency) et prendre à gauche à la sortie...
Vraiment, je n’arriverai jamais à
aimer la rentrée. C'est trop bizarre la rentrée, ça commence
d'abord par le foot. Hop ! c'est reparti, Olympic lyonnais
contre Paris St Germain, les Girondins face aux Phocéens, ou bien ce
sont les Bretons contre les Nordistes etc.
Et puis il y a l'horreur de la rentrée
politique, le retour des caciques, et de leur langue de bois de mauvaise foi, appuyés par
de petits jeunes qui les remplaceront un jour, c'est l'ordre des
choses. Eux, les politiques ils aiment tellement la rentrée qu'ils
ont même inventé la pré-rentrée !
Bien sûr, il y a la rentrée scolaire qu'à ma connaissance aucun
enfant n'aime, même s'ils s'y font tous ou presque. On s'y est plus
ou moins tous adapté.
En fait la pire, c'est la rentrée littéraire, la pire parce
qu'elle n'est en rien littéraire. C'est la rentrée des éditeurs,
des marchands, des cadres qui décident, vendent, ou plutôt
cherchent à vendre un maximum. Pas la rentrée des écrivains,
certes il y en a qui collaborent avec les éditeurs qui font leur
rentrée, il faut bien. Pas même la rentrée des critiques qui n'ont
guère de visibilité dans la masse des « sorties » de la
rentrée. Pas la rentrée des libraires non plus qui préfèreraient
ne pas avoir à avancer aux éditeurs l'argent pour tous ces
livres...
C'est trop bizarre la rentrée, en tout cas pour un écrivain qui
écrit quand il écrit, pas plus avant ni après la rentrée. Mais
pas moins.
Un journaliste écrivain devenue académicien, il le méritait
bien, avait écrit de mon premier livre que j'avais inventé
l’écriture jetable, je crains que la rentrée dite littéraire soit en réalité une
partie de livres jetables.
JB
Pontalis, psychanalyste écrivant, grande figure de l'édition
officielle, traite de la douleur à la radio France Inter. Il va chercher ses
exemples chez Alphonse Daudet (!) pour en parler, mais également pour
répondre à ce qu'il pense être une mauvaiseté contemporaine :
utiliser le mot gérer.
Selon
lui, on ne peut pas « gérer » la douleur, parce qu'il y
voit le sens de gestion financière.
Pourtant,
on peut davantage la gérer que jamais (psychanalyse justement,
médicaments, plus de connaissances etc..)
Son
monde est fermé. Il ne voit pas qu'il y a de l'ouvert, ni ce qu'il y
a d'ouvert dans le fait de gérer.
Et pas seulement la douleur, le
plaisir aussi, le désir...
Rien
ne bougeait aux alentours. On
était installé à la terrasse du Circulo des amigos, comme si on
allait y rester des jours.
Dialogue
à cette terrasse de Tabernas, (Almeria, Espagne) :
Tu vives aqui ? / Si... / Magnifico ! / Te gusta ? /
Mucho ! / Es muy tranquilo...
Je me sentais dans une ambiance cinéma. Je pensais à « Profession
reporter ». A la fuite des personnages du film pour se perdre
dans un monde un peu fantôme.
Les
vacances me semblaient faites pour quitter les habitudes, changer de
rythme etc.
Moi j'étais
plutôt pour le concept, en tout cas je me méfiais beaucoup de
l'action imbécile. Ce qu'il m'aurait fallu, c'était me quitter moi...
Qué pasa ? Je m'étais levé pour trouver les toilettes.
Arriba !
Le cercle des amis était un café qui faisait hôtel pour les
voyageurs d'exception.
Il y régnait un silence digne du désert tout proche. Sauf le bruit
de quelques rares voitures qui passaient, parfois en klaxonnant pour casser
ce silence. Sauf le bruit d'une télévision qu'on entendait à deux
rues. Mais ça n’empêchait pas la perception du silence.
Adios !/ Adios !
Un article très pessimiste sur le réchauffement climatique de
James E. Hansen (qui dirige
the NASA Goddard Institute for Space Studies) publié
dans le Washington Post, ce 4 Aout 2012.
Très pessimiste parce que la situation lui parait plus grave que ce
qu'il avait prévu il y a quelques années. Il dit qu'il était trop
optimiste, en particulier quant à la survenue des phénomènes
extrêmes.
Les
chances, écrit-il, que la variation naturelle du climat soit à
l'origine des phénomènes extrêmes (canicule en Europe en 2003, aux
USA cet été etc.) sont minuscules, de l'ordre de celles qu'aurait
celui qui quitterait son travail pour jouer à la loterie chaque
matin afin de payer ses factures.
Il se réfère par ailleurs à un « climat normal », sans réchauffement
climatique, ce qui supposerait qu'il y aurait eu le long de
l’histoire un climat normal.
En
fin de compte, un article curieusement optimiste : "Il est encore
temps d'agir et d'éviter une plus grave détérioration du climat
par un délaissement progressif des énergies fossiles, la
stimulation de l'innovation et la création d'une économie forte
basée sur les énergies propres".
Hier, dans une conversation, j'en viens à
citer une phrase de mai 68 : « Je ne suis pas contre les
vieux mais contre ce qui les a fait vieillir ».
J'étais en train d'expliquer que le
plus souvent j'avais du mal à m'entendre avec les gens de ma
génération (les après 50), qui n'étant évidemment pas des
natifs digitaux, ont le pli d'être plus ou moins en refus des
nouvelles technologies et par exemple de résister saintement à
facebook ou au web 2,0 en général.
Ils ont aussi la manie de tisser une
nostalgie un peu ridicule du temps passé, quand ce n'est pas ajouter
et surajouter du « c'était tellement mieux avant »,
occultant tout ce qui les a emmerdés.
Et aussi encore ils peuvent se fâcher
d'un coup parce que la personne qu'ils ont en face d'eux n'est pas
comme ils auraient voulu qu’elle soit. Je ne dis pas que des jeunes
gens ne font pas la même chose. Mais c'est plus répandu dans les
vieilles générations parce qu'ils sont encore sous modèle du
géocentrisme et pas sous celui de l'héliocentrisme.
Et puis, ils peuvent avoir le culot de
dire que finalement ils auront été plus heureux qu'eux la jeune
génération qui vient!
Joël de Rosnay, biologiste, futurologue et technologue, qui parle
et écrit en français (sur tous les médias) illustre constamment
son propos (« comment sur-vivre dans la société fluide »)
de multiples concepts, inventifs et créatifs, hélas tous formulés
en anglais, et pourquoi ?
Parce que l'habitude chez les clercs du français est au refus du
néologisme, ce qui est complétement stupide dans notre époque
hyper changeante !
Dimanche 15 juillet vers 21h 08, sur ma
terrasse intérieure, j'ai donné une 1ère lecture publique d'extraits du roman que
je viens de terminer ("Les Tourments de Claire Ardeen")
pour des amis attentifs de Montréal, Sydney, Séoul, Marseille et
d'ici Paris... C'était une soirée réunissant des universitaires
chercheurs en prélude au colloque Duras qui aura lieu début
septembre à Montréal. La veille ou le matin, j'avais eu cette idée de
proposer de lire des extraits de ces "Tourments". En
attendant la livraison des sushis, j'avais pensé, il y avait le temp d'une
demi-heure, trois quarts d'heure.
J'ai attendu 21 heures pour qu'une amie pas encore arrivée puisse
arriver, et puis comme elle n'est pas arrivée j'ai passé commande et
donc
j'ai commencé la lecture.
C'était impressionnant parce que la
douzaine d'amis là étaient très attentifs, très en écoute.
C'était étonnant parce que le livre est tout chaud, dans tous les
sens du mot. Parce qu'il vient juste d'être écrit. Et parce que,
autant dans la forme que dans le propos, j'ai essayé d'être au plus
près de ce que je pouvais écrire dans la fenêtre de ce moment.
Tout chaud aussi parce que c'est dit de la vie privée, sexuelle, ce
qu'on ne dit généralement pas. J'avais d’abord pensé que je
passerais les passages les plus sexuels et puis non finalement je les
ai lus quand ils se sont présentés, puisque c'était une lecture
d'extraits au hasard mais dans l'ordre du livre. Et j'ai senti que ça
passait bien.
Bon, bien sûr je n'ai eu que des avis positifs et
bien sûr aussi on m'a dit que ça paraissait vrai ce personnage
féminin... Quand j'ai cherché à savoir davantage, on m'a dit que
ça donnait envie de lire le livre.
Le lendemain Joëlle Pagès-Pindon m'a écrit : entendre ton texte (singulier) porté par ta voix donnait
l'impression d'approcher de plus près des mystères de la création...
Avec son spectacle « Nouveau
Roman », monté (au festival d'Avignon) à partir d'une photo d'auteurs réunis
(*) devant les éditions de Minuit en 1959, Christophe Honoré veut
redonner voix à ceux qui ont osé, il y a cinquante-trois ans,
affirmer haut et fort le désir de «produire quelque chose qui
n'existe pas encore» (Le Monde).
Toute raison de s'en réjouir, il faut
toujours redonner voix et, encore mieux, donner voix à ceux dont
l'entreprise a cela comme objectif.
Et plus précisément à ceux qui, envers et contre tout, s'aventurent sur ces champs de ce qui n'existe pas encore.
(*) n'y figurent ni Duras, considérée comme trop sentimentale, ni
Butor, arrivé en retard... Commentaire d'un certain Pivot dans Le
Figaro littéraire du 9 juin 1962: "On dirait des chômeurs attendant
patiemment à l'entrée du bureau d'embauche".
Il y a une conviction répandue chez
les élites de gauche, comme celles de droite d’ailleurs, selon
quoi un livre aux allures culturelles qui « cartonne »
est un bon livre, en l'occurrence trop vite qualifié de best-seller
historique.
Le maire de Paris pourrait bien
regretter d'avoir soutenu, manifestement sans l'avoir lu, ce
« Métronome » d'un acteur connu, enfin que moi je ne
connaissais pas, aux convictions droitières et monarchistes (d'après
le Nouvel Obs, la seule manifestation populaire citée pour le
vingtième siècle est celle du 6 février 1934).
Leçon à retenir : se méfier de
tout ce qui cartonne avec des allures culturelles !
On ne peut pas vraiment dire qu'il y a une justice dans le monde mais tout de même il arrive qu'il y en ait une. Ainsi la justice argentine a condamné jeudi à de lourdes peines de prison d’anciens responsables de la dictature (1976-1983), coupables d’avoir mis en place «un plan systématique» de vols et d’appropriation par des proches du régime de 35 enfants d’opposants nés en détention.
Hier dans la rue commerçante de mon quartier je suis tombé sur une peau-rouge. Dans l'enfance de mon grand-père on apprenait qu' il y avait sur Terre quatre races humaines: blanche, noire, jaune et rouge. Cette femme peau-rouge était bien la première jamais rencontrée par moi, manifestement sortie d'une cabine de bronzage, le teint encore accentué par mes lunettes de soleil qui me font voir la vie en rose...
« Ne dis pas que tu ne comprends pas grand chose, toi non plus, c'est que tu ne regardes pas ou n'y vas pas voir. Ne suis pas les toquards qui voudraient te garder prisonnières des vieilles illusions. Ne les écoute pas les gourous et autre pseudo-chamans qui ressassent à se ressourcer. Ne te laisse pas emporter par ton orgueil primaire, détends ton mental en même temps que ton corps... »
La
génération dite Y, des 18 ans / 28 ans c'est, clamait à la télé une personne de
l'institution, celle qui est née avec le sida, le chômage et
autres
maux contemporains. Omettant d'en décrire la particularité
première, celle d'être native digitale, de n'avoir connu que ça le
numérique, internet, le portable, la communication mobile. Et de
connaître ça, ces outils des TIC mieux que leurs parents,
enseignants, directeurs et chefs de tous genres.
Elle
a selon moi une autre particularité, c'est de ne pas se considérer
sacrifiée contrairement à ce que disent d'elle les medias généraux. Ce qu'en revanche on pourrait dire à juste titre de
la génération d'il y a un siècle (ceux nés entre 1880 et 1900) ou
de la suivante qui a connu la seconde guerre ou la guerre
d'Algérie...
Si
elle se plaint de la société, la génération Y, c'est de tout ce qui la bloque cette société, et elle en conséquence.
D'ailleurs
elle s'étonne d'entendre dire qu'elle a moins de chances que la
génération de ses parents, quand elle les voit eux si limités dans
leur mentalité !
Dans
l'immeuble d'à-côté il y a un appartement que je ne connais pas
qui appartient à une femme que je ne connais pas davantage.
Je
sais,
parce qu'on me l'a dit, que quand elle l'a acheté, elle a décidé
d'y faire de gros travaux. On a parlé de mezzanines à construire,
de sol flottant pour absorber les bruits, d'ouvertures de baies et
aussi de permutation de la salle de bains vers la cuisine et vice
et
versa. Elle a aussi décidé que les chambres qui donnaient sur rue
seraient sur cour, ce qui impliquait de déplacer le salon-salle à
manger sur rue alors qu'il donnait sur cour.
Il
y a donc eu des travaux très bruyants qui ont duré un certain
temps, longtemps. A force, des gens se sont plaints et j'ai été
heureux qu'ils le fassent à ma place. Un jour, on a pu constater
qu'il n'y avait plus de bruits de travaux qui provenaient de cet
appartement. On a pensé que les travaux étaient finis.
Oui
mais trois mois plus tard ça a recommencé. On a eu une explication
du chef de chantier, la propriétaire n'était pas contente de l'emplacement des
mezzanines qu'il fallait donc refaire entièrement... Et puis
encore, des travaux,
quelques mois après, le chef de chantier a expliqué que la
propriétaire en fait n'était jamais satisfaite.
Tout
récemment encore, des travaux ont repris. Je crois bien qu'on
s'est
habitué au bruit, même si cela nous énerve de temps à autre. Le
chef de chantier quant à lui prend des airs un peu las mais tout de même ça lui
fait du travail !
Un jour, à France Culture, on a annoncé
qu'on pourrait réécouter l'émission qui venait d'être diffusée
pendant quelques jours, sur le site net de la radio.
Puis, pendant
une semaine, dix jours et puis 30 jours. De même sur différents
médias, y compris des télévisions.
Hier, j'entends de la voix d'un présentateur de
France Culture que c'est désormais possible pendant 1000 jours !
Et 1000 jours, ça se rapproche de la permanence. Car
si on peut mille jours, on peut dix mille etc.
Au fond, le numérique apporte là, en plus d'une
possible libération des contraintes du local, une libération de
celles de l'instant.
Pas de raison en effet qu'un programme n'ait
une existence qu'en un point ponctuel du temps.
Par ailleurs, il est plus logique de laisser
disponible les émissions sur le serveur de France Culture plutôt
que chacun les télécharge afin de pouvoir les écouter ou les
réécouter, donc en les stockant sur son disque dur qu'en général on
délaisse tous les 4 ou 5 ans...
En
Iran, les femmes n'ont pas le droit d'assister aux rencontres
sportives (que suivent les hommes), un hyper cinéma qui diffusait
un
match de l'euro-foot a été fermé pour avoir délivré des places à
des femmes. Pas parce que ce régime d'un autre âge veut éloigner
les femmes du foot. Non, pour qu'elles ne se mélangent pas aux
hommes
et vice et versa.
Dans
ce pays, les relations amoureuses trouvent difficilement un espace
public puisqu’un homme et une femme ne peuvent pas se promener
dans
la rue ou dans un parc s'ils ne sont accompagnés d'une autre
personne
de la famille de la femme.
Donc
ils s'inventent des espaces, par exemple les taxis collectifs qui
prennent le long de leur course autant de monde qu'il est
possible.
Ainsi des couples se forment au cours des trajets de taxis d'un
bout
à l'autre des villes, qui alors espèrent deux choses a priori contradictoires :
Qu'il
y aura peu de monde dans le taxi pour pouvoir se parler en
relative
intimité.
Et aussi qu'il y aura beaucoup de monde pour se coller l'un à
l'autre jusqu'à capter les battements du coeur de l'autre...
Une
jeune femme parmi d'autres est emprisonnée avec son bébé, condamnée à la
lapidation pour adultère, ça se passe au Soudan du Nord, un des 7 pays
qui
conservent la peine de mort par lapidation, cependant non exécutée
ces dernières années dans ce pays.
Donc,
une jeune femme est condamnée à mort pour avoir fait l'amour. Il
se
trouve que c'est souvent que des gens ont été condamnés pour
avoir
fait l'amour. Le faire ou l'avoir fait, quand c'était interdit
par les traditions, des lois ancestrales, des pouvoirs en
réalité.
Des pouvoirs mâles.
Noter
que c'est rarement le contraire. Oui, il est extrêmement rare
que
des gens soient condamnés pour n'avoir pas fait l'amour, ou pour
ne
pas le faire. On devrait pourtant parfois condamner des gens
pour
avoir oublié de le faire, ou ne pas vouloir je ne sais, pour l'avoir interdit
surtout.
A
une peine d'amour en tout cas !
Quelqu'un qui écrit livre après livre depuis des décennies sur
les technologies de l'information et de communication et qui en
arrive à faire l'apologie du bistrot (et du discours de comptoir qui
va avec?), est-il secoué, carrément secoué, ou bien banalement
populiste ?
Les deux, je pense.
Pour qui cherche une illustration du populisme pourra trouver
celle-ci : En l'occurrence, parler en savant d'une nouvelle
pratique/technique et puis au bout du compte émettre un jugement qui
revient à valoriser ce qui se passait avant cette
technique/pratique. Populiste, parce que c'est exactement le point de
vue majoritaire et réactionnaire.
Reste la question de savoir si cet homme est plus « secoué »
que populiste?
Réponse : Pas parce qu'on écrit des livres et
en parle sur tous les plateaux médias que l'on est forcément
mentalement développé.
« Une fin d'après-midi, je crois que j'étais à peine sorti de la
journée, nous quittons l'ascenseur qui conduisait jusque sur la
plage et rencontrons celle qu'Emmedée me présente comme étant
Emmanuelle.
C'était l'actrice héroïne du film Hiroshima mon amour...
Emmanuelle Riva que je venais de voir aurait pu objectivement être
la mère de celle du film.
Et pourtant non, c'était la même personne qu'il aurait été
pour le moins étrange et troublant de revoir à l'identique. »
(La Fiction d'Emmedée p. 204)
Un
premier texte devrait toujours être illisible" dit MD dans les
Entretiens (François Bourin éditeur).
A ce propos, avant une
lecture en librairie, somebody me demande : est-ce que ce ne
serait pas un peu dépassé de dire qu'un texte doit d'abord être
illisible ?
Expliquer
que ce stade d'illisiblité entraine le fait qu'il y ait ensuite
écriture ou qu'il n'y en ait pas.
Beaucoup
de livres paraissent, se vendent, sont lus ou pas, et n'ont pas
d'écriture cependant.
A
la radio, ces hiers derniers, j'entends rabâché que Jack Kerouac a
écrit son On the road en trois semaines. Oui, mais ce qu'ils ne
disent pas, c'est qu'il l'a retravaillé pendant six ans ensuite.
Six
ans, c'est le temps qu'il lui a fallu aussi pour convaincre un
éditeur. Le trouver l'éditeur, ou, comme je dis, l'inventer après
qu'on a fini l'écrit.
Une chute du roman qui m'occupait depuis plus d'un an et que j'ai lâché hier:
87
Quand
j'erre dans la rue, je sais que des mecs me regardent,
reluquent mes
seins, matent mes fesses ou mes cuisses, ça oui !
Il y en
a
aussi qui se mettent à me suivre.
Mais je
ne
vois pas du tout d'esquisses d'histoires d'amour, non.
Certes,
il
arrivait qu'il y ait un échange de regards, genre « coup de
feu » avec un bel inconnu. Mais une fois qu'on s'était croisé,
c'était fini, il avait à peine existé qu'il s'était aussitôt
perdu dans le flux des autres.
Vraiment
rare
que je recroise l'un de ces beaux inconnus qui d’ailleurs
étaient devenus objets de fantasmes parce que je les avais à
peine
aperçus...
Enfin,
une
fois ou deux peut-être, il y avait eu un début de quelque
chose, un
début fort, des sourires, un regard maintenu. L'homme avait
marqué
le pas, puis continué comme moi, mais dans l'autre sens.
Le
lendemain, la même chose s'était passée, encore plus fort...
Hélas,
jamais revu une troisième fois, ce personnage. Pourtant,
j'étais
retournée les jours suivants au même endroit, à la même heure,
et
le même jour de la semaine suivante, vainement.
Pour
rien !
Très
rare, extrêmement rare que les choses se reproduisent deux
fois de
suite... Et même deux fois déjà, c'était un peu miraculeux.
Petit paragraphe qui ne s'intégrait plus, n'était pas si important...
« Une passation des pouvoirs tout
en "sobriété" » (Le Monde.fr 15/05/2012)
Ce titre montre que les
gardiens de la grammaire, les intégristes de la langue l'ont
emporté. Ils ont brimé ce qui serait allé dans le sens de la
spontanéité de l’usage qui aurait écrit « toute »,
l'adjectif se rapportant à la passation : une passation
toute en sobriété. Et non donner à ce « tout » une
valeur d'adverbe.
Disons que l’usage n'est pas
seulement ce qui s'est fait, ou ce qui se faisait. L'usage est aussi
ce qui se fait maintenant, ce qui se pratique : quel est l'usage
actuel ?
La tendance est à rendre logique
formellement. Passation est au féminin, il est plus simple
d'accorder tout : toute ! La tendance actuelle est aussi à
ne pas opter pour les torderies qui amusent tellement les intégristes
sus visés mais rendent mauvais les élèves en dictée.
Disons aussi, disons le fort et haut: "il y a une faute dans
ce titre". Disons-le sans culpabilité: ils ont oublié un e dans Le Monde.
C'est
sans doute ce qu'on en pensera dans quelques décades !
« Spectacle invisible », annonce Yves-Noël Genod,
à propos du dernier qu'il présente à l’hôtel Palace de
Bologna, et qui porte ce titre « HOTEL PALACE ».
Est-ce une continuation de sa mise en cause de l'idée de
représentation, ou un artifice nouveau de mise en scène ?
« Vacances dans la réalité,
dirons-nous avec le poète » ajoute-t-il... J'avoue que ceci me
plait beaucoup car c'est mettre en avant la fiction et son possible.
Mais il affirme aussi que "la réalité
dépasse toujours – et de très loin – la fiction". On le dit souvent
cela, de la réalité, qu'elle dépasse la fiction. Pour les
faits-divers par exemple.
Il est vrai que les romans,
théatres, cinémas peuvent être hélas plus pauvres que la réalité,
et cela ne doit et ne devrait pas être comme dit Régy.
Si la réalité dépassait toujours
la fiction, ce serait désespérant de penser qu'on ne peut rien
inventer. Ce voudrait dire que le monde ne pourrait que se répéter
en son état ?
Mais cette affirmation ne marche
pas, par exemple si on considère l'oeuvre de Léonard de Vinci. On
sait que sa fiction a dépassé la réalité, en tout cas qu'elle l'a
nourrie.
Tout comme on pourrait dire que les
singeries des petits personnages de Shakespeare seraient tombées
dans l’oubli s'il ne les avait universalisées.
Moi j'aime bien l'idée de la
fiction productrice de réalité.
Je crois que si on écrit quelque
chose différemment de ce qu'il s'écrit généralement, la réalité
change.
La fiction qui naitrait des vacances de la réalité? Ça donnerait envie d'aller à
Bologne !
"Le temps de mon écriture était bien sûr lié à ma vie
trop agitée. Je n'écrivais pas toujours autant que je l'aurais
souhaité, j'occupais cependant le temps par l'écriture, et même trop,
et même quand je n'écrivais pas.
Car c'était pour moi un travail harassant, la fameuse descente
dans le texte curieusement déclenchait en moi des images de
construction de routes, avec le processus en couches, casser,
terrasser, aplanir, amener des cailloux, de la terre, tasser avec des
rouleaux, et rerouler, puis épandre d'autres couches, de ciment ou de
bitume, et réaplanir, des couches sans fin, un travail épuisant, sous
un soleil tapant, dans la poussière, la fatigue, la soif d'en
finir"... (La Fiction d'Emmedée, page 207)
Le vendredi 13 avril à 18h30, à la Librairie La Terrasse de Gutenberg, 9 rue Emilio Castelar (coin rue de Prague)
Paris 12ème M°Ledru Rollin (ci-joint invitation), je présenterai
et lirai des extraits des Entretiens avec Marguerite
Duras : On ne peut pas avoir écrit Lol V. Stein et désirer
être encore à l'écrire.
Et je raconterai le chemin plutôt magique qui m'a conduit à ces
entretiens pour France Culture et à leur publication chez François Bourin éditeur.
Une bigote de la langue, fière de l'être, assène qu'il ne
« faut » pas dire une auteureuh ni une écrivaineuh
(elle insiste sur le euh). Mais qu'on «doit» dire une auteur, une
écrivain. Tout comme selon elle il « faut » dire poétesse, mot
qu'elle trouve joli, c'est vrai... et bien sûr doctoresse, maîtresse
etc. Sachant que ces féminins en esse renvoyaient la plupart à des
fonctions que peu de femmes exerçaient.
D'abord être tolérant. Les deux formes sont possibles, comme par
exemple directeure ou directrice. Mais pour auteur, le féminin en
train de s'imposer c'est auteure qui est d’ailleurs un mot joli
(tout comme la défenseure des enfants) si on veut bien le
considérer. Et surtout si on veut bien sortir de sa torpeur
d'habitude.
Cependant pourquoi cette dame ne supporte pas la généralisation
du e féminin ? Je crois bien qu'elle est de celles qui s’arrange
bien avec la culture macho-patriarcale. Qu'au fond elle préférait
ça !
Pourquoi ? Eh bien la raison ne peut pas tout
expliquer.
Il se trouve que c'est un combat d'arrière-garde, que le
précédent secrétaire perpétuel de l'Académie française, Maurice
Druon, s'est même fait virer pour s'être opposé dans les années
2000 / 2002 au gouvernement de la France à qui il déniait le droit
de promouvoir la féminisation des noms de fonctions : « depuis
quand des ministres s'occupent-ils/elles de la langue ? » (le elles étant ici ajouté par l'auteur de ces lignes).
Le comique de la comédie humaine c'est qu'il a été remplacé
par une femme qui persiste à se faire appeler « Madame le
secrétaire perpétuel »!
Pourquoi cette bio/bibliographie en fin des Entretiens :
« notamment l'auteur de Rauque la ville, La Suive,
La Fiction d'Emmedée, Les voyageurs modèles et Le
Pont d'Algeciras », sans indication des éditeurs ?
Outre que je ne voulais pas décliner dans les détails mes livres après la
liste impressionnante des œuvres de Marguerite Duras, c'est une bio que je donne souvent, tel quel, alors que ça se fait
en général de préciser les éditeurs.
Ça ne se fait pas pour les
films, un cinéaste n'indique pas le nom des producteurs de ses
films.
En l'occurrence, les éditeurs de fait de mes livres ont été
Marguerite Duras pour mes deux premiers livres et le poète Mathieu
Bénézet (*) pour les quatre derniers. Avec changement d’éditeur chaque
fois. Duras avait confié son désarroi à Liberation: « Que l'écrivain le plus
important de sa maison d'édition lui demande de publier un livre
(Rapt d'amour) et qu'il ne le fasse pas ».
Un éditeur de fait choisit l'éditeur qu'il arrive à convaincre, tandis
que l'écrivain chevalier doit inventer un éditeur pour son nouveau
livre.
Il se trouve que les éditeurs publient ce qu'il veulent publier
et pas forcément ce que les écrivains écrivent.
Suffit de penser aux trois refus de Rauque la ville par trois
grands éditeurs en place, de rappeler la douce violence que s’était
faite l'éditeur (Minuit) pour le publier.
Fortunately, RLV est toujours disponible, et apparemment
toujours autant aimé.
* Continuités d'éclats (éditions Rehauts, 2012)
L'horreur en Syrie, répression barbare, dirigeants arrogants. On
peut toujours consoler son sentiment d'impuissance en pensant qu'un
jour les responsables de ces massacres et autres abominations seront traduits en justice.
Tout comme un chef de milice congolais vient d’être reconnu
coupable devant la Cour pénal internationale.
Tout comme les dirigeants de l'ex-Yougoslavie.
Qui se souvient
-pour qui était né- des pires moments de la guerre en ex
Yougoslavie, qui peut se souvenir d'avoir enragé de honte en voyant
se pavaner d'arrogance des chefs militaires qui ordonnaient de
pilonner Sarajevo, de séparer hommes et femmes pour mieux assassiner
les premiers etc. Qui parvient à se souvenir avoir espérer qu'un
jour justice soit faite?
Et bien tous ses dirigeants-là ont été condamnés par la Cour internationale de la
Haye. Et sont en
prison s'ils sont encore vivants!
Chic by accident, dernier
spectacle de Yves-Noël Genod (Ménagerie de verre, Paris) est tout aussi radical que les précédents. Des gens errent, déambulent, gymnisent,
s'activent. Nus ou peu habillés, ou habillés à contretemps. Un
délire mental s’y exprime par des cris ou gloussements
incompréhensibles ou presque, car à faible volume. Dans un monde
désolé, asile ou maison de retraite pour jeunes gens ? Ou
alors, il s'agit de ce monde présent qui imposerait des instruments inadaptés à
ces êtres singuliers.
Mais alors on s'approcherait du sens. Qu'il y a de toute façon,
forcément, même s'il n'y a pas de texte, à part celui qu'expriment
les corps.
Yves-Noël n'aime pas le théâtre à texte. Bien sûr le texte au
théâtre c'est très difficile car il faut au moins qu'il soit
« possible ». Acceptable, pas impossible à proférer.
Car c'est très difficile d'entendre proférer du texte s'il n'est
pas possible, même si ça se fait tous les soirs sur presque toutes les planches.
Il faut déjà qu'il ne frise pas le cliché ou l'ostentatoire ou
le grandiloquent. Il faut qu'il en soit passé par l'écriture.
D'un côté, j'ai pensé que ce spectacle était orphelin de
textes, de l'autre je l'ai trouvé particulièrement lumineux.
Yves-No dit que c'est un travail sur l'invisibilité...
"C'est Marcel Mazé qui m'a présenté à Marguerite Duras au
Festival du jeune cinéma de Hyères-les-palmiers, à la sortie d'une
projection où avait été montré mon court métrage
Narcisso-métal... Elle a dit que c'était un film d’écrivain,
je lui ai répondu qu'en effet j'écrivais, elle m'a proposé de lui
envoyer un manuscrit chez elle à Paris, rue St Benoît...
Ensuite
nous sommes devenus amis, et comme tous les amis de grande amitié
nous avons beaucoup parlé, beaucoup ri. Comme tous les amis, on se
voyait, on se téléphonait, on allait au restaurant et à des soirées
où elle était invitée etc.
Comme tout le monde, sauf qu'avec elle
tout était orienté vers l’écriture et vers la littérature.
C'était comme si la lecture du monde qu'elle faisait partout où
elle se trouvait était une lecture constamment en écriture.
Oui une
lecture du monde toujours en écriture"... (à l'Arbre à Lettres le
9/3/2012 vers 19h 30)
Dans une
école primaire de la banlieue de Bruxelles, les enfants sont punis
s'ils parlent français en cour de récréation. Même si cela s'est
produit dans une situation inversée en Flandres à une autre époque,
et également dans des régions françaises pour des langues locales,
et bien ailleurs, cette pratique n'a pas de bon sens. On se demande
ce qui peut animer au fond ces gens punisseurs...
Un communiqué alambiqué
repris de façon plus ou moins alambiquée par toute la presse
annonce qu'enfin toutes les universités françaises ont désormais
un site Web dédié à l'enseignement : « La plupart ont
décidé de faire en sorte que leurs ressources pédagogiques soient
de plus en plus souvent rendues publiques »...
Cette pratique
de la mise à disposition des contenus pour tous est inspirée de la
célèbre université américaine Massachusetts Institute of
Technology (MIT),
pionnier, il y a plus de vingt ans.... Encore balbutiant cette
affaire !
Sauf, pour voir, à se
rendre sur http://www.universites-numeriques.fr/
Recherche étudiant(e) webmasteur(e) aimant la littérature pour
maintenance de mon site (heures rémunérées), réponse par message
privé, merci.
Tandis que je travaille à la dure sur la relecture d'un roman en
cours depuis un peu plus d'un an, je n'arrive pas à maintenir ce site qui
devient une sorte de grand livre...
Tandis que je travaille à la dure... je n'arrive pas toujours à
écrire de nouveaux textes ou même de petites phrases sur mon blogue
régulier, ce qui pourtant me plait beaucoup et m'amuse tout autant,
glissant ici ou là dans ces écrits: écarts de langage, discrètes
observations ou bien assertions contre-intuitives, voire petites
modifications orthographiques, par exemple...
En pensant à Diderot qui
« pour
se jouer de la censure et de la répression -sans y parvenir
toujours- insérait des ajouts discrets dans tel ou tel article
orthodoxe, c'est à dire ceux qui s'accordaient aux croyances
officielles »
Petit homme chéri » est sans doute mon entreprise romanesque la
plus ambigüe. Sur la 1ère de couverture, l'éditeur Henri Poncet
avait d’ailleurs tenu à le qualifier de récit
et non de roman. Le voici à « feuilleter »
sur Google
livres tout comme La Fiction d'Emmedée , Les Voyageurs modèles, La Suive et
Le petit roman de juillet...
Occasion
de réaffirmer que j'écris de la fiction, même si je ne suis
manifestement pas dans la veine romanesque la plus répandue.
Pas
la peine de se demander si je fais partie du courant de
l'autofiction. D'ailleurs je ne fais pas d'autofiction. Pas la peine
non plus de se demander ce qu'il y a de vécu dans ce que j'écris.
Ce que j'écris est de la fiction.
Je
commence une histoire et la raconte en utilisant tous les matériaux
à ma disposition, tout autant avec des éléments vécus que pas,
perçus dans le vécu ou non etc.
Je
commence une histoire à partir d'une phrase, ou d'une scène, vraie
ou imaginée, quelle différence parfois ?
J'écris
surtout dans l'écrit qui fabrique la fiction. Car ce qui fait la
fiction, c'est l'écriture.
Mais
j'écris de préférence comme si cela avait été vécu, était
vécu, se vivait, pourrait se vivre, était possible de vivre. Même
si je glisse, sans gêne, des choses énormes qui renvoient à la
dimension romanesque.
Sinon,
le roman (à l'origine, langue en voie de différenciation du latin),
c'est ce qui s'écrit en langue aujourd’hui, celle qui est en train
de s'écrire...
Une pétition pour changer
une règle du français, ça fait plaisir.
Des femmes (et quelques hommes surement) proposent de
mettre en cause le principe selon quoi « en grammaire »
le masculin l'emporte et même joue le rôle du neutre. C'était
d'ailleurs l’argument avancé par l'ancien secrétaire perpétuel
(!) pour combattre la féminisation des noms de métier.
En l'occurrence les
pétitionnaires demandent que soit appliquée une règle de proximité
lorsque les noms sont de genres différents, l'adjectif s'accordant
alors avec le mot le plus proche.
Donc on écrirait « des
hommes et des femmes actives » et « des femmes et des
hommes actifs ». Ou encore : les garçons et les filles
sont belles et non beaux...
Pas si simple à faire
passer auprès du grand public, et encore moins auprès des
enseignants et des correcteurs d'édition. Ce pourquoi cette nouvelle
règle devrait pouvoir s'appliquer au choix, aucune des deux,
l'ancienne ni la nouvelle ne serait incorrecte, s'il vous plait !
C'est essentiel parce que
l'un des freins à l'application de toute nouvelle règle, de ce que
les opposants appellent « la nouvelle orthographe », est
la peur qu'elle soit perçue comme une faute.
Cloud ou nuage ? « Le petit roman de juillet » et ses mot-clés selon et sur
Google livres :
allait
aller
amour
aurait
baiser
balade
bois
du Loup bonjour
boulevard
périphérique Bréhat
c’est
à dire c’était
cabane
campagne
Canal
Saint-Martin capter
cidre
cigarette
circuit
cousin
Robert d’abord
d’accord
d’ailleurs
d’aller
d’autant
d’avant
d’avoir
d’eau
d’elle
d’en
d’être
d’une
envie
façon
faisait
fille
finalement
j'avais
j’ai
j’allais
j’aurais
j’avais
dû j’avais
pensé j’avais
pu j’en
avais j’en
étais j’éprouvais
j’étais
jour
jusqu’à
jusqu’au
l’ai
l’air
l’amour
l’appeler
l’autre
l’avais
l’envie
l’épaule
l’escalier
l’habitude
l’heure
l’idée
l’impression
l’intérieur
l’occurrence
l’on
l’un
laisser
Loup
perdu m'étais
m’aurait
m’avait
m’en
m’étais
n’ai
n’arrivais
n’aurait
n’en
n’est
n’était
n’importe
Nida
nuit
Parc
de Saint-Cloud parler
passer
père
Juillet pont
pont
Marie pourtant
pouvait
presque
psilocybes
puisqu’il
qu’à
qu’elle
m’avait qu’en
qu’est-ce
qu’il
qu’on
qu’un
regarder
rejoindre
répété
restaurant
rester
Robinson
s’agissait
s’arrêtait
s’en
s’est
s’était
S’il
te plait semblait
sentais
seul
simple
soir
sorte
soudain
sûr
train
veux
voiture
voulait
vraiment
Le 12 décembre 2011 (et non pas 1914), Télérama titrait : George Steiner :
“L'Europe est en train de sacrifier ses jeunes”.
Voilà une
annonce fracassante que je ne peux guère comprendre. En effet cette
affirmation aurait dû être écrite en 1914 ou en 1939, avant et à
propos de ces périodes où l'Europe a effectivement sacrifié ses
jeunes. Ou bien durant la guerre d'Algérie, dans les années
soixante, pour la France, quand les jeunes gens faisaient 27 mois de
service militaire, ou pendant la guerre du Vietnam pour les USA...
« Grand érudit, poursuit Télérama dans son chapeau,
George Steiner incarne l'humanisme européen. Il regrette que
littérature, philosophie et sciences ne communiquent plus entre
elles. Comment comprendre notre monde, s'interroge-t-il, si la
culture se rétrécit. »
Faut-il rappeler que jamais autant de livres ont été écrits et
vendus, qu'en ce début de 21e siècle, qu'il n'y a jamais eu autant
de fréquentation de cinémas, d’entrées au musée, de places de
chercheurs. Ni jamais autant de colloques réunissant spécialistes de
différentes disciplines... Que le savoir mis à disposition ne cesse de
s'accroitre en termes de connaissances autant que d'informations.
Et
que de surcroît la consultation de ce savoir est possible. Et possible quasi
immédiatement.
En fait, une assertion raisonnable serait : on revient de loin, si
on considère tout ce qu'on n'avait pas !
Avant, Dieu s'occupait de tout. Du
monde, des hommes, des oiseaux et du ciel. Désormais les humains
s'en préoccupent et de bien d'autres choses, de l'éducation de
chaque enfant de la Terre ou presque, jusqu'à s'affairer pour
maintenir la biodiversité.
Il se réunissent pour décider de
limiter l'accroissement de la température à 2 degrés à horizon
2020/2050.
Ils se demandent ce qui va se passer
si la banquise fond, et surtout si le permafrost à son tour fond en
dégageant des quantités de carbone dont il y a déjà trop...
Ils s’échinent à trouver des
solutions pour sauver la planète quand auparavant ils ne faisaient
que prier Dieu de faire tomber de la pluie ou au contraire d'arrêter
les flots. Certains persistent à préférer prier, personne ne fait
plus vraiment appel au diable.
Mais
qu'ils se préoccupent de contrôler la température de la terre, il
faut le savoir, était proprement inimaginable il y a encore quelques
années...